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La nouvelle UM/Posture de Nicolas Sarkozy : mesurer «l’indice du bonheur» !

Publié le 15 septembre 2009 par Kamizole

sarkozy-indice-du-bonheur-14-sept-2009.1253030491.jpgA franchement parler – ce qui n’est nullement le cas de ce menteur chronique, adepte du double voire quadruple discours, en fonction de son auditoire – avec ses palinodies Nicolas Sarkozy nous prend pour de vrais cons ! A défaut de savoir penser par lui-même, il possède à un très haut niveau l’art de s’approprier les idées des autres. Surtout celles qui sont à l’opposite de ses convictions ! Prendre à contre-pied ses adversaires et leur couper l’herbe sous le pied. Certains nommeraient cela «triangulation»…

Après la «politique de civilisation» d’Edgar Morin, dont il n’est pas certain qu’il ait compris un traître-mot, Nicolas Sarkozy s’inspire d’un rapport qui vient de lui être remis par Joseph Stieglitz - prix Nobel d’économie qui dirigeait avec l’économiste indien Amartya Sen, autre prix Nobel d’économie et l’économiste français Jean-Paul Fitoussi la commission d’experts chargée en 2008 par l’Elysée de mener une réflexion sur la mesure de la croissance – pour dénoncer aujourd’hui «la religion du chiffre»… Foin du PIB ! Sans doute l’indice du bonheur est-il plus facile à grappiller avec les dents que les 3 points de croissance qu’il nous avait promis.

Selon ce que j’ai lu hier sur le 12 :15 – supplément économique du Monde sur internet – Joseph Stieglitz aurait écrit qu’il «est temps que notre système statistique mette d’avantage l’accent sur la mesure du bien-être de la population que sur celle de la production économique (…) Il s’agit de compléter le PIB par “une série d’indicateurs”. Ces nouveaux instruments devraient notamment permettre de prendre en compte les activités non marchandes (comme le bénévolat), les conditions de vie matérielles, la santé ou l’insécurité, tout en reflétant davantage les inégalités diverses. La Commission plaide également pour des indicateurs prenant en compte l’environnement.».

Ces idées sont loin d’être nouvelles ! Le PIB - instrument de mesure strictement économique qui n’enregistre que les rapports marchands – est depuis longtemps contesté et contestable. Amartya Sen est d’ailleurs le promoteur de «l’économie du bien-être».

Or donc, Nicolas Sarkozy prend une fois de plus le mors aux dents. Souvenez-vous, l’an dernier à la même époque il fustigeait les marchés financiers fauteurs de tous les troubles économiques et sociaux. En conséquence de quoi il a fait tomber sur les banques une pluie de libéralités sans commune mesure avec ce qu’il a concédé aux particuliers endettés jusqu’à l’os et aux chômeurs dont le nombre ne cesse de croître.

Sans doute pour améliorer leur bien-être : «Heureux les pauvres»… Mais il oublie l’essentiel : «en esprit» ! Ce n’est à l’évidence nullement le sien, préoccupé jusqu’à l’obsession par «faire du fric» !

Qui peut croire encore aux promesses de Nicolas Sarkozy ? La seule chose dont il ne soit pas avare… «Tartarin» de l’Elysée, doublé de «Petit chose» et «Numa Roumestan» - pour le politicien promettant tout et ne tenant rien – mâtiné de Don Quichotte s’attaquant aux moulins à vents de la mondialisation…

Nicolas Sarkozy part en campagne – à moins qu’il ne la batte ! – et nous promet un combat sans précédent – David contre Goliath ? “La France se battra pour que toutes les organisations internationales modifient leurs systèmes statistiques […], la France proposera à ses partenaires européens que l’Europe donne l’exemple. La France va adapter son propre appareil statistique en conséquence”… Fermez le ban !

Ce sera comme tous ses discours à l’Onu, au G20, etc… Reçu avec une attention certes polie mais sans conséquence. Tout changer pour que rien ne change. Il suffit de voir les banques spéculer à nouveau, accorder des bonus faramineux à leurs traders, etc… Rien de contraignant n’a été décidé à Londres et il en sera de même lors de la prochaine réunion du G20. Ni les Américains ni Bruxelles ne souhaitent prendre réellement le taureau par les cornes. Jusqu’au prochain krach ?

