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Récit improbable d’un voyage en Chine. Jour 4

Publié le 30 juillet 2009 par Herbertlegrandkhan

Nous entamons notre troisième jour à Beijing. Je commence à apprécier les petits déjeuner chinois avec du canard laqué et de la salade de piment. Pour manger le piment cru aussi il faut de la bravitude ! Nous arrivons sur la place Tian’anmen “Place de la porte de la Paix céleste”. Je suis enchanté de parcourir enfin ce grand lieu de mémoire. De tous les côtés, des couples de Chinois font des photos avec un air enjoué. Les braves petits… Cela me rappelle Cédric quand il posait à côté du pistolet de Robespierre au musée Carnavalet. En scrutant attentivement la place, je ne trouve aucune trace de chars ou de bicyclettes écrasées. Un peu désappointé, je suis allé me renseigner auprès d’un militaire qui faisait le planton. Au début, il a fait semblant de ne pas me comprendre. Comme j’insistais un peu, il a fini par me dire en français avec un léger accent : “Dégagez, je ne veux pas de problèmes… le monument commémoratif de 1989 se trouve en Pologne !” Puis il m’a tourné le dos avec un air revêche. On m’avait prévenu que les militaires chinois étaient parfois désagréables et bien j’ai été servi…

Peu après, nous commençons la visite de la Cité Interdite au milieu d’un groupe de touristes anglophones. Le guide nous explique avec passion la symbolique de cet incroyable édifice. “La cité interdite est le centre du monde, la résidence du fils du ciel !” Nous annonce-t-il avec un brin de fierté dans le ton. Là encore, je me vois contraint d’intervenir ! “Pas du tout ! Répliquais-je. Le centre du monde est le village de Bruère-Allichamps dans le Berry ! Tout le monde sait ça !” Comme le guide insistait, les touristes autour de nous se rassemblaient pour assister à la joute verbale. Le guide commençait à avancer des arguments de géomancie en relation avec le Feng Shui et des références à la cosmogonie antique. Sentant que je risquais de perdre la face, je me suis remémoré la dialectique éristique d’Arthur Schopenhauer (l’art d’avoir toujours raison). Quand votre adversaire commence à prendre le dessus, tous les moyens sont bons pour renverser la situation. Je décidais d’avoir recours au huitième stratagème : “Mettre l’adversaire en colère, car dans sa fureur il est hors d’état de porter un jugement correct et de percevoir son intérêt.” Prenant la foule à témoin, je mis en cause le jugement d’un homme qui s’habille comme un sac à patate. J’accompagnais mes affirmations d’une pantomime moqueuse qui ne fit qu’accroître sa fureur. Plus il s’énervait, moins son discours devenait compréhensible. Je décidais de porter l’estocade finale en affirmant que “si tous les guides étaient aussi ridicules, l’empereur a eu bien raison d’abdiquer.” Les touristes australiens se mirent à m’acclamer comme un conquérant tartare victorieux. Je décidais de finir la visite en abandonnant le vaincu devant le pavillon des eunuques.

cite_interdite

Après la cité interdite, nous allons visiter le temple du ciel. Cette fois, le guide s’exprime dans un chinois parfaitement incompréhensible. Comme je ne comprends que l’accent de Shanghai, je garde le casque de mon Ipod sur les oreilles et j’écoute les Fatals Picards. Peu après 22h00, nous embarquons dans le train de nuit pour Shanghai. Suite des aventures demain soir.


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