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WHATEVER WORKS de WOODY ALLEN

Par Abarguillet

Mars Distribution   VIDEO


Voilà sorti des archives, un scénario de 30 ans, que Woody Allen s'est décidé à tourner, ce qui confère à ce nouvel ouvrage du maître de la dérision un petit fumet ancien et, somme toute, un rien démodé. Mais le plaisir est au rendez-vous néanmoins, tant la qualité pétillante du breuvage a conservé un bon goût acide et tonique et tant les acteurs - dont certains presque inconnus - sont excellents et donnent une once de crédibilité à des personnages des plus loufoques et caricaturaux. Oui, Woody Allen, qui ne cesse de pourfendre les clichés, n'y échappe pas totalement et c'est là que le bât blesse : ce discours nous a déjà été dispensé dans des longs métrages savoureux par nombre de réalisateurs depuis l'après-guerre. Mais enfin ne boudons pas ce bon moment, même si celui-ci est entaché de la déception du " déjà vu ".

Il était une fois un vieux misanthrope BorisVellnikoff qui, déçu pas les avatars d'une vie qui lui avait fait rater coup sur coup un prix Nobel de physique, un mariage, une carrière et, pour couronner le tout, un suicide, vivait reclus dans un immeuble de Manhattan, donnant à des enfants qu'il méprisait des cours d'échec ( eh oui vous avez bien lu ! ) et assommait ces quelques fidèles copains retrouvés chaque soir dans un bistrot de Greenwich Village de ses discours sur l'inanité des êtres et l'absurdité de la condition humaine, ce qui n'est pas nouveau chez Allen. Mais patatras, une jeune fugueuse du nom de Melody  ( Evan Rachel Wood ) lui demande l'asile pour une nuit, une nuit qui va durer des mois, car ils finiront par se marier. Les débuts n'en sont pas moins difficiles car la jeune sudiste est évidemment inculte, que Boris est naturellement tyrannique, cynique et désabusé et que l'entente est longue à se conclure. Mais la naïve jeune fille, qui a du caractère à défaut de culture, saura l'attendrir, d'autant que le désenchantement, de quelque origine qu'il soit, ne nourrit pas son homme.


Evan Rachel Wood et Larry David. Mars Distribution


Peu de temps après, la mère de la jeune femme ( Patricia Clarkson ) fait irruption dans leur vie conjugale, recherchant et sa fille et un toit, car elle vient d'être larguée par son mari, le père de Melody. Heureusement cette catholique bon teint aura vite fait de se débarrasser de ses préjugés et de trouver son nirvana entre les bras solides de deux amants compréhensifs. Enfin, pour conclure, le père va faire à son tour son apparition, guère plus flambant que son ex-épouse, puisqu'il vient de perdre sa situation et sa fortune, sans compter qu'il vit des déboires amoureux des plus cruels...Par chance, un homosexuel inconsolable va lui tomber dans les bras et parvenir à lui faire oublier ses insuffisances sexuelles. Tout est donc pour le mieux Madame la Marquise, puisque Woody Allen le dit lui-même et nous délivre, par images interposées, la plus rassurante leçon d'optimisme. Si vous ne me croyez pas, courez voir le film et vous serez ainsi assurés que les conservateurs et les libéraux, les croyants et les athées, les rigides et les plaisantins sont faits pour s'entendre et que tout finit par une fête dès lors que Cupidon veuille bien passer par là, distraitement ou discrètement. Sacré Woody Allen qui irait jusqu'à nous laisser croire...que nous vivons dans un monde qui fleure bon l'eau de rose. 

Patricia Clarkson. Mars Distribution


Ce retour dans les rues de Manhattan, que le cinéaste avait délaissées un moment, nous vaut un film agréable, qui n'est certes pas le chef-d'oeuvre attendu, mais dont la facture est serrée, le message extravagant mais sans faute de goût, et l'interprétation jubilatoire. Larry David est sensationnel dans ce rôle de misanthrope qui lui sied comme un gant ( lui-même n'est-il pas le créateur interprète de la série  Larry et son nombril  ? ), jouant sur le mode mineur cette joyeuse apostasie qui, tout en se moquant des valeurs les réhabilite en quelque sorte, tant il est vrai qu'aucun ne peut vivre sans les autres et, encore moins, contre les autres et que le solitaire n'est jamais qu'un blessé en attente d'un guérisseur. La leçon est sympathique et vaut le détour.

Henry Cavill et Evan Rachel Wood. Mars Distribution

 

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