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Bayrou le diviseur

Publié le 08 septembre 2009 par Hmoreigne

 Mais non mais non, François Bayrou n’est pas mort. Tel le phénix, Le “troisième homme” de la présidentielle de 2007, laminé par un cuisant échec aux européennes, tente de revenir dans le jeu en se posant comme le candidat en 2012 des anti-sarkozystes. Tout comme Ségolène Royal, le président du Modem rêve de prendre la tête d’une large coalition arc-en-ciel.

Changement de stratégie pour le béarnais. Maintenant il faut qu’on se parle dit le député béarnais sur Canal + à l’adresse des partis d’opposition. Faute de pouvoir rallier sur son nom et l’introuvable centre, François Bayrou louche à gauche. “Une nouvelle stratégie pour un même dessein” résume de façon pertinente l’Humanité.

L’offre publique de dialogue à l’opposition pour bâtir une “alternance crédible” formulée dimanche, dans le discours de clôture de l’université d’été du Mouvement démocrate n’a que rarement suscité l’enthousiasme. A droite comme à gauche.

Jean-Christophe Cambadélis, tête pensante de Martine Aubry, estime que le leader centriste a raté une occasion de clarifier sa position et les socialistes ne sont pas plus avancés. Seuls Daniel Cohn-Bendit, Manuel Valls et Ségolène Royal ont fait part de leur intérêt et salué la démarche.

Comme le relève, sourire aux lèvres Patrick Devedjian, ministre de l’hypothétique Relance, le leader centriste “met le bazar” à gauche et rend service à la majorité. A gauche de la gauche justement, l’agacement l’emporte sur la raillerie. Jean-Luc Melenchon (Parti de Gauche) se désespére d’un PS irrésistiblement aspiré vers le centre. Les fiançailles annoncées avec le Modem lui apparaissent comme “l’alliance de la poêle et du chaudron”.

Difficile pourtant de prédire si l’idée de grande alliance socialo-centriste restera au stade d’hypothèse d’école ou, oà l’inverse, se concrétisera.

Manuel Valls qui ne fait plus mystère de ses ambitions personnelles s’est déclaré sur RMC, et BFM-TV, d’accord pour dialoguer avec le MoDem en vue d’un contrat présidentiel : “il faut bien tendre la main à d’autres, ceux qui s’opposent à Nicolas Sarkozy, ceux qui sont peut-être prêts à gouverner ensemble”.

Peut-on pour autant construire une dream team avec des culbutos solitaires ? Dans l’immédiat les faits donnent raison à Patrick Devedjian. François Bayrou constitue un réel facteur de division pour un PS dont les plaies venaient juste de se refermer aprés une université d’été à La Rochelle pour une fois réussie.

Perdre son âme pour gagner des élections, le dilemme n’est pas nouveau. Le fantôme hante depuis longtemps les couloirs de Solférino. C’est justement ce manque d’âme que beaucoup de français reprochent au PS.

Les Verts ne sont pas épargnés par l’effet Bayrou. A la différence de Cohn-Bendit, le député Vert Noël Mamère, estime que François Bayrou n’a pas encore clarifié sa position : “Il faut que le MoDem choisisse. Il ne peut rester au milieu du gué. Nous disons à l’électorat MoDem : ‘Bienvenue, mais sur notre projet !”. La nuance est de taille.

Divisions au PS, divisions chez les écolos François Bayrou n’en finit pas de semer la zizanie. Et l’arroseur risque bien de devenir l’arrosé. Le Modem, fils naturel de la droite, résistera-t-il à ces tiraillements ?

Le chantre du terroir propose une nouvelle cuisine électorale avec le risque d’être à la politique ce que Maïté est à la gastronomie. Original, mais pas consensuel.


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