Magazine Animation

Voyage en ballon chaotique pour film d’animation de haut-vol

Publié le 17 août 2009 par Boustoune

Après nous avoir rassasiés d’un menu cinq étoiles concocté par Rémy, le meilleur chef français, puis sensibilisés à l’écologie et à la sauvegarde de l’environnement grâce aux cours d’un adorable petit robot, les studios Pixar nous emmènent cette fois Là-haut, au sommet de l’animation en images de synthèse.
Là-haut - 6  Là-haut - 5
Avec ce nouveau film signé par Pete Docter, l’auteur de Monstres & Cie, le studio Pixar démontre qu'il a toujours une longueur d'avance sur ses concurrents en termes de textures et de fluidité d'animation. Une fois n'est pas coutume, tout est soigné jusque dans les moindres détails, des brins d'herbe aux pelages des animaux, des paysages extérieurs, sublimes, aux plus infimes éléments du décor.
Cédant à la mode actuelle dans l’industrie du film d’animation, le studio se frotte aussi pour la première fois au relief. C’est aussi une réussite, puisque le procédé permet au réalisateur de jouer sur la profondeur de l’image et, l’essentiel de l’action se passant dans les airs, de communiquer une certaine sensation de vertige au spectateur. Cela dit, il faut aussi reconnaître que l’apport du relief est très relatif, juste une légère plus-value qui ne justifie pas que l’on investisse dans la location coûteuse de lunettes spéciales nécessaire à la projection en 3D. Et les amateurs de relief pur et dur, et d’objets sortant de l’écran, enthousiasmés par l'exceptionnelle introduction de Volt, star malgré lui et les jolis effets de Monstres contre Aliens, risquent fort d’être déçus par cette 3D délibérément peu spectaculaire, afin de ne pas prendre le pas sur l’histoire racontée.
Là-haut - 4  Là-haut - 2
Parlons-en d’ailleurs de cette histoire, assez surprenante en regard des autres films Pixar.
Son point de départ ? Carl Fredericksen, un vieillard sur le point d'être placé de force en maison de retraite décide de faire décoller sa maison à l'aide de centaines de ballons gonflés à l'hélium, et part à l'aventure, réalisant son rêve d'enfant. En parlant de mioche, il va devoir en supporter un pendant tout le voyage : Russell, un jeune scout un peu collant et bavard. Celui-ci, ainsi qu'un étrange duo animalier rencontré en chemin, vont lui redonner goût à la vie et l’entraîner dans d’incroyables aventures.
Le film a été conçu pour un public familial le plus large possible, l’ambition étant de plaire aussi bien aux enfants qu’à un public adulte, ciblant plus volontiers les personnes âgées, statistiquement peu attirées par les films d’animation. Le choix d’un gentil papy comme personnage principal permet aux auteurs de développer une réflexion sur l’âge et les épreuves de la vie, et d’aborder des thèmes plus adultes dans lesquels les « seniors » ne manqueront pas de se reconnaître.
Ca commence dès l’introduction du film et une magistrale séquence qui retrace en quelques minutes toute la vie de Carl Fredericksen, ses occasions manquées, ses petites joies et petits tracas du quotidien, ses blessures insurmontables, un deuil douloureux, etc... Rien que pour cette séquence bouleversante, d’une remarquable finesse, le film mérite le déplacement.
Là-haut - 7  Là-haut - 3
Après une introduction aussi parfaite, le film baisse évidemment en intensité, mais continue d’émouvoir en s’attardant sur la belle relation qui se noue entre le vieil homme et l'enfant.
De quoi rapprocher un peu les générations, même s’il n’est pas certain que les plus jeunes adhèrent à cet univers assez adulte, abordant des problèmes qui à priori ne les concernent pas encore et teinté d'une certaine amertume. Ils n’ont pas été oubliés pour autant par Pete Docter et son équipe, qui leur ont concoctés quelques gags et d’amusantes péripéties, portées par un des personnages hauts en couleurs et fort sympathiques.
En fait, Là-haut a été conçu pour que chaque spectateur, adulte ou enfant, y trouve son bonheur. C’est sa force, mais aussi sa faiblesse. Car les figures imposées du film d’aventures pour bambins – péripéties prévisibles et humour facile – se marient mal avec les scènes plus intimistes, plus posées, où les auteurs prennent le temps de s’intéresser aux personnages. Constamment ballotté entre naïveté et gravité, et le voyage en ballon est marqué par de sérieux trous d’airs. Le rythme s’en ressent et finalement, à force d’essayer de plaire au plus grand nombre, le film prend le risque d’ennuyer aussi bien les enfants que leurs (grands-) parents…
  Là-haut - 8
Alors raté, le nouveau Pixar? Non, pas vraiment... Moins réussi que WALL-E, Toy Story ou Ratatouille, assurément. Mais supérieur à bien des films en termes d'inventivité et de sensibilité. Et il y a toujours cette façon, admirable, dont les animateurs parviennent à rendre émouvants, voire même bouleversants, des personnages virtuels, entièrement constitués de pixels. Et pourtant, ici, ce n'était pas gagné... De prime abord, il n'est pas particulièrement attachant, ce Carl Fredericksen, vieux ronchon vivant seul avec ses souvenirs, peu aimable, peu souriant, parfaitement acariâtre. Tout comme le petit Russell peut sembler agaçant, véritable pot de colle et parfaite tête à claques. Mais très vite, on est conquis par leurs mimiques et leurs regards, rendus extraordinairement expressifs par le travail des petits génies de l’animation de Pixar, et on se prend d’affection pour eux.
Attachant, audacieux, à la fois léger et profond, Là-haut est un film d’animation de haut-vol, techniquement irréprochable et très supérieur à la moyenne. Autant de qualités qui font regretter que les auteurs n’aient pas su trancher entre film pour jeune public et œuvre plus adulte. Au vu de l’extraordinaire séquence inaugurale, on était en droit de s’attendre à un chef d’œuvre. Au final, c’est juste un bon film. C’est déjà bien, mais c’est frustrant…
Note : ÉtoileÉtoileÉtoileÉtoileÉtoile
Là-haut

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Boustoune 2984 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte