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Angelica - Arthur Phillips

Par Woland

Angelica - Arthur Phillips

Angelica Traduction : Edith Ochs

Troisième roman d'Arthur Phillips, "Angelica" doit son nom à la petite Angelica, fille unique de Constance & Joseph Barton, petits-bourgeois londoniens de l'époque victorienne mais aussi couple dont les deux moitiés sont dépareillées puisque le père s'est marié "au-dessous" de sa caste en épousant une jolie vendeuse en papeterie.

Pendant leurs fiançailles et au début de leur mariage, Constance était convaincue de la chance extraordinaire qui avait été la sienne. Mais après la naissance d'Angelica et surtout au quatrième anniversaire de l'enfant, date à laquelle Joseph décide de faire enfin dormir l'enfant dans sa chambre personnelle ses rapports avec son mari commencent à se dégrader. La première partie du roman - qui en comporte quatre afin de permettre une fois encore à Arthur Phillips de jouer à plein la carte des points de vue multiples, complémentaires et/ou contradictoires - nous expose ses griefs en long et en large et surtout en un style si parfaitement victorien qu'il en devient insupportable.

Fort heureusement, dès l'entrée en scène de la prétendue médium, Anne Montague, dans la seconde partie, le langage perd son afféterie lassante - et la situation, bien que se compliquant, s'éclaircit tout de même un peu. La parole sera ensuite donnée au mari et enfin à Angelica elle-même, mais une Angelica adulte - et le lecteur ira de surprise en surprise.

Ici encore, je n'en dirai guère plus par souci de ne pas gâter le plaisir de la découverte pour les autres lecteurs. Je me contenterai de préciser que l'intrigue est bien moins complexe que celle de "L'Egyptologue", moins diabolique également et que, si la guête identitaire pouvait être vue comme le point central de ce roman-là, ce sont les ravages de l'inceste et du non-dit social qui frappe ce fléau qui sont à la base d'"Angelica." (Et contrairement à ce que vous pourrez croire, vous dire cela ne révèle en fait rien que de très général. ;o) )S'y ajoute également une analyse de la sexualité évidemment définie dans le contexte victorien mais qui vaut également pour toutes les époques et toutes les sociétés où la femme est définie comme inférieure à l'homme.

Fidèle à sa manie du flou, Arthur Phillips laisse bien traîner çà et là quelques interrogations que ne résoudra jamais son lecteur mais cela n'est en rien comparable avec la foule de "pourquoi ?" et de "comment ?" qu'abandonnaient derrière elles les pages de "L'Egyptologue." Curieusement, en dépit de l'aspect "chien fou" de ce dernier et de ses imperfections, on est tenté de conseiller de lire tout d'abord "Angelica" et ensuite seulement son prédécesseur dans le temps. Il y a en effet dans "L'Egyptologue" une flamme de folie pure qui fait défaut à "Angelica" et qu'on en vient à regretter ... ;o)


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