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THE XX ::: Portrait de la génération Z

Publié le 08 août 2009 par Gonzai

A trop confondre la modernité d'un disque et les couleurs du ciel, on en arrive rapidement à la conclusion qu'il existe plusieurs solutions pour arriver à dépeindre son époque. La plupart du temps, c'est un échec ; le temps passe et tout s'oublie. En fin d'année, en effectuant le droit d'inventaire des célèbres albums de l'année, on peine à résumer en 5 disques ce pourquoi on s'est esquinté les poumons à consumer les paquets de cigarette en solitaire.

C'est cela, la vraie modernité : Une fois les couleurs préparées, on s'escrime absolument à faire rentrer la musique de son choix dans des calendriers du facteur, de jolis adjectifs ponctuent l'appréciation et l'on parvient à s'anesthésier quelques jours sur le fait que le grand public a par définition mauvais goût, qu'il faudra remettre du cœur à l'ouvrage dès le lendemain, que le coup de cœur ne correspondait finalement pas à l'ère du temps et que les branchés prescripteurs[1] n'existent pas plus que le courant continu dans la tête d'un jeune socialiste amateur de café équitable et de musiques festives.

THE XX ::: Portrait de la génération Z
Avant d'en arriver à vous expliquer pourquoi The XX est un groupe postmoderne, et pour en finir définitivement avec le sentiment du regret, petit bréviaire des stratégies éditoriales généralement utilisées pour discuter d'un album moderne :

Stratégie 1 : Renvoyer dos à dos toutes les époques et conclure dans un dernier soupir qu'il n'y a rien de mieux que la période 67-70, celle où Satan avait pris le pouvoir dans le cœur vierge des pionniers du rock'n'roll. Stratégie souvent employée par les jeunes générations pour justifier leur gout du vintage et des pipes à bourrer. Phrase type : « De toute façon on fera jamais rien de mieux que le bootleg des Stones à Altamont »

Stratégie 2 : Opposer le passé et le présent pour souligner l'importance d'un phénomène éphémère contemporain. Cette stratégie est d'autant plus belle qu'elle est généralement pratiquée par les middle ages, en réaction à leurs mentors, dans le but de trouver enfin une place sur l'échiquier. Phrase type : « Bat for Lashes c'est le nouveau folk co(s)mique, c'est plus profond que Carole King, mec ! ». Variante :: Le nouvel album des versaillais en cachemire est beaucoup plus original que ... (j'avoue que là rien ne m'est venu, j'avais simplement envie de parler du duo des mecs sans Tranxen et de leur vidéo corporate qui donnent envie de sauver tous les lémuriens sucant des Korg de 1982)

Stratégie 3 : Jouer la carte de l'injustice en se déclarant défenseur des groupes inconnus ou en voie de le devenir. Auto-proclamés « Zorro de l'industrie musicale » alors qu'on ne leur en demandait pas tant, les branchés du suburbs vous bassinent avec des groupes inconnus qui font BLIP dans des galeries d'art contemporain ou les squats[2]. Phrase type : « Ah ouais mais attend, le dernier disque de Patrick Watson est super innovant. Sinon j'ai bien l'album de Fever Ray[3]».

The XX, un groupe comme les autres[4], ne joue pourtant pas la musique de son époque. N'en possède même pas le physique, gamins émaciés à mi-chemin entre l'errance des 80' et le désespoir de la décennie suivante. Crystallised, troisième piste d'un disque anti-été, prouve qu'une mélodie vaut mieux que trois superlatifs et deux passements de jambe entre rétro-futurisme et nostalgie. Inutile de discuter du chant grégorien sous perfusion, du mouvement sans guitare, des transpirations synthétiques, du cliquetis légèrement dépressif de leur premier album et de la grosse en basquette qui chantonne de l'amour sous la pluie, The XX est un groupe sans nom, sans époque, simplement génial parce qu'il échappe à la classification Itunes. Brillant, monochrome, métallique. Ne pas confondre le temps qu'il fait et celui qu'on aurait aimé vivre. De toute façon, plus personne n'achète de disques pour aller mal. Encore un problème du temps présent.

The XX // XX // Young Turks (Beggars)


[1] Ceux qui sont sensées faire vendre des albums par la simple force d'une punchline.

[2] Des lieux similaires, finalement : on y a trouve toujours des chips aussi éventées que les discussions.

[3] Faut dire que j'ai beaucoup écouté Fever Ray cette année, je le place dès que je peux dans toutes les discussions, et rentre allègrement dans la catégorie des Zorro sans capes.

[4] Anglais, jeunes, auteurs d'un premier album dont certaines compositions sont écoutables sur leur Myspace : www.myspace.com/thexx


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