Je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire en lisant deux commentaires de l’article du Monde Sarkozy dénonce la “religion du chiffre”. Le premier de O.bscurci (14.09.09 | 13h27) «Ce garçon ne doute de rien ! Après avoir dézingué tout ce qui peut ressembler à du qualitatif pour du quantitatif, v’la qu’il s’oppose à la religion des nombres. Il est tellement incohérent qu’un jour il va se désagréger»… Le second de Jacklittle (14.09.09 | 15h55) «Ah !ce type il est époustouflant, il nous sort de son chapeau autant de lapins qu’il veut. Ce n’est pas un chapeau, mais un clapier! Quel mec !!!!!».

:)

J’ai beau savoir que l’ambivalence fait partie de la nature humaine, portée à un tel niveau – le côté gauche du cerveau oublie ce que pense le droit cependant que la main gauche donne ce que la droite a déjà repris ! - cela tient carrément du «clivage» voire de la sarkophrénie galopante.

Force m’est donc de déconstruire le plus systémati-quement possible les grandes lignes du dernier discours de Nicolas Sarkozy. Sans doute le fait de l’avoir prononcé en Sorbonne lui est-il monté à la tête ? Il n’y professera jamais à moins de la transformer en «Université Mac-Do», tout à fait son niveau ! Après «l’horreur gastrono-mique», «l’horreur intellectuelle» ?

Que Nicolas Sarkozy s’attaquât à la «religion du chiffre» (de la « Bête» ?) a bien de quoi faire rire un cheval quand on connaît son obsession des quotas et autres objectifs quantitatifs…

Nicolas Sarkozy se souciait-il du bien être quand il prônait de «travailler plus pour gagner plus» ce qui s’est traduit par «gagner moins» le plus souvent sinon ne plus travailler du tout et gagner des clopinettes pour la masse des salariés mis au rebut. Rien de surprenant sachant combien Sarko fustige «l’assistanat». Il n’y a guère que les banquiers – et ses copains - a être outrageusement «assistés», avec nos sous, qui plus est !

Nicolas Sarkozy se soucie-t-il du bien-être de la population quand il éradique plus vite que son nombre des centaines de milliers de postes de fonctionnaires, fait fermer des écoles, des hôpitaux, des tribunaux, des casernes, etc… Oh ! que non point… Ses objectifs sont purement quantitatifs… L’Etat se (le) sert mais ne sert plus les citoyens. Même pas honte, leur fossoyeur en chef, de vanter les services publics !

Quel indice du bien-être quand l’âge de la retraite ne cesse d’être reculé ? Même pour les carrières dites «longues» - nombreuses sont les personnes de ma génération, celle qui arrive à l’âge de la retraite, à avoir travaillé dès 14 ans. Le bien-être selon Sarko doit être le travail jusqu’ à ce que mort s’en suive…

Sans même parler du niveau des retraites, peau de chagrin pour la plupart d’entre nous, bien loin des mirifiques «retraites chapeau» des dirigeants des banques – lesquelles s’ajoutent à leurs retraites normales qui doivent déjà être plus que confortables.

Quel indice du bien-être quand il veut généraliser le travail du dimanche ? Tout cela au nom de cette croissance uniquement des chiffres, celle-lâ même qu’il fait mine aujourd’hui de fustiger. Désagréger la vie familiale et sociale fait sans nul doute partie du bien-être de la population voulue par la «révolution» sarkoïdale qui emprunte beaucoup à la «Révolution nationale» de Pétain !

Quel indice du bien-être quand il tire à vue sur la Sécu ? Qu’il fait payer les malades pour les malades - philosophie du «forfait», lequel porte bien son nom ! Pour lui, qui dépense sans compter à grands coups de millions d’euros, qu’est-ce que 50 euros ? Pour moi et beaucoup d’autres, c’est une ou deux semaines de bouffe, parfois trois quand je dois me serrer la ceinture plus qu’à l’accoutumée.. Ya pas à dire, le bien-être de la Planète pauvre est tout particulièrement dans le sarkollimateur : Sarko tire à vue !

Quand il dérembourse les médicaments à tout va et préconise une hausse sans précédent du forfait journalier ? Vive les assurances privées, celles de ses grands copains du COUAC/40. Les pauvres mis à la portion congrue, cela participe incontestablement à notre bien-être.

