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Obama : pas prêt ?

Publié le 03 septembre 2009 par Christophefaurie

Le nouveau correspondant de la BBC aux USA est décontenancé par le manque de rigueur et de rationalité du débat sur les réformes de la santé du gouvernement Obama. Il y voit un mécontentement populaire.

Les arguments échangés sont surprenants, parce qu’incroyablement stupides. Peut-être plus curieux : personne ne semble s’inquiéter de savoir si ses affirmations peuvent être contredites. La rigueur intellectuelle a déserté l’Amérique. Par exemple :

Le NHS, le système de santé anglais, est utilisé comme un repoussoir, la création d’un totalitarisme communiste dément qui laisse crever les faibles et les vieux. D’ailleurs, jamais Stephen Hawking n’aurait survécu s’il avait été soigné par le NHS. Eh bien, Stephen Hawking est soigné par le NHS, et par rapport à la plupart des indicateurs de santé le NHS est nettement meilleur que le système de santé américain. Et en plus, il coûte deux fois moins cher à la nation.

À vrai dire, cette irrationalité m’en rappelle d’autres, que je rencontre tous les jours. Par exemple celle d’un comité de direction effrayé par la situation de son entreprise. Je lui demande des preuves. Le directeur financier tire de sa sacoche un compte de résultat : croissance depuis plusieurs années. Les opinions étaient sans fondement. L’affaire s’est terminée lorsque le PDG de l’entreprise a annoncé une stratégie agressive, et ses raisons. Le comité de direction est sorti gonflé à bloc de la réunion. En fait, il reprochait à son PDG, peu présent, de ne pas s’occuper de lui.

Voici qui va dans le même sens : Jeffrey Sachs, lui, est atterré par la façon dont est traitée la réforme de l’environnement. M.Obama a laissé la bride sur le cou du Congrès, et les intérêts locaux ont triomphé et le projet de loi est un mélange invraisemblable et contreproductif de mesures incohérentes et sans priorité.

Pour Kim et Mauborgne, gourous du management, le rôle du dirigeant est d’écouter les dirigés, puis de prendre, en son âme et conscience, une décision en leur montrant qu’il les a compris, et la logique qu’il a suivie (« Fair Process»). Obama n’assume pas ce rôle.

La situation actuelle s’expliquerait, peut-être, ainsi : l’Amérique fait passer un test à Obama. Elle fait bouger l’avion afin de voir s’il a un pilote. Faute de réaction, l’agitation monte. Alors, Obama est-il arrivé au pouvoir avant d’être prêt à gouverner ?

Compléments :

  • L’Ambassadeur d’Angleterre avait raison : La logique d’Obama.
  • L’affaire du NHS peut-elle provoquer un incident diplomatique ? Un Anglais qui vit aux USA, et qui commente le billet de la BBC, se dit scandalisé et heureux de revenir bientôt en Europe ; The Economist s’est cru obligé d’entrer en lice : Keep it honest, Healthier than thou
  • M.McCormack, un spécialiste de la vente, dit que ce qui rend fou un client, c’est que son fournisseur ne se rende pas compte de ce qui le rend fou (MCKORMACK, Mark H., On Selling, Newstar, 1996.) M.Obama est peut-être bien dans cette situation.
  • J’ai déjà traité cette question, mais un peu différemment : Réforme du système santé américain : cas d’école.
  • L’attitude du peuple américain me ramène à une question dont j’ai déjà parlé : le populisme. Il y a deux stratégies face à la manifestation irrationnelle d’un peuple : l’encourager (populisme), en tirer des décisions fermes et « justes » (au sens de « fair » - leadership).

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