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Lectures d'été pour petits et grands

Par Francisbf

Comme réclamé à corps et à cris par au moins une personne qui ne fréquente pas (que je sache) ce blog, voici une liste de lectures de vacances.

C'est quoi, des lectures de vacances ? Pour commencer, ce n'est pas chiant. C'est des bouquins qui une fois commencés ne vous lâchent pas, et tant pis pour la baignade. Parce que les vacances, c'est fait pour remettre à plus tard les baignades, puisqu'on a le temps. Puis qu'en plus, il pleut. (ha si, là où je vais en vacances, en tous cas, il pleut).

Ensuite, c'est des lectures qui font voyager. Comme la plupart le devraient, certes, mais plus. Parce que les vacances, c'est fait pour voyager, et la Bretagne ou la côte d'Azur, c'est bien (enfin, surtout la Bretagne), mais les vacances, idéalement, c'est fait pour aller très très loin. Bien plus loin. Et que pour ça, les bouquins, c'est moins cher que l'avion ou la MST (Machine Spatio-Temporelle).

Enfin, c'est des livres qui se relisent facilement, à chaque nouvel épisode de vacances, qu'on a plaisir à retrouver, parce que c'est fait pour ça, les vacances : relire éternellement les bouquins qu'on connaît déjà par coeur.

Allons-y donc pour une liste absolument subjective de bouquins qu'on peut qualifier de putains de chef-d'oeuvres de leur mère dans leurs genres, avec toujours de l'aventure parce que l'aventure est essentielle aux vacances (aux miennes en tous cas, et c'est ma liste), et que du bien écrit tant qu'à faire.

On commence par les lectures de grands, parce que c'est une grande qui m'a demandé, ensuite on passera à celles des plus jeunes, parce que je pense aux trois mères de famille qui passent par ici, et qu'il faut qu'elles donnent une éducation à leur progéniture, quand même.

Capitaine Hornblower de CS Forester (l'auteur d'African Queen, gars !) parce que ça, c'est LE bouquin que j'emporterais sur une île déserte. Pas forcément parce qu'il se relit bien (et il le fait, en tous cas je l'ai relu plein de fois), mais parce qu'il est consistant. L'intégrale en deux volumes doit approcher les trois mille pages, trois mille pages d'aventures nautiques passionnantes au sein de la marine royale anglaise du tout début du XIXème siècle, où l'on suit la carrière d'un anti-héros anglais (un apprenti officier qui a le mal de mer à l'ancre, un capitaine qui se marie par pitié avec la fille de sa concierge), ses exploits maritimes essentiellement contre la marine de Napoléon (sans que ça donne envie de grincer des dents comme le Mouron Rouge), ses missions diplomatiques... On ne s'ennuie jamais et les aventures sont variées comme tout, ce que j'ai lu de meilleur dans le genre.

Motel Blues de Bill Bryson parce que j'ai déjà dit pourquoi. C'est drôle, nostalgique, plein d'autodérision, et en plus on découvre les vrais USA qu'on voit pas dans les séries de TF1.

Rue des Maléfices de Jacques Yonnet, parce que c'est un voyage en immersion dans le Paris des bas-fonds des années 40, fantastique à de nombreux points de vue (les anecdotes et l'écriture).

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Danse du Léopard de Lieve Joris parce que c'est ma tata du Sénégal qui m'a conseillé ça et que je lui fais confiance, même si ça lui a été conseillé par son libraire, je lui fais confiance. Un récit du retour de l'auteur au Congo, à la chute de Mobutu en 1997, qui vous embarque ; on n'arrive pas à décrocher, malgré le côté parfois effrayant ou complètement délirant de la description du nouveau régime. En même temps, on sent l'attachement de Lieve Joris au pays et à ses habitants. Et c'est écrit sans aucun paternalisme ni aucune volonté d'épargner qui que ce soit, ce qui est très agréable quand la dernière chose qu'on a lu sur l'Afrique, c'est Sambo le petit Noir au CE2 (je vous ai déjà parlé de mon instituteur pétainiste ?).

