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Un repli stratégique des consommateurs

Publié le 30 juillet 2009 par Jeangagnon

Mais les coûts à moyen terme de la relance économique orchestrée par les gouvernements seront énormes

Jeudi, 30 juillet 2009

Depuis le temps que l’on chante les vertus de l’épargne, les canadiens semblent avoir collectivement décidé de passer à l’action. Alors qu’en 2007 ceux-ci n’épargnaient que 2,5 % de leurs revenus disponibles, ils en épargnent aujourd’hui le double. Et ça va continuer d’augmenter. Le taux d’épargne atteindra 7 % des revenus disponibles à la fin de 2009, selon les prévisions du service des Études économiques de Desjardins.

Nul ne doute que les consommateurs canadiens ont modifié profondément leur comportement. Les dépenses personnelles de la population canadienne ont chuté à un rythme de 3,1 % lors du quatrième trimestre 2008, et ont continué de se contracter jusqu’à maintenant en 2009.

L’impact de ce repli stratégique des consommateurs sur l’économie est majeur. C’est bien connu, les consommateurs ont été depuis 20 ans le principal engin qui a permis aux économies nord-américaines de croître d’au moins 2 % à 4 % presqu’à chaque année. Le désir insatiable d’acheter tous ces biens, qui permettaient d’ajouter au confort et au bonheur, du moins en avions-nous l’illusion, assurait la croissance économique. Mais au premier trimestre de 2009, l’économie canadienne reculait à un rythme de 5,4 % sur une base annuelle.

L’inquiétude se répand

Cette baisse de la consommation ne devrait pas nous surprendre, car les individus de nombreuses raisons d’être inquiets. Plusieurs ont perdu leur emploi. Entre octobre 2008 et juin 2009, l’économie canadienne a été amputée de 362 500 emplois. Et ce n’est probablement pas fini, de l’aveu même du ministre des Finances, Jim Flaherty. Le taux de chômage, qui avoisinait 6 % en 2007 et 2008, se situe maintenant à 8,4 %, et il pourrait atteindre 10 % avant la fin de l’année.

De plus, la dégringolade des marchés boursiers et la chute des prix des maisons ont rongé la richesse de nombreux canadiens. La baisse de valeur atteint pour plusieurs entre 20 % à 40 %. Pas étonnant qu’ils réagissent en diminuant leurs dépenses et en engraissant leurs comptes d’épargne.

La récession actuelle est la plus importante depuis 1930. Les consommateurs pourraient donc demeurer frileux pendant encore un bon moment. Qui alors se substituera aux consommateurs ? Les gouvernements, bien sûr

Pour relancer l’économie, du moins l’espèrent-ils, les différents paliers de gouvernements s’engagent avec frénésie dans des programmes de dépenses d’infrastructure et autres.

Les coûts explosent

Mais les coûts sont déjà énormes, et ils continueront de l’être pendant plusieurs années. Ces dépenses, jumelées aux baisses d’impôts et de taxes occasionnées par la récession, feront exploser les déficits budgétaires. Il est prévu qu’au cours de chacune des deux prochaines années le gouvernement fédéral à lui seul fera un déficit de plus de 40 milliards. Nous devrons supporter cette encre rouge au moins jusqu’en 2013-2014. Et dire que pas plus tard qu’en 2007, le gouvernement canadien avait réalisé un surplus de plus de 15 milliards.

Ces déficits auront évidemment des conséquences sérieuses pour les canadiens. Le gouvernement devra un jour se renflouer. Et quand il le fait, c’est inévitablement en pigeant dans les poches des contribuables.

Mais peut-être plus grave encore, les politiques économiques expansionnistes comme celles pratiquées actuellement par les gouvernements et la Banque du Canada risquent de causer une forte inflation au cours des prochaines années. Il faudra mater rapidement ce fléau lorsque l’économie sera repartie et que les consommateurs auront recommencé à consommer. Les coûts économiques et sociaux seront alors très élevés, car il faudra hausser substantiellement les taux d’intérêt et augmenter les impôts.


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