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Sarkozy de retour de Moscou :Un bilan ...« globalement positif »

Publié le 10 octobre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

L’éditorial de Daniel RIOT pour RELATIO. Un voyage à Moscou n’est jamais négatif… Donc parlons d’un bilan « globalement positif »,  en espérant que « la police des mots » qu’agite tant Fillon n’y verra aucune malice politiquement incorrecte…  Vladimir et Nicolas pouvaient difficilement mieux s’entendre …en l’absence de terrains d’entente ! C’est l’art partagé du désaccord cordial, de la glace non brisé mais pilée, du «je ne t’aime pas, moi non plus, donc c’est clair », du « j’ai mes convictions et tu as les tiennes , donc respect !», du « tentons de faire le moins mal possible, puisque le meilleur est impossible »….

La « franchise » de Sarkozy sur les droits de l’homme, sur la démocratie, sur le pluralisme, sur les valeurs ? … Celui qui ne « veut pas donner de  leçons  en matière de droits de l’homme» a joué les professeurs « de démocratie ». Poutine en a sourit… Angela Merkel, sur les mêmes problèmes, s’était montrée plus nette, plus précise, plus sèche, plus ferme…sans effets de manche, et sans éprouver le besoin de (presque) s’en excuser !

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Pourtant, elle n’a pas, dans son dos,  un André Glucksmann qui joue du tambour ou, dans un coin,  un BHL qui joue de la trompette pour l’inciter à être « ferme sur les principes »… Non, Sarkozy, si tranchant avec la politique russe dans ses interventions de candidats et ses premières prestations de Président n’a pas demandé à Poutine de lui rendre une Légion d’honneur trop généreusement offerte par Chirac…Heureusement d'ailleurs! 

Sarkozy, toujours en quête de mots qui font de la bonne « com’ » a parlé de  « convergences » et de « rapprochements »  sur quelque points chauds (Iran,Kosovo), Poutine, le « très cher Vladimir », a vite étalé de vraies divergences,  clairement, en conférence de presse. Pris de court, Nicolas ! Réduit à se contenter de très peu : « C'est important ce que vient de dire M. Poutine (...) Dire qu'il coopère, qu'il veut continuer à coopérer, c'est quelque chose d'important, je pense que c'est le point essentiel ». Vous imagez qu’il ait dit le contraire, Poutine ?  

Reste la coopération bilatérale qui va sans doute s’accroître (comme entre la Russie et l’Allemagne, d’ailleurs) : c’est  logique, puisque chacun  a à y gagner (sauf si l’excès d’ouverture aux capitaux russes nous met à la merci des tactiques politiques du Kremlin, car les finances de Gazprom sont au services d’une vraie stratégie qui n’est pas que financière)… Nous verrons ! En attendant, il est un signe qui ne trompe pas : pour les suiveurs de Sarkozy, l’événement, c’est la présence dans l’avion présidentiel du retour d’Amélie Mauresmo qui participait à un tournoi de tennis à Moscou. People diplomatie…

Nombre d’observateurs avaient présenté ce voyage à Moscou comme un « test » de la diplomatie nouvelle de la France sarkozyenne. Le « test » n’a pas testé grand-chose…La seule confirmation:les talents de stratége de Poutine!  

Daniel RIOT


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LES COMMENTAIRES (1)

Par Karolus
posté le 14 octobre à 14:57
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Bonjour!

Globalement positif, le voyage?

Je sais bien que je devrais voir les relations franco-russes dans le cadre qui est le leur, c'est-a-dire tantôt Européen, tantôt mondial.

Las! Je suis l'un des 316.000 porteurs Français d'emprunts russes, à qui la Russie doit aujourd'hui plus de US$ 90 milliards, et que le gouvernement français de M. Juppé, pourtant censé accorder sa protection diplomatique aux intérêts de ses ressortissants, à abandonné en rase-campagne en signant avec la Russie en 1997 un accord véritablement honteux par dessus la tête des porteurs, conduisant la France à ne plus soutenir la créance des ressortissants Français vis-à-vis de la Russie. Je suis donc forcé d'analyser nos relations à travers cette lorgnette-là, et pas une autre.

Le candidat SARKOZY nous avait écrit, en mars 2007:

"L'accord (...) n'a pas pour autant éteint les droits des créances des ressortissants français sur le gouvernement russe." "Ce problème est trop sensible et concerne trop de familles pour être abordé avec légèreté. Si les Français me choisissent pour être le prochain Président de la République, je ferai en sorte qu'il soit étudié avec le sérieux et la méthode qui s'imposent."

Nous avons donc été déçus de voir que ce dossier n'avait pas été abordé lors de son voyage. Nous n'allons bien sur pas nous arrêter là. Nous avons bien noté la formule employée par le Président à Moscou: "pas de tabous, pas de limites, transparence et réciprocité"; ainsi que la rencontre, prévue entre conseillers "de haut niveau" pour "poser franchement toutes les questions économiques qu'il y a entre nous".

Avant son départ pour Moscou nous avions pourtant été nombreux à lui écrire afin de lui rappeler la position officielle du RPR, ancêtre de l'UMP, qui n'avait accepté de ratifier l'accord de 1997 qu'à la condition que la France "aille au delà" en recherchant une indemnisation sur une base "financièrement juste et juridiquement incontestable" dans des conditions "semblables à celles proposées aux créanciers du club de Londres"; pour lui rappeler qu'en imposant le respect des intérêts de 316000 Français littéralement piétinés depuis 90 ans il serait véritablement le Président d'une rupture positive avec le passé; et que le règlement de ce dossier s'accompagnerait nécessairement de retombées économiques extrêmement positives: qui refuserait une injection de US$ 90 milliards dans les circuits Français?

Et que l'on ne me dise pas que la Russie n'est pas solvable. Sans parler de ses mannes pétrolières et gazières, M. Poutine vient de confirmer le 22 septembre à Sotchi un programme d'investissement de 1000 milliards de dollars, auquel les investisseurs étrangers seront évidemment "invités à participer" et dans le cadre duquel les meilleures garanties seront offertes (interdit de rire).

Globalement, les porteurs sont... las. Mais aussi, très pugnaces. Et, globalement, de plus en plus conscients des voies juridiques qui s'offrent a eux: contre leur débiteur russe bien sur, mais aussi contre la France qui, aux termes de l'article 3 de l'accord de 1997, stipule que "la Partie française assume la responsabilité exclusive du règlement des créances financières qu'elle à renoncé à soutenir conformément aux conditions du présent Accord".

Globalement mort, le dossier des emprunts russes? Surement pas!

Bien à vous,

Karolus