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L’idéal des écologistes : le SDF, par Jean Robin

Publié le 18 septembre 2009 par Roman Bernard
Si nous vivions en conformité avec nos idées, peu d’entre nous vivraient comme ils vivent. En effet, il est aisé de parler, mais plus dur d’agir, tout comme il est aisé de critiquer, mais plus dur de faire. Faire ce que l’on dit, et dire ce que l’on fait, cela relève le plus souvent de la discipline, de l’ascèse et de la volonté les plus farouches, dont peu d’entre nous sommes capables. Toutefois, on pourrait admettre que plus une personne, un mouvement ou un pays parle fort, donne des leçons au reste du monde et se drape ce faisant de vertu et de gloire, plus cette personne, ce mouvement ou ce pays devraient montrer l’exemple, en appliquant eux-mêmes d’abord les principes, les leçons et les objurgations distillées ici, là et même ailleurs sur un ton la plupart du temps comminatoire, voire légèrement dictatorial.
Or, si l’on prend (au hasard bien entendu) l’exemple des écologistes, et du mouvement dit vert (quelle jolie couleur, source de tant de bonheurs à venir), mettre leurs actes en accord avec leurs paroles signifierait, purement et simplement, leur « SDFisation », si vous me pardonnez cet affreux néologisme. Oui, nos bobos carburant au bio et au lait de soja, se retrouveraient instantanément des SDF, bien sales et bien désocialisés, cherchant où crécher le soir, et où manger à midi.
Le SDF mange peu, voire pas du tout certains jours, n’a pas de maison (lapalissade) et protège donc ainsi la planète des affres de la surconsommation, et même de la consommation tout court. Point de bains, encore moins de douche, et donc de pipi sous la douche pour économiser l’eau qu’il n’utilise jamais. Point d’électricité, ni pour se chauffer, ni pour s’éclairer, ni pour regarder la télé, le nucléaire et ses affreux déchets radiozactifs deviennent superflus. Point de livres, constitués de bois venant directement d’Amazonie (poumon de la planète je vous le rappelle) ou d’ailleurs, donc point de pollution ni de destruction de la nature.
Le SDF n’a que faire des voitures, des trains, des avions qui polluent tant : il ne les prend jamais, préservant ainsi ce que nous avons de plus précieux, notre mère la Terre. Quant aux vacances, sports d’hiver, à la plage ou en thalassothérapie, qui génèrent tant de pollution et de destruction de Gaïa notre déesse vivante, le SDF n’en prend jamais puisqu’il n’en a ni l’envie ni les moyens. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il pollue en allant au travail, en photocopiant des rapports pour son patron, ou en servant le café à ses collègues, puisqu’il n’a pas plus de travail que de vacances. Enfin, le SDF ne se reproduit pas, et ne contribue donc pas à la surpopulation qui engendre tant de pollution, de destruction de notre habitat et de celui des petits animaux tout mignons dont une si grande partie disparaît chaque jour sous les coups imparables et néanmoins hostiles d’une société capitaliste menée et minée par un sentiment de puissance lié à son désir insatiable de consommer tout, tout de suite et tout le temps.
Le SDF n’a qu’un seul défaut : il respire, ce qui fait émaner de lui des molécules de l’infâme CO2. On peut donc dire qu’il contribue à l’effet de serre, d’autant qu’il doit aussi péter de temps en temps, lâchant ainsi des molécules d’un gaz malodorant mais surtout tout aussi polluant et qui contribue à l’effet de serre et au réchauffisme climatique.
Derrière tout discours écologiste, derrière toute manifestation verte, derrière tout Daniel Cohn-Bendit, il y a un SDF qui sommeille, et qui s’ignore. J’espère avoir rendu consciente cette politique noble, saine et qui fera la gloire d’Augustin Legrand : demain, l’écologie triomphera et nous serons enfin tous des SDF !
Jean Robin
Criticus, le blog politique de Roman Bernard.
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