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Shrink

Par Sylvainetiret
L’homme qui ne rétrécit pas

En compétition au Festival du Film Américain de Deauville 2009, c'est au tour de « Shrink », un film de Jonas Pate en 2009 d'entrer en lice. La présence Kevin Spacey au générique fait qu'on abandonne pour quelques instants le soleil enfin revenu pour aller s'enfermer encore une fois au lieu d'aller flemmarder sur la plage, mais il faut bien avouer que l'envie poussait plutôt vers la seconde option. Enfin, on est là pour le cinoche, alors cinochons mon brave.
Henry Carter (Kevin Spacey) est un célèbre psychiatre d'Hollywood. (On fait progresser en passant sa connaissance de l'anglais en apprenant que « un psy » se dit « a shrink ». N'ayant volontairement pas lu le pitch du film avant de me rendre en séance, je pensais bêtement qu'on allait y rétrécir quelque chose …). Il est lui-même en assez mauvais état depuis le suicide de sa femme, dormant sur son canapé, ou au bord de sa piscine, tout habillé, fumant cigarette sur pétard, et inversement. Outre son livre à succès « Comment ne pas être triste », il a une collection de clients du show business, essentiellement du milieu du cinéma. Jusqu'à ce qu'il se voie confier le cas d'une jeune collégienne mal dans sa peau qui sèche l'école régulièrement depuis le décès de sa mère.

Le suivi de ses différents patients, d'abord bien cloisonné, finit par évoluer en une curieuse intrication des projets de chacun, …Le quotidien d'un psy n'est pas très drôle, surtout quand il doit remonter le moral d'un certain nombre d'olibrius qui finalement ne vont pas beaucoup plus mal que lui. Il a beau essayer de s'investir lors de chacune de ses séances, la douleur de son deuil, la lassitude, la vanité des choses, le rattrapent à toute allure. Au point que c'est son dealer d'herbe qui semble être le dernier confesseur qui le retient devant le gouffre. En fait, pas tout à fait le dernier. Car la jeune Jemma (Keke Palmer), la collégienne turbulente, fait aussi office de ballon d'oxygène. Et le travail de deuil dans lequel il l'accompagne se retourne vite en son propre travail de deuil à lui.
Qu'est-ce qu'on apprend de tout ça ? Qu'être psy ne sauve pas. Que la cure du client participe à la cure du médecin. Qu'il ne faut désespérer de rien. Qu'on peut trouver de l'aide de situations et de gens inattendus. Qu'il faut faire aussi attention à la qualité de l'herbe. Que dormir dans son lit est un signe de guérison. On a vu enseignements plus originaux dans le cinéma étatsunien. On passera sous l'anecdote les prestations ponctuelles de Robin Williams et d'Aaron Eckart (il m'a semblé que c'était lui). L'essentiel repose sur Kevin Spacey, omniprésent, sur le mode à la fois torturé et désabusé. Pas facile de faire les deux à la fois, mais il s'en sort finalement pas trop mal. La petite Jemma joue dans le même registre, avec une note supplémentaire de révolte. On frise le complexe. J'exagère, elle est parfois assez touchante.
La réalisation n'a rien de vraiment transcendant, ni de lassant non plus d'ailleurs. Elle fait son boulot, sans plus, sans fioriture, mais sans grosse catastrophe non plus. Autant dire qu'on l'oublie assez vite pour se concentrer sur l'histoire, qu'on s'empresse d'oublier aussi d'ailleurs.
Au bout du compte, un petit moment de détente pour qui s'intéresse à la vie privée de son psy, un doux moment de sieste pour les autres.

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