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"Le Godard du X" José Benazeraf arrive lundi...

Publié le 07 août 2009 par Darkplanneur @darkplanneur

Lundi, j'aurai l'honneur de vous présenter, le maitre du cinéma érotique Français, José Bénazeraf, dans un Cabinet des Curiosités couleur diamant noir. Petite Biographie élégante et décadente, sublimée par James Bort...

Né le 8 janvier en 1922 à Casablanca, au Maroc, José Benazeraf sort diplômé de Sciences Po à la Libération. En 1957, alors que rien ne le destinait à travailler dans le cinéma, il produit Les Lavandières du Portugal de Pierre Gaspard-Huit avec Darry Cowl et Jean-Claude Pascal. Lorsqu'on fait référence à ce film, il répond : "c'est tout ce que je n'aimais pas". Ses paroles ne sont d'ailleurs pas tendres lorsqu'il parle du cinéma français de cette époque : "un art approximatif, accessoire, pas premier mais dernier".
En 1960, José Benazeraf passe réalisateur avec L'Eternité pour nous, film romantique exaltant la beauté des femmes. Il n'y a qu'à l'entendre parler de la splendide Monique Just, qui, dans une scène, apparait vêtue d'une robe mouillée et se caresse le sein, et l'on comprend sa passion pour le corps féminin. Cette œuvre fit évidemment scandale et tout concours financier lui fut retiré.
José Benazeraf a également eu le mérite d'avoir fait tourner à leurs tous débuts Bruno Cremer et Mireille Darc dans Mourir d'amour en 1960, ainsi que Jean-Pierre Kalfon dans un polar très noir, La Drogue du vice, en 1962. Suivront dans les années 60 de nombreux films de série B, qui seront quelquefois interdits pour cause d'obscénité. Ce fut notamment le cas de Joe Caligula où transparait une haine viscérale de la bourgeoisie et dont les copies furent retirées de toutes les salles de cinéma en 1966.
Tout en cherchant à biaiser avec la censure, il continue à rendre ses lettres de noblesse à l'acte d'amour. Frustration, qui met en scène en 1971, un trio amoureux entre une jeune femme célibataire (Janine Reynaud), sa sœur (Elizabeth Teissier) et le mari de celle-ci (Michel Lemoine), un médecin blasé, en est un brillant exemple. C'est sans doute l'œuvre la plus aboutie du "Buñuel de l'érotisme". "Attachant et lyrique" sont les deux mots qui reviennent le plus souvent, sans doute par opposition au reste de sa filmographie tournée résolument vers le hard, dès le milieu des années 70.

Benazeraf 2

Nous sommes en 1975 et la fameuse loi de finances du 31 décembre institue la classification des films pornographiques et d'incitation à la violence. C'est l'âge d'or du X et José Benazeraf va s'en donner à coeur joie. Sa mise en scène devient de plus en plus crue, mais sa détermination à associer à l'érotisme la violence ou la politique est restée intacte. En cette époque warholienne où la sexualité est considérée comme chic, intellectuelle et bourgeoise, il oppose une vision délibérément gauchiste. Tournés, comme il l'avoue aujourd'hui, "sans réelle passion, avec un sens profond de la dérision", ses films underground aux atmosphères troubles constituent de grands poèmes visuels, véritables odes à la lubricité.
Jusqu'au milieu des années 80, José Benazeraf tourne à la va-vite de nombreux pornos, classiques du genre aux titres explicites, en y glissant toujours sa patte éminemment provocatrice et ses citations philosophiques : José Benazeraf 1 (1975), une œuvre brute de décoffrage qui ne s'embarrasse d'aucune intrigue, La Veuve lubrique (1975), La Soubrette perverse (1975), Une garce en chaleur (1977), Bordel SS (1978), Nicole par-dessus, par-dessous (1979), Le Majordome est bien monté (1983) dans lesquels ont tourné tour à tour les stars de l'époque : Brigitte Lahaie, dont il préfère ne pas parler, et Alban Ceray, le sosie de Bernard Pivot, qui faisait partie des "castings éternels".....

Avec la fin du 35 mm, le précurseur du X tombe dans l'oubli et préfère tourner aux Etats-Unis, où ses oeuvres sulfureuses reçoivent un meilleur accueil. A Los Angeles, il dispose d'équipes techniques d'une trentaine de personnes, des décors naturels dans des endroits paradisiaques et de superbes actrices porteuses d'un "message érotique fort" et d'une "noblesse d'attitude et de gestes". Il peut ainsi donner libre cours à son principal plaisir : "caresser une femme avec la caméra". Il se distingue de ses confrères en préférant peaufiner les angles de caméra et filmer les expressions des visages au lieu de s'attarder sur les habituels gros plans chirurgicaux......

Benazeraf 4
 

 


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