Des paroles aux actes

Hier le Tour passait à Colombey , l’occasion de rappeler que le général de Gaulle, dit-on, avait fait placer un compteur EDF à l’entrée des appartements “privatifs” de l’Élysée afin d’identifier ses dépenses personnelles ou celles de sa famille pour s’en acquitter sur ses deniers propres.
Le même jour on annonce les résultats de mise en application d’une décision du Président Sarkozy : soumettre au contrôle de la Cour des Comptes le budget de la Présidence de la République.
Le rapport de cette dernière vient de paraître et dans son préambule le Président Philippe Séguin souligne cette grande « première » :

 L’enquête a notamment révélé que des dépenses privées de Nicolas Sarkozy ont été payées par la présidence de la République en 2008. Le chef de l’État a ainsi remboursé 14 123 euros à l’Élysée.
Certains gloseront sur cette nouveauté, railleront sans doute une fois de plus le côté « communication » de l’affaire etc. Il n’empêche que c’est bien la première fois qu’une telle investigation est menée, la première fois que le compte-rendu est publié. Les faits sont là et dépassent la simple « stature » ou le simple « effet d’annonce » qui avait été invoqué lors du discours d’Epinal. Les journalistes devraient au moins le reconnaître.
Le titre du Monde est révélateur d’un état d’esprit curieux « Sarkozy rembourse des dépenses privées » : voilà l’information délivrée et rien d’autre. Ce n’est seulement que dans le corps de l’article, bien succinctement, avant d’en revenir aux voyages et au remboursement, que le lecteur pourra savoir qu’il s’agit d’une première absolue, voulue par le Président. Un tel titre « sec » confine à la désinformation.
Allez donc voir du côté du Figaro me dirons certains : C’est guère mieux « Les dépenses de l’Élysée au crible de la Cour des Comptes » quant à Libération son titre est tout un art, « La Cour des Comptes au rapport et Sarkozy prié de rembourser » … Pour l’Observateur ce sera « Sarkozy rembourse 14.123 euros à l’Elysée » . Le tour est joué, on ne salue pas l’initiative audacieuse mais seulement ses conséquences. Peux nombreux sont ceux qui reconnaissent qu’avant ce Président, personne n’avait mis en oeuvre un tel contrôle rendu public.
Ne soyons pas dupe, l’habileté de la démarche est indéniable. Mais alors pourquoi un homme réputé “maître en habileté”, François Mitterrand pour ne pas le nommer, n’a-t-il pas innové dans ce domaine et pris cette initiative ? 

Le “soupçon” d’habileté ne devrait pas nous empêcher de reconnaître les faits et de saluer cette clarification, laquelle s’apparente à tout sauf à un simple effet d’annonce, un jour à Epinal, comme prédit par les mauvaises augures.

Chacun sera juge des dépenses, de leur utilité, de l’importance de tel ou tel poste, du bien fondé de l’appel à tel ou tel boucher, tel ou tel fournisseur de “douceurs“, plus qu’à tel autre … Que sais-je ?

Il est un fait : jusqu’à présent ces questions ne pouvaient pas être posées, les chiffres n’étaient pas connus, le secret demeurait absolu : c’est fini et ça méritait un petit détour objectif ! 

Les ”censeurs” ne manqueront pas et c’est bien normal puisque c’est entre autre, le but d’un tel rapport. Qu’ils se souviennent seulement de celui qui leur donné la possibilté de s’ériger en juges.