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Jacques ARNOLD (France).

Par Ananda

MYTHE

La lune orange se joue
dans le lacis des caténaires
et des pylônes
danse avec les lampadaires
brillants marlous veillant leur zone
en joue à joue
un tour de valse chaloupée
pas plus d'un au ras de la voie
histoire de se réchauffer.
Mais voilà qu'envoie
la lune ses baisers en zoom
sur groseille bouche charnue
dardant sa langue
gourmande à se mordre elle-même
façon de se dire je m'aime
en battant des yeux de plomb bleu
dessous une orange toison.
Ah ! palsambleu !
Si cette fille est lunette
la lune serait minette
de nos banlieues
femme qui fascine l'homme
Phoebé, Hécate, Artémis
ou bien Diane ou peut-être Isis
qui sait comment on la nomme ?
Dans le cocon de son mythe
l'astre s'est fait androgyne
poète envoûtant déesse
au coeur du train
déesse envoûtant poète
pour nuit d'hiver
être uni couple à  double sexe
en même cristal sonore
du froid grimpant acrobate
à l'échelle des caténaires.

in "Autre mythologie", éditions Rougerie, 1981,
reproduit dans la revue JOINTURE, N° 49, printemps 1996.

AVRIL DE PARIS.

Avril de Paris fredonne au coeur des passants
un air gai, un air triste
selon le site
selon le gîte
selon le rite.
Ciel gris de bleu non bleu de gris
il pleut, il neigeotte, il fait soudain grand soleil :
Paris ébloui d'avril chavire en lui-même
il met pour la noël d'avril poissons en crèches
et frétillant nouveau-né tout nu
en son avril Paris se douche.
D'une verte moire céruléenne
avril en foudre de martin-pécheur
zèbre les bords de Seine
où frémit dans les pierres
l'espoir fou des poètes
dont la moire avril a tranché le fil.
Sur les maisons le long des rues
monte un rêve de sève
et la fraîcheur des trottoirs voudrait fleurir
à l'envi des ramures
aux clairières des squares
dans chaque village de Paris.
Sur chaque visage de Paris
contre les soucis qui masquent dur les passants
avril soutient des paris de jouvence
des paris d'allégresse et des paris d'amour :
avril sonne clochette
avril tinte campanule
avril tonnant roule son baril.
Malgré les enfants qu'on assassine
avril se saoule de son babil
et quand l'oiseau pépie avril
avril fait éclater les bourgeons des fantasmes
qui allègent les pas, les cheveux, les regards
dans le vivre une heure avril au coeur de Paris.

in JOINTURE, N° 49, printemps 1996.


Jacques ARNOLD


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