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OVNI : LA « X CONFERENCE » DE SEPTEMBRE 2007 A WASHINGTON - Par GILDAS BOURDAIS

Publié le 10 octobre 2007 par Jean-Christophe Grelet

Voici un bref compte-rendu de la « X Conference », à laquelle j’ai participé, organisée cette année encore par Stephen Bassett et son « Paradigm Research Group » (PRG), près de Washington, du 14 au 16 septembre 2007. De quoi s’agit-il ? Stephen Bassett est ce qu’on appelle un « lobbyist », officiellement enregistré comme tel, à Washington. Son objectif affiché est d’obtenir la levée du secret sur les ovnis aux Etats-Unis, en s’adressant au monde politique, principalement aux membres du Congrès. C’est la raison pour laquelle Bassett a clôturé la conférence, comme les années précédentes, avec une conférence de presse qui s’est tenu le lundi 17 dans une salle du National Press Club, en plein centre de la capitale. Cette année, la conférence de presse s’est efforcée d’attirer l’attention des candidats à la prochaine élection présidentielle, en leur offrant notamment un DVD sur les ovnis intitulé Fastwalkers (c’est le surnom donné, paraît-il, au NORAD, aux ovnis repérés assez fréquemment, dans l’espace proche ou la haute atmosphère de notre planète).

Disons-le tout de suite, il y a eu peu de réactions dans les médias, et cette action n’a donc pas répondu aux attentes de Stephen Bassett et des ses invités. Pourquoi cela ? Sans doute pour deux raisons. D’abord, l’heure des grandes révélations n’est pas encore venue dans la capitale de la première puissance mondiale, laquelle a, comme chacun sait, des affaires plus urgentes à traiter. Mais une autre raison de l’apparent manque de réaction médiatique était, à mon avis, la part trop importante faite à une vision assez « conspirationniste », que les grands médias ne sont pas prêts à prendre au sérieux. C’était le cas, visiblement, du Washington Post. Nous avons remarqué, Antonio Huneeus et moi, à la sortie de la conférence de presse, que le journaliste du Washington Post, Dana Milbank, interviewait l’un des participants les plus « avancés » de la conférence (Robert Miles, producteur du DVD Fastwalkers), et nous avons craint le pire. Mais le journaliste s’est contenté de faire le lendemain un article assez ironique. Surtout, il a fait un petit tour de table des candidats à la présidence et a constaté qu’ils ne semblent pas intéressés par cette question du secret sur les ovnis. Ce serait une erreur, cependant, d’en conclure que celle-ci reste au point mort dans la grande presse américaine. Il y a eu malgré tout, ces derniers temps, des signes de regain d’intérêt. Même le festival de Roswell, début juillet, a bénéficié d’un bon dossier de presse, avec un article assez ouvert dans le Washington Post, justement, et un reportage positif sur la chaîne Fox TV, connue pourtant pour sa ligne politique très à droite.

Quels ont été les sujets abordés à cette « X Conference » ? Citons le communiqué de presse final, reproduit intégralement en Annexe :

« Les sujets traités comprenaient l’embargo imposé par le gouvernement sur la vérité (truth embargo), le rapport français du Cometa et la divulgation des archives françaises du CNES, la divulgation de documents britanniques, les nouveaux témoins de Roswell, les études ET en liaison avec la présidence de Jimmy Carter, le second volume en préparation du livre de Richard Dolan sur « l’état et la sécurité nationale » (« National Security State »), l’Initiative Rockefeller pour inciter l’administration Clinton à mettre fin à l’embargo concernant la vérité sur les ET, l’affidavit de Walter Haut annoncé récemment, le « budget noir », l’incident de 1967 sur la base de l’Air Force de Malmstrom, le passé et l’avenir de l’ « Exopolitics » (« Exopolitique », dont je vais parler brièvement), et autres sujets. »

Ces conférenciers sont présentés, biographie, sur la page www.x-conference.com Remarquons tout de suite que le Rapport du Cometa continue à être cité comme document de référence, et que la divulgation des archives du CNES, qui était le sujet de mon exposé, est considérée comme une avancée significative. J’ai pu le vérifier personnellement, ayant été fort bien accueilli, à Washington comme à Roswell deux mois plus tôt.