Quel indice du bien-être quand les plus grosses fortunes sont protégées par le «bouclier fiscal» qui leur permet de se voir rembourser des sommes sur les impôts dont ils sont exonérés par ce petit jeu, associé de surcroît à de très lucratives «niches fiscales» ?

Ah ! ouiche, alors… Le bien-être des multimilliardaires est bien choyé par Nicolas Sarkozy… Ces dispositions les mettent à l’abri de la solidarité comme on l’a bien vu pour le financement du RSA.

Le bien-être selon Sarko : faire payer les pauvres, favoriser les riches. «Le profit de l’un est dommage de l’autre» énonçait Montaigne il y a 500 ans. Cela n’a jamais été plus vrai que sous le «règne» de Sarko 1er !

Depuis le score sans précédent d’Europe Ecologie aux élections européennes, Nicolas Sarkozy se pique de défense de l’environnement… D’où sans doute ce passage d’anthologie dans son discours d’hier : “Pendant des années, les statistiques ont affiché une croissance économique de plus en plus forte […] jusqu’à ce qu’il apparaisse que cette croissance, en mettant en péril l’avenir de la planète, détruisait davantage qu’elle ne créait. Le problème vient de ce que le monde, la société, l’économie ont changé et que la mesure n’a pas assez changé”.

La défense de l’environnement devait l’obséder au plus haut point quand il «portait» la loi approuvant sans réserves les OGM, y compris contre certains parlementaires de son camp… Et qu’il obligeait députés et sénateurs à revenir sur un amendement – pourtant adopté – qui visait à encadrer sinon interdire la culture des OGM en plein champ. Nul doute que le bien-être qu’il défendait ainsi était plutôt celui de la firme Monsanto qui avait bien su «intéresser» bon nombre de parlementaires de l’UMP…

On pourra reparler de défense de l’environnement quand Nicolas Sarkozy jettera toutes ses forces et celles des parlementaires de l’UMP pour faire interdire toutes les substances dangereuses utilisées dans l’industrie – ce que prévoit au demeurant la «directive Reach».

Le bien-être et la santé de la population autant que des personnes qui travaillent dans les entreprises qui les utilisent lui importe-t-il ? Permettez-moi d’en douter.

Quand il imposera un nouveau modèle agricole qui soit en rupture avec le productivisme, les cultures et l’élevage intensifs. La réforme de la PAC qu’il préconise n’en prend guère le chemin : c’est rien moins que les méthodes de l’industrie appliquées à l’agriculture.

La malbouffe qui en résulte participe certainement au bien-être de la population. Celle surtout qui n’a pas les moyens d’acheter «bio» sans de surcroît être bien certain que ce soit vraiment sain et naturel. Les margoulins n’ayant aucun scrupule : «par ici l’oseille !» étant leur seul credo.

L’excès d’engrais, de pesticides et le déversement de lisier – notamment en Bretagne où les «usines à cochons et autres poulets» se sont multipliées - participent incontestablement au bien-être de la population et à la préservation de l’environnement : la prolifération des «algues vertes» sur les côtes bretonnes ne tue plus seulement poissons, crustacés et autres coquilles Saint-Jacques. Désormais elle tue les chevaux et les hommes.

Aujourd’hui, les producteurs de lait préfèrent le jeter plutôt que continuer à être outrageusement exploités – ils perdent des milliers d’euros par semaine car ils produisent à perte en vendant au prix consenti - par les grandes firmes de l’agro-alimentaire et les grandes surfaces, leur complices dans la recherche du profit maximum.

Du côté consommateurs, nous achetons toujours plus chers des produits qu’ils payent de moins en moins cher aux producteurs… La même chose valent pour les produits laitiers (yogourts, fromages, etc…) autant que pour la viande, les fruits et les légumes… Des marges bénéficiaires qui explosent, c’est tout bon pour le bien-être des dirigeants de ses filières et de la grande distribution, la masse des intermédiaires, etc… Celui des consommateurs attendra !

Nicolas Sarkozy n’est guère plus crédible sur le plan des statistiques…

Même et surtout quantitatives. J’avais épinglé en son temps – le tripatouillage des statistiques pratiqué avec un art consommé en Sarkoland - la propension de son gouvernement et des administrations sinon à les truquer du moins à les garder sous le boisseau quand elles allaient à l’encontre des discours officiels ou dévoilaient de déplaisantes réalités.