Les nouvelles de Saki, parce que c'est le meilleur de l'humour anglais, parfois absurde, parfois grinçant, parfois cruel (haaa, Sredni Vashtar le grand furet...), avec des personnages au flegme tout britannique, qui ont un talent pour remettre les gens à leur place, qu'ils le méritent ou non (Haaaa, Clovis faisant faire une cure d'agitation à un pasteur, lui faisant croire que l'évêque prépare un massacre de juifs dans sa propriété...), et des enfants tout ce qu'il y a de plus abominables et crédibles. Pour vous faire une idée, si vous comprenez un peu l'anglais, hop ! (essayez Sredni Vashtar)

Les nouvelles de Robert Sheckley parce que même si vous n'aimez pas la SF, Sheckley est un auteur incontournable, et ses nouvelles des modèles d'humour, de critique grinçante de la société, d'imagination, et d'humour (oui, il y en a beaucoup beaucoup). Les aspirateurs tombent amoureux des femmes, l'agence AAA Ace de décontamination planétaire fait face à ses terreurs enfantines, et l'Utopie n'est plus ce qu'elle était.

Le Vagabond des Etoiles de Jack London. Un homme, condamné à mort injustement, profite de ses séances de torture par le personnel pénitentiaire pour explorer ses vies antérieures, grâce aux conseils d'un de ses voisins de cachot, avec qui il communique par code tapé sur des tuyaux. Du grand London, loin des grands espaces de l'Appel de la Forêt, un pamphlet contre les pratiques carcérales qui fera changer les choses pour de vrai de vrai.

Europeana, une brève histoire du XXème siècle, de Patrik Ourednik, pour ceux qui manquent de temps, parce que c'est un tout petit livre, mais une mine d'informations un peu décousues (volontairement, hein) sur ben, le vingtième siècle. J'en parle plus là.

Des Fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes, parce qu'il faut bien citer aussi ce que je lis en ce moment (enfin, que j'ai lu). Un classique de la SF, où Charly, un gentil attardé (QI de 68) devient un génie grâce à une opération. Ecrit comme le journal de Charly, c'est très émouvant dans un sens non-mièvre. Mais c'est pas très gai (forcément, voir comment le pauvre crétin est traité par les gens normaux, et comment il le découvre petit à petit, et comment il est traité par les mêmes gens quand c'est un génie, c'est pas très joyeux).

Neverwhere, de Neil Gaiman. Parce que Neil Gaiman est essentiel, et que ce roman de fantasy urbaine est plus léger qu'American Gods, et puis parce que c'est mon premier Gaiman. L'histoire d'un type normal qui un jour, à Londres, sauve la vie d'une jeune fille, Porte, qui traîne dans la rue, pleine de sang, et qui a le pouvoir d'ouvrir des passages partout. Du jour au lendemain, la vie de Richard est bouleversée : plus personne ne le voit, il n'existe plus pour notre monde, son appartement est mis en vente, sa carte bleue ne marche plus... Il va partir à la recherche de Porte, dans le Londres d'En Bas, un monde féodal peuplé de mendiants et de créatures plus ou moins étranges et magiques, et va aider la jeune fille à retrouver les assassins de sa famille. C'est palpitant, magnifiquement écrit, les méchants sont ce qu'il se fait de mieux dans le genre, à ne pas rater.

Les contes de l'Oriel de James P. Blaylock. Parce que c'est de l'aventure fantasy plus style goguette que saga infernale, un rythme tranquille, un héros fromager, mais une histoire prenante quand même.

Naufragé Volontaire du docteur Bombard, parce que c'est non seulement passionnant mais utile, parce qu'on ne sait jamais quand on va se retrouver seul sur un canot au milieu de l'océan sans nourriture ni boisson.

Moonfleet de Falkner parce que les histoires de contrebandiers envoyés aux galères et qui partent chercher un trésor, on a rien fait de mieux pour passer des heures dans son lit la nuit avec une chandelle (préférez une lampe de poche) sous la couette, complètement oublieux que demain il faut se lever tôt pour aller à trois kilomètres chercher le pain pour toute la maisonnée.