Je renvoie le lecteur au communiqué annexé pour la liste complète des participants. Je voudrais seulement souligner que ce groupe représentait un large éventail d’opinions, allant d’une ufologie « raisonnable », avec des noms comme Nick Pope, Antonio Huneeus, voire assez conservateurs comme Paul Kimball et Rob Simone, ainsi que le journaliste Richard Farley qui a participé (bruyamment, je vais y revenir) au débat final ; des gens que l’on pourrait situer au milieu de l’échiquier, tels le physicien Bruce Maccabee, l’ancien capitaine de l’Air Force Robert Salas, et moi-même ; enfin des représentants de l’« exopolitique », tels que Alfred Webre (fondateur de ce mouvement), Michael Salla et le Dr Steven Greer, que l’on peut situer nettement à l’ « avant-garde ». Mais on peut dire qu’il y avait un consensus assez général, à la suite de l’organisateur Stephen Bassett, en faveur de la levée du secret sur les ovnis, qui était bien le thème majeur de cette conférence.

Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié trois communications. D’abord celle de Tom Carey et Donald Schmitt qui ont à nouveau présenté, comme au festival de Roswell, leur livre Witness to Roswell (1), à mon avis une étape importante sur la longue route de la levée du secret. J’en ai déjà parlé en détail dans un article, paru dans la revue LDLN (2), et sur le site http://www.ovni.ch/home/frame4.htm

Ensuite, le témoignage, manifestement très crédible, de l’ancien capitaine Robert Salas, qui fut témoin en première ligne d’un grave incident sur la base de Malmstrom, le 24 mars 1967. Un ovni, survolant à basse altitude des silos de missiles Minuteman à tête nucléaire, en mit une dizaine hors service. En fait, c’était le second incident en peu de temps : une première dizaine de missiles avaient été également mise hors service (« No Go ») le 16 mars. Robert Salas a pu reconstituer progressivement ces événements, avec l’enquêteur James Klotz, et ils les ont racontés dans leur livre Faded Giant (BookSurge, 2005). Rappelons que ces deux incidents s’inscrivent dans une longue liste d’incidents analogues qui se sont produits tout au long des années 60 et 70. Il est piquant de souligner que l’un des plus spectaculaires, avec de nombreux témoins, eut lieu sur la base de Minot, en octobre 1968, trois mois seulement avant la publication du fameux Rapport Condon, qui tenta, avec un succès très provisoire, de fermer le dossier ovni, en déclarant qu’il n’y avait pas de menace sur la sécurité des Etats-Unis. Ces incidents répétés, qui se sont produits également dans d’autres pays, notamment en URSS, suggèrent très fortement que les ovnis, ou tout au moins certains d’entre eux, surveillent de près les installations nucléaires militaires, qu’elle qu’en soit la signification. Je suis tenté de croire, comme d’autres, qu’il y a là une sorte d’avertissement, qui pourrait être du genre : « Faites bien attention à vos armes nucléaires, c’est dangereux, et nous ne vous laisserons pas abîmer votre planète… ». Notons au passage que Jean-Jacques Velasco a mis l’accent avec raison sur cet aspect important du dossier ovni, dans son livre Troubles dans le ciel (Presses du Châtelet, 2007).

La troisième conférence qui mérite, à mon avis, d’être mise en avant, était celle du jeune historien Richard Dolan. Il avait déjà attiré l’attention lors de la publication en 2000 de son premier livre, intitulé UFOs and the National Security State (3), qui est une histoire des ovnis de 1941 à 1973, mettant l’accent sur le lourd problème du secret. Il prépare actuellement l’édition du second tome, qui amènera le lecteur jusqu’à la situation d’aujourd’hui. Avec cette conférence, il nous a livré les conclusions de son livre, dont la parution pourrait avoir lieu vers la fin de l’année. Ses conclusions sont, il faut l’avouer, impressionnantes et inquiétantes, car Dolan brosse le tableau d’un véritable pouvoir parallèle, disposant de budgets noirs considérables, pour des activités clandestines allant sans doute de l’étude secrète des ovnis accidentés, à la construction d’engins de plus en plus exotiques, et peut-être même jusqu’à un véritable programme spatial clandestin. Ce qui frappe chez Dolan, c’est le sérieux avec lequel il rassemble et articule ses arguments. Il présente aussi des réflexions intéressantes sur les conséquences possibles d’une éventuelle divulgation des secrets ovnis, qui ne seraient pas forcément bénéfiques. Il y a des raisons, en effet, de craindre des effets très négatifs, ce qui l’amène à supposer que le processus de levée du secret, s’il est inéluctable, n’est pas pour tout de suite. Dolan propose une fourchette entre cinq ans et vingt-cinq ans.

