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Burn after viewing

Publié le 10 juillet 2009 par Veroniquer

Merry Et voilà... les ministres changent, Hadopi reste, c'était prévisible.

Pour le détail des mesures qui ont été adoptés par le Sénat le 8 juillet concernant Hadopi 2 - comme on l'appelle maintenant - , voir par exemple par ici, ou bien ici .

Je ne sais pas si c'est parce que je viens de regarder un film des frères Coen - en DVD, acheté, dois-je préciser -, Burn after reading (excellent, au demeurant), mais, pour ceux qui le connaîtraient, son côté surréaliste doit m'influencer: Hadopi 1, Hadopi 2 et leurs ajustements, leur lots de rebondissements, la gestion de crise,...

En tout cas, si vous me lisez et que vous n'avez seulement qu'une vague idée de ce qu'est la loi dite Hadopi - 1 & 2 à ce stade, donc -: poursuivez, vous êtes concernés.

Car, voilà encore un des paradoxes de ce projet de loi qui fini par ne plus en être un (projet): dans l'esprit, ces textes sont censés faire - disons, diminuer à défaut d'éradiquer - le téléchargement illégal des œuvres audiovisuelles sur Internet, en France.

Finalement, c'est un peu comme les radars signalés sur les routes: la peur du gendarme a fait ses preuves.

Le problème ici c'est qu'Internet est - peut-être - un peu plus complexe qu'une voiture (non?!).

Prenons par exemple la mesure qui nomme "le délit de négligence caractérisée"(<- oui, le politique devrait savoir que ceci va faire long feu): si votre connexion n'est pas assez sécurisée, vous êtes (serez) considéré comme responsable, si il y a téléchargement illégal depuis votre ordinateur, enfin, votre adresse IP, dont - j'espère - vous savez ce que c'est. Sinon, il ne vous reste plus qu'à suivre des formations accélérées (certains vont se frotter les mains), d'ailleurs, c'est peut-être une sorte de pédagogie moderne pour favoriser l'accès au numérique après tout, ou le développement des sociétés informatiques, allez savoir!

Mais, reprenons.

Du côté "sécuriser votre connexion":

- c'est simple, et il est entendu que c'est de bon sens - voyons - il faut que chacun apprenne à être responsable et à faire attention.

- mais... ça se complique, car ceux qui savent, savent (que depuis bien longtemps c'est assez facile "d'emprunter" l'adresse IP de quelqu'un d'autre, ou de télécharger ni vu, ni connu, et, qu'en matière de sécurité d'accès Wifi le niveau est équivalent à, disons, un vieux cadenas sur une porte branlante).

- et ceux qui ne savent pas alors? A savoir justement, beaucoup de parents (et rappelons que la population qui utilise Internet - par chez nous - est de plus en plus âgée, tendance qui sera amenée à s'accentuer). Sans parler de ceux qui savent, sans savoir: évidemment qu'il ne faut pas télécharger illégalement, donc, ils posent l'interdiction, mais, si elle n'est pas respectée par leur progéniture, comment faire? (posez un cadenas sur l'ordinateur, si, si).

Les dits parents qui ont aussi connu l'époque - soit dit en passant - où l'on copiait des VHS (je te fais une copie?), sans toujours trop savoir, et où l'on croyait également, par ailleurs, que ceci allait faire disparaître cela.

Les dits parents qui regardent la télévision en payant certes - normalement - une redevance qui est quand même globale, permettant une offre large.

Ce qui supposera donc in fine en cas de délit, une suspension d'abonnement, ce qui voudra dire que l'ensemble d'un foyer français sera privé d'accès à Internet. C'est dissuasif, non? Espérons que cela n'arrivera pas trop souvent, sinon le développement du numérique (France numérique 2012), risque d'être quelque peu malmené. Comment? Je grossi le trait? C'est vrai. Mais, attendons de voir les cas de figures générés, qui ne manqueront pas de soulever bien des questions ubuesques (<- pour les juges notamment, dont on aurait préféré que les créations de poste soient portées sur d'autres domaines de la vie civile ou pénale car, vraiment, il y a des manques plus importants).

La seule chose qui soit quelque peu différente, c'est cette petite phrase de notre nouveau ministre de la Culture (cité par o1net. ), qui déclare qu'après le 21 juillet et le passage de la loi devant l'Assemblée, ce sera « l'étape de la discussion pour la meilleure rémunération des créateurs et pour la meilleure diffusion des offres à l'usage des internautes ».

L'inverse eu été plus simple (en 1 la réforme, et non l'urgence répressive). Enfin, si ceci veut dire, chantier ouvert pour mettre fin aux résistances et aux positions arqueboutées (ie moderniser notre gouvernance du numérique?), alors, tout n'est peut-être pas perdu... il serait temps car, ce faisant, d'autres n'attendent pas, inventent, mettent en place des contenus et une économie, proposent des accès gratuits et légaux (et pas uniquement quelques "best sellers" toutes catégories confondues).

Allez, en guise de conclusion, une bande annonce du film cité plus haut: Burn after reading... Espérons que non pour ce billet!

Crédit Illustration Photo Aaron Kohr - copyright PhotoXpress.


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