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Les beautés de l'île de Ré

Publié le 05 octobre 2007 par Vincent Turquois

On pose le pied sur le sol de Ré en se demandant si l’on pourra vraiment la découvrir en seulement huit petits jours. Tant a été dit et tant l’est encore sur ses beautés, ses trésors, sa douceur, sa lumière, ses people, ses roses trémières, ses jolies maisons inabordables et secrètes… Comment comprendre cela en une semaine ? Comment prendre son temps sans trop le perdre ? On doute. Puis on s’interroge. Car de prime abord, l’on ne sait pas trop par quel bout la prendre cette île toute plate, que ce soit à pieds, à vélo ou en photo. On a beau observer, écouter, attendre et toucher, on sent qu’elle ne se donne pas au premier venu, qu’il va falloir faire sa cour et ne pas trop en demander la première fois.

Se livrerait-elle facilement que la partie ne serait pas gagnée pour autant car les prétendants sont nombreux, l’île est déjà très fréquentée. On rejoint donc sagement le flot des touristes tout heureux de ce soleil qu’ils pensaient définitivement parti en vacances. Le nez en l’air, on pédale le matin dans un sens jusqu’aux croissants puis dans le sens inverse jusqu’au café brûlant. Le midi, on roule vers les crêpes puis on laisse glisser les boyaux vers la sieste. A 16 heures, on pousse le vélo dans le sable, avant de le ramener pour la douche. On prend vite ses habitudes, libre, mains au guidon, le pain qui sautille dans le panier et le mollet qui s’aérodynamise à vue d’œil. On commence à comprendre sans s’en rendre compte.

Un jour, c’est la tempête. Le vent souffle fort sur des nuages bas qui n’ont pas le temps de pleuvoir. Un peu avant le goûter, le ciel se dégage et le vent tombe à nos pieds impatients. On se risque à La Couarde, déserte, où la devise de la République est inscrite sur la façade de l’église. Le soleil revient peu à peu et les gens sortent soudain comme s’ils s’étaient cachés derrière les pierres. Plus on avance et plus il fait beau, ce qui console le marchand de glaces qui pleurait sur ses cornets quelques minutes plus tôt. Sur la plage, c’est le calme plat, les vagues sont fatiguées de leur folle journée et somnolent sous la chaleur maintenant franche. On fait pareil, les yeux mi-clos, en regardant passer au loin le Queen Mary 2, qui vient de quitter La Rochelle. On s’imprègne.

Pour s’imprégner un peu mieux, on se pose à L’Embarcadère, sur le port de Saint-Martin, avec sa terrasse en pente, en contre-plongée sur les mâts des bateaux. On commande une caïpirinha, parce que c’est ainsi, puis quelques autres, parce que c’est comme ça. Le temps passe, les verres bavent sur la table et d’un coup, la terrasse n’est plus penchée. On se relève en visant les haubans et l’on part vers la jetée. La mer n’a jamais été aussi calme par un vent aussi fort. On croit voir Fort Boyard mais c’est un bateau, on dit merde au Père Fouras mais on lui tourne le dos. Heureusement, la bicyclette nous ramène, plus besoin de pédaler. C’est vrai qu’elle est magique cette île.

Pas pour tout le monde. Les occupants de la maison d’arrêt de Saint-Martin ont forcément un autre point de vue, eux pour qui la mer n’est qu’un son et la mouette une ombre folle. Il y a longtemps, à partir de la deuxième moitié du 19ième siècle, de nombreux bagnards ont séjourné ici en attendant leur départ vers la Guyane et la Nouvelle-Calédonie. Le Musée Ernest Cognacq le rappelle utilement aux quelques touristes perdus dans ses allées, sans doute des touristes qui cherchent aussi à comprendre. Tiens, si on allait à L’Embarcadère.


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