Ce tableau assez pessimiste de Richard Dolan n’est pas très éloigné de certaines thèses « conspirationnistes ». Disons qu’il y a, tout au moins, un « tronc commun » entre elles, même si certaines thèses s’aventurent beaucoup plus loin encore. Il y a aussi un tronc commun avec l’ « exopolitique », mais avec une différence non négligeable, car cette approche est globalement plus optimiste. Le mot « exopolitique », apparu il y a déjà quelques années, désigne la réflexion, dans un esprit positif et pacifique, sur les relations entre l’humanité et des civilisations extraterrestres.

L’un des pionniers de cette approche est le Dr Alfred Webre, un Canadien qui se présente lui-même comme un « futuriste, un avocat de la paix et un activiste environnemental ». Il est le directeur international de l’Institut pour la Coopération dans l’Espace. Sa conférence se terminait sur une « Déclaration », que j’ai trouvée sympathique, revendiquant pour l’humanité le droit de négocier directement avec d’autres civilisations. Une « déclaration des droits cosmiques » de l’humanité, en quelque sorte ! Cette vision très optimiste, voire utopiste, d’une future collaboration pacifique avec d’autres mondes, était partagée par un autre conférencier fort intéressant, Daniel Sheehan, chrétien de gauche, fondateur du Christic Institute qui est depuis deux décennies un cabinet d’avocats réputé dans la capitale, notamment pour la défense des droits civiques. C’est lui qui avait défendu, incidemment, le Dr John Mack lorsqu’il avait été mis en question par l’université de Harvard. Il serait trop long ici d’expliquer comment Sheehan a eu brièvement accès, à l’époque de l’administration Clinton, à des archives très secrètes sur des ovnis accidentés. Du moins est-ce ce qu’il affirme, et que mettent en doute, il va se soi, les sceptiques, mais il n’en a cure, visiblement. Quoi qu’il en soit, Daniel Sheehan a fait un exposé brillant sur les perspectives de déblocage de la question du secret, si toutefois le balancier politique américain se porte de nouveau à gauche au cours des prochaines années. Nous allons, dit-il, vers un nouveau paradigme, le huitième paradigme de la pensée politique, et il sera … « extraterrestre » !

Je n’ai pas envie de m’étendre sur d’autres conférenciers de cette tendance « exopolitique », dont certaines vues sont vraiment aventureuses, sans bases suffisamment solides, je le crains. Je pense notamment à Michael Salla et au Dr Steven Greer. Ce dernier a même fait une « révélation » qui paraît trop belle pour être crédible. Il a affirmé que son groupe « Disclosure Project » coopère actuellement avec un gouvernement européen pour préparer un contact « officiel » avec des extraterrestres. Et cela devrait des produire prochainement ! S’il dit vrai, nous n’avons plus très longtemps à attendre…

Il faut mentionner pour terminer un incident déplaisant qui s’est produit lors du panel final de la conférence. L’un des participants, le journaliste Richard Farley, s’est emparé du micro pour apostropher violemment plusieurs autres conférenciers, les accusant en substance de ne pas savoir de quoi ils parlent, que les ovnis sont un sujet très grave, et qu’ils se mêlent de choses qui ne les regardent pas. Evoquant Roswell, il a invité les journalistes à enquêter sur d’horribles expériences qui se cacheraient derrière tout cela. À ce point, j’ai échangé un petit sourire en coin avec Donald Schmitt qui se trouvait à côté de moi. Sa diatribe ressemblait, tout d’un coup, à la thèse hautement contestable de Nick Redfern dans son livre Body Snatchers in the Desert, selon laquelle les « aliens » trouvés à Roswell étaient en fait des prisonniers chinois handicapés récupérés à la fin de la guerre dans un camp japonais de Mandchourie pour poursuivre aux Etats-Unis les horribles expériences que les Japonais y avaient pratiqué. En l’occurrence, de procéder à des expériences d’irradiation en vol de ces malheureux à bord d’une aile volante de type Horten qui se serait écrasée près de Roswell ! C’est sans doute l’hypothèse la plus extravagante que l’on ait avancée pour expliquer Roswell.

