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L'annonce d'une grossesse particulière

Publié le 02 août 2009 par Xavaic
L'annonce d'une grossesse particulière
Mon cher et tendre a souvent fait sous-entendre que j’avais plusieurs êtres en moi qui, tour à tour, réclamaient de la glace, des viennoiseries et autres douceurs.
Puis, lorsque nous avons appris ma grossesse, cette plaisanterie a continué, car l’intensité de la fatigue, des nausées et des vertiges devait être liée à la présence de plusieurs fœtus, rigolait-on.
J’ai rapidement pris contact avec un gynécologue pour faire la part du normal et de l’anormal parmi les désagréments physiques que je ressentais.
C’était un mercredi chaud et je m’étais rendue seule au RDV ; le gynécologue a tout de suite réalisé une échographie, ce qui m’a d’abord impressionnée. Etais-je sur le point de découvrir la silhouette de mon bébé ? Quelle émotion ! Sauf que son premier commentaire a balayé mes attentes ! Il m’a demandé « combien en voyez-vous ? », je n’ai pas tout de suite compris la signification et le sens de la question, toute absorbée que j’étais à décrypter l’image qui apparaissait sur l’écran. Il a renouvelé sa question et j’essayais d’avantage de décoder ces masses blanches et noires entre lesquelles étaient deux grains de riz. J’ai répondu que je ne savais pas, car je ne comprenais pourquoi il posait cette drôle de question.
Il m’a alors dit : « il y en a deux » ( intonation montante marquant l’annonce surprise )
Il y avait deux fœtus.
Je vécu alors le remake de l’annonce de ma grossesse, le goût pastis alors qu’on attend celui du coca, les répétitions du « c’est pas possible ». C’était tout simplement impossible pour moi d’avoir des jumeaux, je n’en connaissais ni dans ma famille ni dans celle de mon cher et tendre, je ne pouvais donc pas enfanter ce couple rare et curieux. Impossible et pourtant le médecin me montra les deux grains de riz, chacun de son côté.
Je me rhabilla, ahurie et silencieuse, le médecin me dit que « ça allait aller » ( intonation descendante marquant la compassion ) et me tendit une image de l’échographie.
Toute aussi hébétée, je me dirige vers la secrétaire médicale à qui le médecin tend une copie de l’échographie en disant « regarde la surprise qu’elle nous a faite ». La secrétaire se réjouit car elle aurait toujours voulu avoir des jumeaux, le « deux en un » c’est pratique me dit-elle, vous n’y passez qu’une fois ! Et elle quitte soudainement sa bonne humeur pour me parler sérieusement du coût que représente le suivi de ma grossesse. Une grossesse gémellaire signifie des échographies toutes les trois semaines, facturées à 170 Euros chez nous sans compter le coût des consultations que je devrais faire régulièrement en raison des risques liés à ce type de grossesse, précise t-elle.
Je sors peu à peu de mon abasourdissement pour me sentir conditionnée par un élément nouveau : l’argent. La secrétaire me conseille habillement de bien étudié le coût de cette grossesse et de peut être penser à consulter un gynécologue conventionné.
Je paye presque 250 Euros la nouvelle et je sors.
Dehors, le soleil m’aveugle, je marche haletante jusqu’à la voiture embrasée, je pense à l’argent et fais des calculs mentaux. Je suis conditionnée mais je ne le sais pas car je suis abrutie. Une vague d’inquiétude m’envahit quand la somme, le coût total du suivi de cette grossesse, semble se graver sur ma rétine. Puis une grosse fatigue s’abat sur moi, la voiture est encore loin, il fait décidément trop chaud dans ce trou continental, je me mets à pleurer.
Plus tard, chez moi, j’émerge de ma torpeur sans pensées quand mon cher et tendre m’appelle. Je vais le chercher à son travail, l’esprit lourd d’un épais brouillard où aucune pensées ne percent. Dans la voiture, il est assis à côté de moi quand j’annonce « il y en a deux » d’une voix un peu morne pour une si grande nouvelle.
Je vis alors le remake de l’annonce de ma grossesse, Dieu entre dans la voiture, je l’entends rire, j’ai l’impression que la joie est personnalisée à côté de moi, je ne peux faire autrement que de la sentir monter aussi en moi. Mon cher et tendre est hilare.
Il est heureux et son bonheur me relève de ma torpeur et me replace sur les rails ; je pense alors que c’est finalement un peu normal les jumeaux pour nous, puisqu'on n’a jamais cessé d’en parler... Avec sérieux ou pas, ou est la différence !
Encore une fois, je me sens enveloppée d’amour et soutenue, je respire et je me sens bien. Je redécouvre la nouvelle avec lui.
Depuis, je n’ai jamais eu de baisse de régime à l’idée de l’existence et de l’assistance de nos jumeaux. Certes, la connerie de certaines personnes m’a parfois atteint car elles mêlaient grossesse gémellaire et situations à haut risque, péril en la demeure et dépression, mais j’ai appris à faire confiance à mon corps et au dessein que Dieu a pour nous. Rien ne détrônera notre joie d’accueillir des jumeaux.
Nota : Bien sur, j’ai changé de gynécologue pour me faire suivre à l’hôpital…

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