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David Moncoutié, le plus atypique des coureurs français

Publié le 14 septembre 2009 par Jeanpaulbrouchon

Sur les hauteurs de Sierra Nevada, à 2380 m d’altitude, David Moncoutié passe en vainqueur la ligne d’arrivée de la 13°  étape du Tour d’Espagne. Huit jours plus tôt, au sommet de l’Alto de Aïtana, Damiano Cunego lui avait brûlé la politesse grâce à l’un de ses démarrages dont il a le secret. Cette fois Moncoutié tient sa victoire. Il consolide en même temps sa position de leader au classement des grimpeurs.

David Moncoutié coureur

Lorsque Moncoutié franchit la ligne d’arrivée, il n’a pas comme beaucoup d’autres de gestes ostentatoires pour montrer sa joie. Un sourire, le poing droit levé vers le ciel et c’est tout. Moncoutié n’est pas un coureur démonstratif. Il aime le vélo, c’est sûr mais son vélo à lui. Celui qui se pratique sans stress, sans avoir l’obligation de gagner en prenant des risques inconsidérés dans les descentes ou dans les pelotons ... 

Il est capable d’aborder dans les derniers une montée de col, de passer en tête au sommet et d’être parmi les derniers une fois la descente terminée. Jamais il ne s’est battu pour, épaule contre épaule, être parmi les premiers d’un peloton.  Il est rare de le trouver en tête d’un peloton. Sa position favorite c’est dans les derniers. Moncoutié est ainsi. Il faut l’accepter comme il est. Né  à Paris mais très vite, dès sa plus jeune enfance, il s’établit dans le département du Lot, dans un petit village tranquille, Biars-sur-Cère. Il y goûte le calme du paysage, le Causse lotois. Dans ce village, la vie s’écoule paisiblement. On travaille dans la célèbre fabrique de confitures ou on élève des chèvres pour le fromage local, le cabecou, ou on cultive le tabac et depuis peu la vigne.

Lorsque le jeune Moncoutié  tousse ou a un accès de fièvre, sa grand-mère part dans le Causse avec son petit panier d’osier et sa serpette cueillir des herbes qui serviront à confectionner des tisanes, seuls médicaments que s’autorise Moncoutié. D’ailleurs, au plus fort de la tempête du dopage, Moncoutié a souvent été cité en exemple comme étant un coureur sain.

Cette année, David Moncoutié  était au départ du Tour de France l’un des favoris pour le classement des grimpeurs. Il est passé complètement à côté du sujet. Il a bien participé dans la montagne à quelques échappées mais n’a jamais pu concrétiser ses espoirs. Pour effacer cet échec, il s’est motivé pour le Tour d’Espagne. Au cours de celui-ci, il est à ce jour, le coureur français le plus en vue de l’épreuve. Il devrait dimanche prochain à Madrid endosser définitivement pour la deuxième fois consécutive, le maillot grenat des grimpeurs. 

Loin de la fureur des médias, du gigantisme du Tour, Moncoutié trouve dans la Vuelta une épreuve à sa convenance. Il y excelle et s’y sent à l’aise. Ceci n’est pas pour surprendre. Nous savons tous qu’un coureur qui se sent bien dans une épreuve y donne toujours le meilleur de lui-même surtout quand il est le leader incontesté et incontestable de son équipe.

Agé de 34 ans, marié  à une actrice de théâtre, père de deux enfants, professionnel depuis 13 ans toujours au sein de la même équipe Cofidis ( un record dans le cyclisme actuel ) David Moncoutié doit maintenant choisir quel sera son avenir l’an prochain.

Pour l’heure il s’interroge. Doit-il continuer dans la carrière cycliste encore un an ? Doit-il, au contraire, mettre son vélo au clou et envisager un autre avenir professionnel auprès des siens dans la région de Toulouse ou il est établi ?

Sa performance dans le Tour d’Espagne ( car c’en est une très grande ) va peut-être l’inciter à courir une année supplémentaire mais en enlevant de son programme le Tour de France. Il doit donner une réponse définitive à son employeur avant la fin de la Vuelta. Cofidis souhaite le conserver dans son effectif et est d’accord pour aménager son programme de courses qui ne comprendra donc pas le Tour de France dans lequel il a remporté deux étapes.

On lui souffle au creux de l’oreille «  Reste encore un an, David. Les jeunes ont encore besoin de prendre exemple sur toi « Mais comme d’habitude, David Moncoutié décidera avec les siens de son avenir et une fois la décision prise rien ne le fera changer d’avis.

David Moncoutié est bien le plus atypique des coureurs français.


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