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friendfeed, nouvelle bouse des prairies sociales ?

Publié le 29 juillet 2009 par Lheretique

Depuis leur création, je ne peux m'empêcher d'éprouver un profond scepticisme devant les nouveaux outils des réseaux sociaux. Il y a , j'en ai l'impression, une course au contenant. Avec friendfeed (Rubin va s'étouffer s'il lit cette note) il est question d'agréger des myriades de flux de toutes sortes, mais quid du contenu ? Comprenez-moi bien : si friendfeed agrège facebook qui agrège twitter qui agrège je ne sais quel flux rss, lui-même un agrégat de flux individuels en provenance de diverses sources (dont certaines pourraient bien être des flux issus de friendfeed !) j'ai tout de même l'impression que primo, une distance s'établit nettement entre l'origine de la source et que secondo le serpent risque de finir par se mordre la queue.

J'ai lu la passionnante et remarquable analyse de Fabrice Epelboin sur ReadWriteWeb. Pour ceux qui dénoncent la suprématie d'une aristocratie auto-proclamée dans la blogosphère, je leur recommande la lecture de cet excellent billet. Friendfeed, c'est mal. En effet, comme l'observe Fabrice Epelboin, ce système conduit à ce que les faiseurs de buzz, les providers de l'information renforcent leur influence. Une info n'émergera qu'en passant par eux parce qu'ils ont beaucoup de followers. Finalement, ce seront eux qui décideront ce qui est pertinent ou non et il s'ensuivra un système d'échange de flatteries, voire de services, pour  voir son information arriver à la surface du marécage électronique.

C'est, me semble-t-il, à juste titre que l'auteur compare ce système aux relations qui unissent les majors des maisons de disques et les artistes.

J'aime beaucoup l'image utilisée par l'auteur de l'article et j'en publie ici un extrait :

Importée massivement (NDLR : en Australie) , la vache produisait du lait et des veaux, et pendant pas mal de temps, les colons se sont réjouis de leur intelligence à trouver une solution radicale à une problème critique, jusqu’au jour où les bouses on recouvert les prairies et que l’herbe s’est arrêtée de pousser (il manquait dans l’écosystème Australien les bousiers, ces scarabés qui gèrent le problème sur les autres continents). S’en est suivit une longue série de catastrophes écologiques, initiées au XIXe siècle et que les Australiens n’ont toujours pas résolu à ce jour.

Friendfeed, c’est la même chose. Non seulement c’est une réappropriation de la valeur créée par les producteurs de contenus (les ‘forçat de l’info’ ou les forçats du blog) par les infocapitalistes qui ne produisent rien mais savent trouver la valeur et en tirer profit (en terme d’auto valorisation sociale), mais c’est, en cas de succès de ce système (ce dont je doute), une catastrophe pour l’écosystème des contenus, quelque chose qui le modifiera de façon radicale, au profit des distributeurs.

Il y a un point que je ne concède pas à l'auteur toutefois : l'infocapitaliste dont il dresse un portrait quelque peu excessif apporte une valeur ajoutée même s'il ne produit pas à proprement parler. Il joue le rôle de l'entrepreneur,et, en logique praxéologique (école économique des Autrhichiens) on pourrait même dire que c'est lui qui déniche les opportunités. En ce sens, ce n'est pas inintéressant qu'un marché se mette en place. On assiste même à une belle genèse catallactique. Ce que je trouve inquiétant, en revanche, c'est qu'il risque de se verrouiller très vite (concurrence faussée et pas libre), et que la distance s'accroît entre le producteur et le valorisateur sauf à ce que le premier soit également le second. On risque donc de déboucher sur un marché de contenants dans lequel le contenu devient rare, non qu'il n'existe pas, mais plutôt qu'il se dissémine trop lentement en raison des goulots d'étranglements : en fait des oligopoles purs et simples, c'est à dire ce qu'il y a de pire en terre capitaliste.


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