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Récit improbable d’un voyage en Chine. Jour 14

Publié le 09 août 2009 par Herbertlegrandkhan

Deuxième jour à Xi’an. Nous avons prévu d’aller visiter l’armée en terre cuite de Qin Shi Huangdi. Des milliers de figurants figés pour l’éternité dans cet immense hangar écrasé de chaleur. En jouant des coudes parmi les milliers de visiteurs, je médite en silence sur la vanité de l’existence et les mirages de la gloire. Voici l’œuvre d’un empereur qui a conquis le monde durant sa vie terrestre. N’ayant plus rien à détruire ici-bas, il a décidé de construire une armée pour foutre le bordel dans le royaume des morts. Ha, s’il y a vraiment une vie après la mort, cela doit être un joyeux bordel… D’un point de vue strictement artistique, l’impression que donnent ces milliers de statues alignées comme à la parade est saisissante. Le pavillon des chars est également impressionnant et la mise en valeur et plus intéressante.

Récit improbable d’un voyage en Chine. Jour 14

Après l’armée enterrée, nous allons sur le tumulus de l’empereur, situé à environ 1.5 kilomètres. Je tenais vraiment à gravir cette colline artificielle, tel ce personnage de bandes-dessinées : « Je suis le prince Ababakar Octopuce, prince sans principauté qui foule de sa sandale le tombeau des rois. »

En rentrant à l’hôtel le soir, je m’assois dans le salon avec mon Ipod sur les oreilles. Malgré la barrière invisible qui m’entourait comme la carapace d’un lézard, un résident entrepris d’engager la conversation. Il s’agissait d’un voyageur québécois prénommé Jonathan qui avait repéré que nous étions francophone. Il me demanda ce que j’étais en train d’écouter. Le hasard voulu qu’il s’agisse justement de musique québécoise : « Les derniers humains » de Richard Desjardins que je vous le recommande chaudement. Il s’agit de chansons à textes souvent accompagnés au piano. C’est très poétique avec une touche d’humour et de provocation. Par certains côtés, il me rappelle un peu Léo Ferré. Je sympathise assez rapidement avec Jonathan. Il est étudiant en doctorat de linguistique à l’Université Laval de Québec. Il voyage avec un autre étudiant de l’Ontario et un copain de Chicago. Ils nous proposent d’aller boire un coup en ville avec Fabrice. Nous décidons de les accompagner avec plaisir. Je suis content de pouvoir discuter avec un Québécois. Depuis que je vis dans le Berry, je comprends leur accent avec une facilité de plus en plus grande. L’écoute régulière de Richard Desjardins et des Têtes à Claques facilite quant à l’elle la compréhension des expressions plus imagées. Contrairement aux villes européennes, l’animation nocturne est assez limitée en Chine.

Dans un élan de panache incroyable, Jonathan décida de prendre les choses en main et s’avança devant le micro avec l’allure d’un hockeyeur dans un jardin d’enfant. Il choisit une chanson des Sixteen Horespower qu’il interpréta avec un certain talent. Il faut reconnaître qu’il parle parfaitement anglais. Quand il me tendit le micro, je sentis que l’image de la France allait de nouveau en prendre un coup. Que faire ? Interpréter un tube des Frères Jacques avec Fabrice ? Chanter un poème de Villon en vieux français ? Hélas, le karaoké ne proposait rien de tout ça. La seule chanson que je connaissais à peu près était l’hymne soviétique en version originale. Dieu merci, les sous-titres en français étaient accessibles depuis le menu. Fabrice et Jonathan m’ont accompagné sous les ovations des petites chinoises.

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