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Espagne : Juan Carlos doit défendre sa Couronne

Publié le 11 octobre 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

DECRYPTAGE RELATIO par DANIEL RIOT- Fête nationale espagnole en ce vendredi ! Rien d’exceptionnel en soi : c’est la loi du calendrier. Le 12 octobre, c’est la « jour de l'Hispanité ». Mais cette année, et pour la première fois depuis 30 ans, la Couronne doit se défendre contre une partie de la société politique espagnole. Car il n’y a plus de tabou : la monarchie est une composante parmi d’autres, donc soumise aux aléas des critiques…

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Au départ, rien de bien grave… On se souvient de la caricature coquine contre le prince Felipe et son épouse qui a fait quelques titres cet été…Mais la réaction protocolairement puérile de la justice et les protestations satiriques qui ont suivi ont désacralisé la famille royale, donc la Couronne et le Roi. Ainsi meurent les tabous !  

Chez les indépendantistes catalans (qui ont brûlé Juan Carlos en effigie avec un esprit d’irresponsabilité bien peu digne).Et dans d’autres rangs. Notamment dans les milieux où l’on garde une dent  contre Juan Carlos qui a tant fait pour que la transition du franquisme vers la démocratie soit une belle réussite. La droite ulta catholique demande son abdication. Carrément. Et ses critiques croisent celles des républicains qui eux veulent l’abolition de la monarchie.

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Ces feux croisés coïncident avec une remontée des pulsions des  micro nationalismes, notamment au Pays Basque où la violence terroriste veut faire régner un véritable état de guerre. Du coup,  « on » en oublie vite les mérites de ce souverain démocratiquement  irréprochable qui a permis à son royaume (moins monarchique que quelques républiques européennes) de connaître trente ans d’essor, de développement, de stabilité et d’influence internationale recouvrée. L’ingratitude, opium du peuple ?

Il ne faut évidemment rien exagérer. Ceux qui font du bruit ne sont pas majoritaires. Les Espagnols restent très attachés au roi, dans toutes les catégories de la population et la monarchie est l'institution la plus appréciée des Espagnols, après la police et l'armée, même si l'Espagne n'est sans doute pas peuplée de royalistes de cœur ou de conviction.

Mais tout de même :les débats s’animent et se multiplient. Dans un climat préélectoral qui n’est pas fait pour apaiser les esprits les plus vifs. C’est à un point tel que Jordi Pujol, président (nationaliste) du gouvernement catalan durant vingt-trois ans, voit dans les attaques contre le roi le symptôme d'une crise institutionnelle :  « la crise de confiance dans un système dont le roi est le sommet. Le roi est une partie, et une partie essentielle, du système. Et le système ne fonctionne pas. Pas par la faute du roi, mais il ne fonctionne pas ».

Alors, à travers les attaques contre la Couronne, la remise en cause du compromis de la « Transition », grâce auquel l’Espagne est sortie de sa nuit franquiste dans le calme ?  Pour l’Europe, il est évident qu’une Espagne tentée de jouer avec les feux (pas toujours éteints) de cicatrices  d’un  passé  (qui ne  passe pas toujours bien) serait un facteur d’instabilité dont personne n’a envie. D’autant, qu’une autre Maison royale  connaît bien des menaces en son Royaume, avec des histoires belges qui ne font pas rire.

Daniel RIOT


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