"Terreur et martyre : relever le défi de civilisation" de Gilles Kepel

"Terreur et martyre : relever le défi de civilisation" de Gilles Kepel
Flammarion / 360 p.

Gilles Kepel, directeur de la chaire Moyen-Orient Méditerranée à Science-Po Menton, s'est lancé un difficile défi : dépasser le « problème » de civilisation. L'entreprise est plus que louable. Mais, manque de chance, l'essai n'est pas totalement réussi. La relecture de cette réédition en poche chez Flammarion ne nous fait pas vraiment changer d'avis : autant la première moitié du livre est travaillée et sonne assez juste ; autant la seconde tombe à plat, dans une tentative d'analyse sociologique assez limitée.

Connaisseur dans son domaine, Gilles Kepel nous offre une bonne vision géopolitique et historique d'ensemble , ainsi que sur certaines rivalités économiques, géographiques, culturelles ou encore politiques qu'il peut exister. L'arrivée de l'Iran en tant que puissance régionale, les dérapages de la résistance irakienne, ou encore la différence en terme de martyr entre les chi'ites et les sunnites : tout y passe. L'auteur porte aussi un regard critique sur la politique US en dar al islam, chose qui n'est pas à négliger quand bon nombre de penseurs

néo-conservateurs tentent de faire perdurer la vision d'Huntington, à Washington et ailleurs.

Mais sorti de ce domaine, Gilles Kepel ne fait plus mouche. Ses hypothèses sur la crise des caricatures, le londonistan ou encore les remous identitaires aux Pays-Bas n'engagent que lui et ne nous convainquent pas, manque de données ou de profondeur d'analyse. C'est bien dommage, car la première partie du livre n'est vraiment pas à négliger en terme de connaissances et de recherche...