Magazine Poésie

La Belle

Par Guimond
À quatres pattes

À quatre pattes

Blême pépiement qui craint
Le retour de matous malins
Emporte en douce ton baggage
Vas-y fais-toi la malle au matin
Laisse-moi sagement du lavage
Oublie un slip dans mes affaires
Sans jamais plus te retourner
Sur le naufrage agonisé
Déserte-moi, déserte-moi!
Déserte-moi, éclipse-toi!!!

Au goulot une bière vaine
Loin de la meute envie de haine
Égale à mon égo devenu zéro
Après tout il est trop tôt
Vas ta route, lâche-moi le dos
Dégage la scène, du balai
Secoue ton col sur le remblai
C’est l’heure de tirer le trait
Déserte-moi, déserte-moi!
Éclipse-toi, éclipse-toi!!!

Sinon attends que je surface
Allumons quelques cierges
Sur notre autel encore vierge
Laissons dans la cire nos traces
Dans l’après-midi impeccable
En contre-plongée incessante
Nourri de pommes déformantes
Ton reflet accrochera mon parapluie
Plan de coupe sur ton sourcil
Retour sur la caméra fixe
Puisque c’est écrit :
Déserte-moi, je sais déjà
Que tu t’éclipseras!

Habillons nos marionnettes
Gonflées tels des vautours
De leurs plus beaux atours
Effaçant la mémoire de mouettes
Qui n’auront pas croqué la pomme
Tailladée comme le dernier homme
Par une fleur de silhouettes
Déserte-moi, déserte-moi!

Ressassons les restes de nos miettes
Par un soir de césure profonde
Sous une lune prête à éclore
Une qui respire de tous ses pores
À la recherche d’une métaphore
Une qui suppute de toutes ses plaies
Chaque désespoir à la ronde
Déserte-moi, déserte-moi!
Éclipse-toi, éclipse-toi!!!

Oublions nos années mortes
Et le mur de pierres jetées
À la mémoire gonflée de sortes
Du voyage qu’on ne pourra terminer
Sans se laisser naufrager
Sous de souveraines pressions
Au suc des caresses fortes
Déserte-moi, déserte-moi!
Éclipse-toi, éclipse-toi!!!
Déserte-moi, déserte-moi!!!

Convenons ensemble le pacte final
Pour nous étreindre sur un lac en miel
Dans le différend d’une goutte de fiel
Vas en paix, écoute mon cœur, fais-toi la belle
Nous avouerons un jour à d’autres
Qui nous fûmes avant que d’être
Sans profilement réellement racial
Comme un gonflement fatal
Avec mes larmes mesurées au mètre…
Déserte-moi, déserte-moi!
Éclipse-toi, éclipse-toi!!!


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