Princess Bride de S. Morgenstern, abrégée par William Goldman. Parce que William Goldman a le don de nous emberlificoter dans son histoire qu'il aurait tiré d'un ancien roman, abrégé pour son fils, et qu'on s'attache presque autant aux péripéties qu'il aurait vécues en le lisant et en le réécrivant qu'à cette histoire qui comporte tout ce qu'il faut à une aventure de capes et d'épées et d'amour vrai : une jeune fille la plus belle du monde (malgré la concurrence), un amour disparu, des épousailles sans amour avec un prince cruel mais grand chasseur de tout ce qui bouge, un maître à l'épée espagnol alcoolique recherchant le meurtrier de son père, un homme à six doigts, un turc très très fort, un sicilien diabolique, des miracles au chocolat, une cape d'invisibilité et une brouette.

Voilà pour les plus grands. Y'en a pour tous les bons goûts (ha, si).

Passons aux lectures pour enfants mais pas que. Parce que la plupart de ces bouquins sont savoureux même pour les grands, mais que les lire quand on est petit, c'est encore plus magique. Mais il faut pas que ça vous empêche. En même temps, c'est comme le cinéma : on dit qu'on va voir Pokemon le film pour faire plaisir aux gosses, mais en fait c'est pour savoir jusqu'où ira Pikachu. Au pire, ça vous servira à faire des cadeaux aux neveux, nièces, fillots etc.

Allons-y :

Fantastique Maître Renard de Roald Dahl parce que c'est un des bouquins que je me suis le moins lassé de lire dans ma jeunesse, les aventures d'un renard, de sa famille et de ses amis pour échapper à d'affreux méchants qui veulent les tuer, et le récit d'un cambriolage de caves plus passionnant que Oceans Eleven et surtout plus appétissant. A proscrire entre les repas.

Le Cheval Sans Tête, de Paul Berna. Parce que c'est le bouquin de mes vacances, que je retrouvais chaque année en revenant à Bréhat avec toujours le même plaisir. Les aventures de gosses de prolos, après guerre, à qui on fauche leur jouet préféré, un canasson à roulettes sur lequel ils descendent en trombe les rues en pente. Entre le roman policier et le roman de société, un classique qui ne perd rien de vacances en vacances.

Le Club des Cinq en Vacances d'Enid Blyton parce que si Moonfleet c'est trop compliqué, faut pas passer à côté de cette aventure loin de Kernach, avec des phares, des passages secrets derrière des panneaux coulissants, des labyrinthes et encore des contrebandiers, et en plus un Dagobert clandestin.

Ma soeur est une sorcière de Diana Wynne-Jones. Parce que c'est une des meilleures romancières anglaises pour enfants de notre époque, et qu'en plus, ça se lit aussi bien adulte, les histoires de magiciens et d'univers parallèles et de soeurs abominables (je crois qu'on me l'avait offert pour son titre).

Moi, Boy de Roald Dahl. Parce que l'autobiographie du plus essentiel des auteurs anglais est essentielle, et qu'en plus y'a des histoires d'amputés, de nez coupés, de pension anglaise, donc des différentes races de distributeurs de coups de canne, et des rats morts déposés dans les bocaux de bonbons des affreuses vendeuses de bonbons et est-ce qu'elle est morte ? Du tout bon.

La pourpre du guerrier de Rosemary Sutcliff. Parce que les aventures d'ados handicapés (mais pas trop, hein) qui doivent s'intégrer, c'est mieux quand ça se passe durant la Préhistoire. Dans le même genre, parce que la Préhistoire c'est bien et que les vacances, c'est (si c'est bien fait) un retour à cette période (ben ouais, on passe son temps dans la nature quand on lit pas, on fabrique des machins avec du bois et on se lave pas), on rajoutera Le Silex Noir de Louis Mirman, parce que se battre contre les préjugés et tout ça c'est bien aussi et encore mieux en dressant des aigles et en découvrant des charlatans.

Voilà. Avec ça, vous devriez avoir de quoi faire. Puis sinon, vous avez qu'à demander. J'aime bien pousser les gens au vice.

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