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La judiciarisation de la société. [Épisode 1]

Publié le 19 août 2009 par Collectifnrv

Dans l’antiquité, lorsque la réflexion d’un quidam déplaisait au puissant, ce dernier dépêchait quelques sicaires pour résoudre définitivement le problème. Aux 17 et 18èmes siècle, les seigneurs envoyaient leurs laquais bastonner l’insolent. Au 19ème siècle des nervis bien choisis et fort costauds vous faisait regretter les vilaines paroles que vous aviez sorties à l’encontre de leur patron ou d’un magnat quelconque, passons ce sinistre 20ème siècle  : on se retrouvait dans des camps d’où on éprouvait toutes les difficultés à revenir vivant à cause  d'un simple délit d’opinion.

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Désormais, à l’instar de nos amis d’outre Atlantique, les élites mondialisées ne se séparent plus de leurs cohortes d’avocats ! La plainte auprès des Tribunaux de justice est devenue pour tous ceux qui possèdent d’abondantes ressources financière, un métier de juriste ou des relations éminentes, un moyen banal, soit de dissuader, soit  punir le cuistre qui aurait eu l'outrecuidance de vous moquer, soit de tenter de ruiner l’impudent. Et comme les frais d’avocats et de Justice sont exorbitants pour les accusés dotés de revenus médians, beaucoup peuvent se retrouver dans des situations dramatiques.

En cette époque où, dans les pays occidentaux, la liberté d'écriture et de publication est accordée, même à contre-cœur, à tous les citoyens désireux de s'exprimer sur Internet, chacun ne peut s'empêcher de penser à la menace qui pèse potentiellement sur l'interprétation de ce qu'il rédige, surtout s'il conteste un système, un people médiatisé, un haut fonctionnaire, un politique, un apparatchik oligarchique ou un responsable économique.

Parce qu'il est tellement facile, en étudiant attentivement un pamphlet de découvrir,  derrière chaque phrase, chaque mot, chaque tournure, chaque ponctuation,  une allusion, un double-sens, une allégation suspecte, une insulte, une critique infondée justifiant une procédure de Justice !

Fort évidemment un plumitif de 3ème zone, tel que votre serviteur, pondant un texte  insolent ou iconoclaste  devant une audience confidentielle dans un blog dont la notoriété ne dépasse pas la commune de Cuise la Motte ne risque pas grand chose : il passera entre les gouttes, mais à partir d'une certaine réputation professionnelle, on peut s'attendre à de sérieux retours de bâtons...

Tel a été le cas de notre ancien collègue et participant au  feu DEL de Guy Birenbaum, Olivier Bonnet, journaliste de son état, et promoteur de l'excellent site, Plume de Presse, que nous avons en lien depuis la création de notre blog, qui vient de se voir traîner en Justice par le Sieur Bourragué, magistrat, pour le délit : " injures publiques envers un fonctionnaire public . "  à la suite d'un billet de blog. Olivier Bonnet risque une sévère amende de 12.000 €. Somme considérable , s'il en est, pour un citoyen ordinaire.

Quelque soit vos opinions politiques, il est de notre devoir de protester contre cette banalisation de l'outil judiciaire pour tenter de baillonner un des rares véritables lieux d'opposition et de débats dans notre pays : Internet. Les médias étant presque tous , non seulement, aux mains  d'amis ou de partisans du président de la République actuel, mais également les ardents défenseurs d'un système économique scandaleusement injuste.

Défendre Olivier Bonnet, c'est aussi symboliquement sauvegarder la diversité de vos lectures, protéger votre indépendance d'esprit, favoriser la liberté de ton, aiguiser son sens critique et donner libre cours à la malice, l'impertinence, l'humour et la créativité !

N'en déplaise à Maître Éolas, qui se décrit fort justement comme le défenseur attentif des libertés, la conception névrotique de la Loi, la dictature obsessionnelle du Droit, le dépiautement systématique de chaque texte pour y trouver une vague faille ou un hypothétique double sens, le développement lancinant des procédures tâtillonnes qu'on observe de plus en plus dans nos sociétés dites évoluées favorise systématiquement la mainmise d'une élite technocratique et financière au profit de ceux qui osent s'attaquer à elle.

Qu'on ne puisse traiter autrui de "con" (et encore) se comprend à la rigueur, mais chercher des poux dans la tête pour deux ou trois termes ambigus confine à l'absurdité, pour ne pas dire plus dans le langage fleuri qui devrait être le mien si je n'étais  bridé par les barrières de plus en plus barbelées du Droit. Cette procédure judiciaire futile provoquant une perte de temps  inutile et surtout une présence bien superflue à mes yeux de l'Institution qui aurait probablement bien mieux à faire.

Je n'en pense pourtant pas moins et la semaine prochaine, je tenterai de m'attaquer avec humour (dans la mesure de mes faibles possibilités comiques) aux nouveaux gourous du 21ème siècle : les avocats et leurs aréopages de fans béats, médusés et prosternés.

Quant à l'avertissement humoristique d'Éolas concernant nos paraphes sur la pétition d'Olivier Bonnet, sachez, cher Maître , si vous en veniez à lire ce billet indigne, que non seulement j'ai signé mais je persiste avec l'ironie tranquille d'un citoyen qui n'éprouve pas une confiance excessive envers la Justice de son pays ni en les magistrats qui la servent.

Heureusement que le grotesque, le loufoque, et la futilité ne tuent pas, sinon que nous resterait il pour rire ?

De toute manière, le maintien de nos droits sur Internet réclame une surveillance sourcilleuse et de tous les instants.

Ami(e)s de Cui cui, cuits et recuits par la chaleur, restez vigilants !

Et ran et ran petit rantanplan.

À après !

Cui cui, l'hirondelle qui ne fait pas le printemps.


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