Farley était invité pour évoquer le rôle qu’il avait joué en 1993-94 dans l’initiative de Laurence Rockefeller pour intéresser le Président Bill Clinton aux ovnis, à travers son conseiller scientifique, le Dr Gibbons. Or on sait aujourd’hui que Farley, de même que Jacques Vallée, avait tenté de court-circuiter Rockefeller pour se désolidariser de son soutien aux enquêtes sur Roswell, auxquelles il essayait d’intéresser Gibbons. Cet épisode a été relaté par François Parmentier dans son livre OVNI : 60 ans de désinformation (4). Cette fausse note de Farley a été pratiquement la seule à déplorer au cours de cette conférence qui, en dépit de son impact médiatique limité, a été globalement de bonne qualité.

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  1. (1) Thomas Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell. Unmasking the 60-Year Cover-Up (New Page Book, 2007).
  1. (2) LDLN, numéro 397, septembre 2007 (BP3, 86800, Saint-Julien-l’Ars).
  1. (3) Richard Dolan, UFOs and the National Security State (Keyhole Publishing Company, 2000).
  1. (4) François Parmentier, OVNI : 60 ans de désinformation, pp. 200, 201 (Editions du Rocher, 2004)
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Annexe

PRG

Paradigm Research Group

September 19, 2007

Press Release

Re: X-Conferences 2007, Gaithersburg Hilton, September 14-16

Washington, DC - X-Conference 2007, the third produced by

Paradigm Research Group, completed its program on Sunday,

September 16 at the Hilton Hotel in Gaithersburg, MD outside of

Washington, DC. The conference was written up in the Washington

Post at:

http://tinyurl.com/yvh6cr

The X-Conference focuses on the political, governmental and

social aspects relating to extraterrestrial phenomena. It is

part of an ongoing activist effort seeking to end a government

imposed truth embargo on formal acknowledgement of an

extraterrestrial presence engaging the human race.

Topics included the government imposed truth embargo, the French

COMETA report and the French CNES records release, UK documents

release, new Roswell witnesses, the Jimmy Carter ET studies, the

coming second volume of UFOs and the National Security State by

Richard Dolan, the Rockefeller Initiative toward the Clinton

administration to end the ET truth embargo, the recently

announced Walter Haut Affidavit, the Black Budget, the 1967

Malmstrom Air Force Base incident, the past and future of

exopolitics and more.

PRG Awards were presented to: Major Donald Keyhoe (lifetime

achievement - posthumous), Alfred L. Webre (lifetime

achievement), Frances Emma Barwood (political courage), Antonio

Huneeus (courage in journalism), Captain Robert Salas (USAF

ret.) (Disclosure Award).

The full international list of speakers and panelists included:

Stephen Bassett (Panel Moderator, Keynote Speaker); Gildas

Bourdais (France); Thomas Carey; Paul Davids; Richard Dolan;

Richard Farley; Steven M. Greer, MD; Paola Harris (Italy);

Antonio Huneeus (Chile); Paul Kimball (Canada); Bruce Maccabee,

PhD; Jaime Maussan (Mexico); Robert Miles; Nick Pope (United

Kingdom); Capt. Robert Salas (USAF ret.); Michael Salla, PhD

(Australia); Donald Schmitt; Daniel Sheehan, JD; Rob Simone;

Alfred L. Webre, JD. (Canada).

Full information can be found at the conference website:

www.x-conference.com

PRG Website: www.paradigmresearchgroup.org

Contact: Stephen Bassett, Executive Director

202-215-8344

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Légendes des photographies ci-dessus : de haut en bas : Conférence de presse au National Press Club à Washington. De gauche à droite : Michael Salla, Nick Pope, Richard Dolan, Stephen Bassett, Alfred Webre, Paola Harris, Antonio Huneeus, Jaime Maussan, Gildas Bourdais.

Le panel (vue partielle), avec, de gauche à droite, Richard Farley, Gildas Bourdais, Donald Schmitt, Nick Pope, Paul Kimball, Rob Simone, Jaime Maussan et Antonio Huneeus.

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