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Ségolène Royal ouvre la bataille du contenu

Publié le 29 août 2009 par Exprimeo
La leader socialiste a montré hier qu'elle entendait incarner un "autre style" en tentant de préempter deux nouvelles priorités permettant de cliver habilement avec le pouvoir sortant. Réduire la victoire Obama aux nouvelles technologies est l'une des erreurs probables de toutes celles et tous ceux qui ont été frappés tardivement par l'Obamamania. En réalité, la victoire de Barack Obama est d'abord une victoire de contenu. Il importe de prendre connaissance du contenu de ses discours bien au-delà de ceux du Caire ou de Philadelphie pour constater qu'il s'agit bien d'une nouvelle gouvernance publique. La campagne d'Obama, c'est d'abord la soif d'idéal. Dans cette soif d'idéal, c'est aussi la rencontre entre le "je" et le "nous". Pour donner un sens à sa vie, il faut assurer la rencontre de soi et des autres. Le développement personnel passe par un engagement social. Ce parti pris d'idéal, c'est l'axe stratégique de la campagne de Barack Obama. Le choix fort a été ensuite, grâce à des outils, d'offrir de s'associer à cet idéal pour le transformer en idéal commun. Ces outils ont "vendu de la relation". Mais Barack Obama a d'abord "vendu de l'idéal" y compris par la force de son propre cursus personnel mais bien au-delà par le symbole de tous ses grands projets. Les outils ont permis de bâtir l'adhésion du grand nombre à cet idéal puis de s'affirmer comme une "marque". Parce qu'on adhérait à la campagne de Barack Obama, on montrait que l'on partageait une vision et des engagements. Ce faisant, il a probablement annoncé le renversement d'une tendance qui condamnait l'idéalisme au profit du réalisme. Il a annoncé la "conscientious living", c'est-à-dire un style de vie mesuré qui est la recherche de sens. C'est la fin du consumérisme ostentatoire (style de vie "bling bling"). La campagne Obama a démarré comme créatrice de valeur. Par son succès, elle est devenue créatrice de mode. Au moment où elle est devenue créatrice de mode, les "premiers engagés" ont d'ailleurs mal vécu la perte de leur différenciation initiale. Les rencontres avec les acteurs de la première heure étaient très significatives. Ils exprimaient presque une forme de regret d'être désormais suivis par tant de personnes. Ils s'estimaient dilués, dépassés. La marque distinctive initiale était en voie de disparition. Par conséquent, toutes les approches qui consistent à analyser la communication de Barack Obama comme la mobilisation de réseaux communautaires, l'émergence d'un style de "cool attitude" qui rompt avec l'image classique du pouvoir … nous semblent passer à côté de la vraie vague de fond : répondre à la soif d'idéal comme rencontre entre un engagement personnel et une mobilisation collective. C'est le moment où la politique vient à la rescousse de la vie ; ce qui explique d'abord la mobilisation militante puis celle civique du vote. Parce que la vague de fond était celle-là, la crise d'octobre a amplifié la portée du phénomène Obama. La crise financière devenait la démonstration objective d'un radeau à la dérive. La confrontation entre ce nouveau style (Obama) et l'incarnation de ceux qui avaient failli au point d'amener le bateau au point de couler (McCain) produisait des effets encore plus implacables. Dans son discours d'hier, Ségolène Royal a préempté deux "territoires conceptuels" : - la peur du pouvoir corrompt, - la preuve par l'action locale c'est à dire non plus promettre mais être. Sur le premier volet, elle s'est d'ailleurs assez facilement émancipée d'une interprétation stricte de la formule revendiquée. Mais fondamentalement, elle a amorcé une primauté aux citoyens face au pouvoir. Cet axe stratégique devrait être une opportunité pour celles et ceux qui, comme elle, n'ont pas de parti politique puissant : le recours aux réseaux citoyens. C'est une étape d'autant plus importante que l'invincibilité de Nicolas Sarkozy est déjà mise en doute par le sondage CSA publié par le Parisien de ce jour. Cette étape montre également que la présidentielle est d'abord la conquête des idées. En 2007, l'opinion voulait de l'action. Il n'est pas sûr que cette attente demeure en 2012 ; bien au contraire. La vague dominante pourraît être celle de l'épanouissement, du sens individuel comme collectif et non plus de "l'énergie puissante". Si tel était le cas, la donne en serait totalement modifiée car c'est bien cette "vague centrale" qui fait d'abord l'élection. Pour tenter d'identifier les côtés cachés de la campagne 2008, nous recommandons notre guide pratique qui a mis en évidence 15 changements majeurs : Open publication - Free publishing - More elections.

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