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Regards croises

Publié le 13 juillet 2009 par Abarguillet


REGARDS CROISES
   Ce lundi 13 juillet 2009  -  L'humeur de la semaine  -

Ayant, entre autre chance, celle d’avoir des amis qui ont choisi de mettre leur talent au service des autres, j’ai envie de vous parler d’eux. Ecrivains, ils ont publié des livres d’un intérêt d’autant plus grand qu’ils ont été écrits dans le seul souci d’aider leurs prochains ou lointains à mieux vivre et à mieux guérir. Nadine Beauthéac est une femme exceptionnelle que j’ai connue grâce à Proust, lors d’une conférence où elle présentait un ouvrage magnifique «  Les promenades de Marcel Proust », conçu et réalisé en duo avec son mari François-Xavier Bouchard ( 1946 - 1993 ), photographe remarquable, lauréat en 1974 du Prix de la Vocation. Depuis sa disparition et celle de sa petite fille, Nadine a rédigé plusieurs ouvrages sur la douleur de perdre un être cher, dont «  Hommes et femmes face au deuil », dans le but de briser ce «grand tabou et ce silence qui font souffrir les parents en deuil», comme ils l'ont fait souffrir elle-même. «On vit dans une société qui ne sait pas manier les mots du chagrin - déplore-t-elle. Et il est impudique de le faire. Passé le choc du début, les parents en deuil sont amenés très vite, sous la pression sociale, à ne plus pouvoir en parler. On leur demande de faire le deuil le plus vite possible. Or, le deuil d'un enfant, c'est très long, beaucoup plus long que ce que la société imagine.»

Cette accélération sociale du deuil est encore plus forte, lorsque l'enfant décédé est un nouveau-né. « Quand au bout de quelques mois, de quelques années, les parents, qui ont perdu un bébé, expriment des signes de souffrance, l'entourage (qui souvent n'a pas connu l'enfant) va leur renvoyer "qu'il était si petit", qu'il faut "qu'ils l'oublient" et qu'ils "tournent la page"»

L'entourage - ajoute-t-elle - ne mesure pas ce que vivent au quotidien ces parents, dans quel état d'épuisement physique et psychologique ils sont. Les parents en deuil soulèvent l'Himalaya tous les matins. Au bout d'un an ou deux, la plupart commencent à peine à sortir du choc. Je vois des parents, dont le fils est mort à 16 ans d'un cancer, commencer seulement au bout de deux ans à pouvoir pleurer et à se regarder en famille. Faire le deuil d'un enfant, c'est long, très long - répète-t-elle. On est agité par des sentiments très complexes : on s'attend à n'éprouver que du chagrin, mais derrière le paravent du chagrin il y a la colère, et derrière encore la culpabilité. Ces émotions, il faut que les parents en deuil aient le temps de les repérer (on étouffe par exemple sa colère contre le défunt pendant des années), de les vivre, de les traverser... Il s'agit d'un travail lent et difficile.» Un travail qui peut se faire seul, mais aussi et de plus en plus avec l'aide des autres. «Ce qui peut permettre d'aller plus vite. Car il est terrible de se dire que des souffrances ont pu se taire si longtemps.
L'auteur montre, au travers de ces pages sensibles et poignantes, que si la perte d'un être cher peut séparer les couples et les familles, elle permet également de resserrer les liens. Car apprivoiser lentement l'absence conduit à la redécouverte de la valeur de l'amour.


REGARDS CROISES

Mon ami Jean Frichet, peintre, dessinateur humoristique, voileux distingué, a traversé, quant lui, la terrible épreuve d'un cancer. Guéri, il consacre désormais son temps à écrire des ouvrages et faire des conférences qui sont destinés à alerter hommes et couples qui veulent savoir comment guérir d'un cancer de la prostate grâce à un dépistage précoce. Pourquoi - nous dit-il - augmenter la liste des 9000 morts et 20.000 récidivistes annuels alors que des solutions existent. A travers deux ouvrages précis et détaillés, sans fausse pudeur et avec la pointe d'humour et l'optimisme propres à re-dynamiser un moral en berne, Jean Frichet traite sans détour des inévitables problèmes post-opératoires urinaires et sexuels. Par son vécu, il nous relate également les nombreux tests capables de regonfler une virilité mise à mal. Car, le cancer de la prostate, comme celui du sein chez la femme, se développe sans signes particuliers et il est trop souvent découvert à un stade avancé... d'où l'importance du dépistage précoce pour conserver une réelle espérance de vie, particulièrement chez l'homme jeune sujet à un développement rapide de ce cancer. On dit - poursuit-il - que la connaissance fait partie du traitement : j'estime qu'elle devrait être dispensée avant et à chaque stade de la maladie pour prévenir, participer au choix de la thérapie et mieux s'en remettre.
Ces deux ouvrages ont le mérite de se présenter comme des guides précieux qui épaulent et éclairent les malades et leur entourage touchés par ce fléau et, au coeur d'une vie affective fatalement perturbée, les incitent à s'aider soi-même et à se faire aider.

Hommes et femmes face au deuil   Ma prostate, son cancer et moi  

L'homme et sa prostate

 

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