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Enquête publique sur le SDRIF, ou les petites Foedora dans leurs boules de verre…

Publié le 07 octobre 2007 par Jean-Paul Chapon

Dans une semaine débutera l’enquête publique pour la révision du Schéma Directeur de la Région Ile-de-France, le SDRIF. Le SDRIF ne concerne pas que Paris, ou encore la zone dense, loin s’en faut, mais il pourrait avoir un rôle déterminant sur l’évolution de la Ville dans les années à venir, à moins que comme celui de 1994 aujourd’hui révisé, il ne soit à son tour révisé dans une dizaine d’années faute d’avoir été appliqué, ou parce que plus applicable… En attendant et puisque c’est dimanche, voici un nouveau texte tiré des “Città invisibile” d’Italo Calvino, ces
villes invisibles, évocations poétiques - mais pas seulement - de la Ville. Au début de sa préface, Italo Calvino écrit, “Dans les Villes invisibles, aucune ville n’est reconnaisable. Toutes ces cités sont inventées; je leur ai donné à chacune un nom de femme. Le livre se compose de courts chapitres, chacun étant prétexte à une réflexion qui vaut pour toutes ville ou pour la ville en général“.

Foedora - Les villes et le désir. 4

Au centre de Foedora, métropole de pierre grise, il y a un palais de métal avec une boule de verre dans chaque salle. Si l’on regarde dan ces boules, on y voit chaque fois une ville bleue qui est la maquette d’une autre Foedora. Ce sont les formes que la ville aurait pu prendre si, pour une raison ou une autre, elle n’était devenue telle qu’aujourd’hui nous la voyons. A chaque époque il y eut quelqu’un pour, regardant Foedora comme était alors, imaginer comment en faire la ville idéale ; mais alors même qu’il en construisait en miniature la maquette, déjà Foedora n’était plus ce qu’elle était au début, et ce qui avait été, jusqu’à la vielle, l’un de ses avenirs possibles, n’était plus désormais qu’un jouet dans une boule de verre.

Foedora, à présent, avec ce palais des boules de verre possède son musée : tous ses habitants le visitent, chacun y choisit la ville qui répond à ses désirs, il la contemple et imagine qu’il se mire dans l’étang des méduses qui aurait dû recueillir les eaux du canal (s’il n’avait été asséché), qu’il parcourt perché dans un baldaquin l’allée réservée aux éléphants (à présent interdits dans la ville), qu’il glisse le long de la spirale du minaret en colimaçon (qui ne trouva plus le terrain d’où il devait surgir).

Sur la carte de ton empire, ô Grand Khan, doivent trouver place aussi bien la grande Foedora de pierre et les petites Foedora dans leurs boules de verre. Non parce qu’elles sont toutes également réelles, mais parce que toutes ne sont que présumées. L’une rassemble ce qui est accepté comme nécessaire alors qu’il ne l’est pas encore ; les autres ce qui est imaginé comme possible et l’instant d’après ne l’est plus.

Italo Calvino, Les villes invisibles, II - Les villes et le désir. 4.

Alors Foedora, Paris, à suivre…

Jean-Paul Chapon


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