“Il y a depuis longtemps un problème avec ce que nous calculons et avec la manière dont nous l’utilisons” (…)”c’est un fossé très dangereux parce que le citoyen a fini par penser qu’on le trompe”.(…) “Dans le monde entier, les citoyens pensent qu’on leur ment, que les chiffres sont faux et, pire, qu’ils sont manipulés, rien n’est plus destructeur pour la démocratie”.

«On nous cache tout, on nous dit rien»… sans tomber dans les absurdités et autres invraisemblances à la base de toutes les «théorie du complot» - lesquelles se nourrissent d’ailleurs du manque de transparence ! – force est de constater que le pouvoir cache la vérité – quand il ne ment pas carrément – plutôt qu’il ne donne aux citoyens les éléments susceptibles de les éclairer sur la pleine réalité des faits. Or, une information la plus objective possible est capitale pour nous permettre d’asseoir nos jugements et opinions.

Que Nicolas s’inquiète des grands mensonges qui mettent la démocratie qui mettent la démocratie en péril est du dernier risible quand on sait qu’il foule aux pieds ses principes même autant que les fondements des institutions censées la garantir et n’a de cesse des les contourner pour un face-face à face direct avec la population, posture qui tient de l’exercice personnel sinon dictatorial du pouvoir. S’y ajoutent bien évidemment ses mensonges à répétition…

Cerise sur le gâteau : Nicolas Sarkozy fustige, outre la «religion du chiffre» la notion même de statistiques en tant qu’elle donne des moyennes : “car la moyenne, c’est une façon de ne jamais parler des inégalités”

Certes, mais il existe des statistiques relativement précises sur la pauvreté. A part quelques miettes consenties aux retraités vivant avec le dérisoire «minimum vieillesse» et dernièrement 15 euros – quelle générosité ! – d’augmentation accordée aux handicapés survivant tant bien que mal avec «l’allocation adulte handicapé» (AAH) qu’a-t-il fait depuis deux ans pour améliorer le sort des plus déshérités ? S’est-il préoccupé seulement de leur bien-être ?

Je pense en particulier aux étudiants handicapés dont on a supprimé en août 2008 Etudiants handicapés boursiers : le grand mensonge des deux Valérie (Pécresse et Létard) le supplément de bourse au motif qu’il serait compensé par l’allocation spécifique servie par les départements alors que celle-ci a vocation à leur permettre de vivre et que le supplément de bourse servait à faciliter leur intégration et leur travail à l’université. Cela aussi ne participe-t-il pas à leur bien-être ?

C’est d’ailleurs d’autant plus scandaleux que je lisais dernièrement que nombreuses sont les «Maisons du handicap» à être «dans le rouge» et qu’il est à redouter qu’à terme elles ne servent plus aucune indemnité… Une fois de plus l’Etat ultralibéral - qui plait tant à Nicolas Sarkozy ! nonobstant ses discours «de gauche» à l’usage des abrutis – se défausse sur les collectivités locales et autres structures ad hoc de toutes ses missions de protection sociale, au risque des plus grandes inégalités selon que le département sera riche ou très pauvre.

Alors, qu’il ne nous ressorte pas une fois de plus son antienne sur la «religion du marché» “qui, par principe, a raison”. “Le marché, dans lequel je crois, n’est pas porteur de sens […] de responsabilité […] de projet […] de vision. Les marchés financiers encore moins, à force de faire comme si toute la vérité était dans le marché, eh bien on a fini par le croire.”

Qu’il parle pour lui ! Je n’ai jamais sacrifié à l’idéologie de marché, bien au contraire ! et je suis loin d’être la seule. Le marché stricto sensu n’est qu’un instrument d’échanges commerciaux qui a bien entendu son utilité dans ce cadre mais il ne devrait être d’aucune façon un objet de culte ni être censé organiser tous les aspects de la vie sauf à être une idéologie. Ce qu’il est devenu sous la houlette des ultralibéraux et de politiciens tels que Nicolas Sarkozy qui longtemps ne jura que par lui.

Vous ne me ferez jamais croire que Nicolas Sarkozy a changé ni qu’il se préoccupe du bien-être de la population dans son intégralité. Sinon sa politique économique et sociale serait fort différente. Seuls l’intéressent son propre bien-être et celui de ses amis possédants.

Le reste n’est qu’UM/Posture et pipeau à l’usage des gogos. S’il arrive à les persuader, tant pis pour eux.


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