Art brut :: art brut vs. satan

En 2005, les anglais d'Art Brut sortent Bang Bang Rock & Roll : on y découvre un punk moderne ultra-rythmé et comico-pathétique (si je puis me permettre) aux guitares spontanées et au chant quasi-parlé. Le charme est immédiat, l'originalité minimaliste des paroles rendant service à cette musique de brutes sans tympans. Ils reviennent en 2009 avec un troisième album, Art Brut vs. Satan. Cette fois-ci, le quintette se paie Frank Black, figure de proue des légendaires Pixies, à la production.
Art Brut vs. Satan s'engage dès les premières secondes dans l'univers simplet et loufoque de ces anglais barrés : Alcoholics Unanimous, que l'on traduirait par « alcooliques unanimes », est un morceau aussi drôle qu'efficace. On rit des mésaventures d'un ivrogne pas très aidé par son cercle d'entraide, et on braille avec joie un refrain entêtant sans jamais perdre le sourire. Après, il est vrai que la recette Art Brut est moins fraîche qu'à ses débuts : les chansons sont moins immédiates et on se lasse un peu du style sur pas mal de titres. Ainsi, DC Comics & Chocolate Milkshake, Demon's Out!, Slap Dash for No Cash et Twist and Shout (qui n'a rien à voir avec les Beatles) manquent de caractère, et on comprend que le génie du premier album ne peut pas durer éternellement.

Cependant, plusieurs chansons très sympathiques vous attendent au tournant. Le chant absurde de The Passenger (ou l'adoration d'un homme pour les transports publics) peut réveiller en vous une once d'intérêt, mais c'est sur la piste suivante, Am I Normal?, que le scénario amuse vraiment. Cette dernière chanson conte les mésaventures d'un loser qui rate chaque tentative de drague, l'une après l'autre : classique. Le ton plus soft de ce morceau se retrouve sur Mysterious Bruises, la finale de l'album, ode aux mystérieux bleus post-fête. Cependant, il est évident que l'appréciation de leur humour se fait selon le degré de compréhension de la langue.
Après, restent des titres beaucoup plus excitants que le reste, profitant de l'énergie vivace d'Art Brut que l'on chérissait tant : What a Rush, aux guitares géniales et aux braillements généraux ramène cet album un peu perdu sur le droit chemin, tout comme The Replacements, où le chanteur Eddie Argos s'émerveille d'avoir découvert ce vieux groupe de punk. C'est là du bon Art Brut, et on en aurait voulu plus. Summer Job, de son côté, fait la différence en s'armant de refrains proprement chantés. Blasphème.
Les plus :
- Une énergie immédiate sans complications, caractéristique du punk.
- Des textes loufoques.
Les moins :
- L'énergie et l'humour d'antan se perdent sur ce troisième album.
- Certains titres manquent d'originalité.
Verdict : Il semblerait que la recette magique d'Art Brut perd de son magnétisme sur Art Brut vs. Satan. Cependant, plusieurs morceaux restent très prenants. J'espère que ces génies du banal sauront faire preuve d'une plus grande inventivité dans le futur ; un retour vers le passé, en somme. Art Brut, ou quand l'inintéressant passionne.
6/10
1. Alcoholics Unanimous ■
2. DC Comics & Chocolate Milkshake
3. The Passenger
4. Am I Normal?
5. What a Rush
6. Demons Out!
7. Slap Dash for No Cash
8. The Replacements
9. Twist and Shout
10. Summer Job
11. Mysterious Bruises
Art Brut - Art Brut vs. Satan [Cooking Vinyl]
20 Avril 2009
Alcoholics Unanimous
What a Rush
The Replacements