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Didi en Asie IV : Visiter un pays de cul.

Publié le 23 septembre 2009 par Wilverge

Didi en Asie IV : Visiter un pays de cul.

Sihanouk Ville, Cambodge.
Assis sous le toit du restaurant de l'hôtel à observer le ciel fâché de la mousson, on se dit que le moment est gâché par la température. Ma mère qui voulait voir l'eau turquoise du golf de Thaïlande doit être déçue; la mer est grise et agitée.


Sauf qu'elle est contente, malgré tout. En plus d’être avec son fils et sa belle bru, le temps est reposant pour une mère en vacances. Lecture, écriture de son journal de voyage (le plus à jour que j'ai vu), le petit café du matin sous la brise maritime, un BBQ de viande et poissons frais le soir et pas de vaisselle.
Le quotidien n'est pas trop dur sous l'averse qui dure encore.
En fait, la pluie ici, tout le monde semble s'en foutre. La mousson, c'est une saison. Ça fait partie de la vie depuis des lunes. C'est comme l'hiver, chez nous. Sauf qu'ici, c'est différent…
Les enfants continuent de vendre leurs bracelets et colliers aux touristes sous l'invisible pression parentale. Ils sont sympathiques, attachants, la plupart sont des petits vites même en anglais. Mais doit-on acheter aux enfants?
Une dame détrempée parcourt les kilomètres de sable aller-retour dans l'espoir d'échanger l'un de ces beignets qu'elle porte sur sa tête contre quelques riels.
Un jeune d'environ 10 ans a acheté « Le Cambodian Post » et tente de le vendre un peu plus cher, histoire de faire un subtil profit. L'argent ira probablement à son père.
Un monsieur aux jambes disparues repasse pour la deuxième fois aujourd'hui. Les gougounes dans les mains, il fraie son chemin à travers les obstacles usant peu à peu son couvre fesses grossièrement cousu dans du caoutchouc. Un peu d'argent pour manger, demande-t-il nous arrachant le cœur à chaque fois.
À la brunante, un père étend son filet à travers les roches. La première pêche semble bonne. Sa fille l’aide. Trempés, ils récoltent les petits poissons et les crabes qui sont pris au piège. Mais ce n'est jamais assez, il a une famille à nourrir. Il démêle les cordes et recommence jusqu'à la noirceur.
Et il fait noir, et puis on se dit, « tabarnac, on ne peut pas tous les sauver… » histoire de se déculpabiliser un brin d'être né au bon endroit et d'avoir un drink à la main.
La misère, ça rentre dedans, ça tord le cœur. Visiter les pays pauvres, ou du tiers-monde, ou en voie de développement, ou les pays de cul, dites-le comme vous voulez, ce n'est pas toujours évident. C'est dans ces pays où voyager prend tout son sens ; où être touriste est un acte sérieux qui a des influences économiques, environnementales et sociales, bonnes et mauvaises.
À Sihanouk Ville, un artiste espagnol est venu peindre la beauté de l'endroit et s'est rendu compte que les jeunes de la plage avaient bien envie de s'exprimer eux aussi. D'année en année, il est revenu peindre avec les enfants et en 1996, une O.N.G. est née.
Le Cambodian Children's Painting Project (www.letuscreatecambodia.org) fournit aux enfants de la rue, qui ici sont les enfants de la plage, une occasion en art.
Ce n’est pas compliqué, c'est génial. Les enfants sont libres de venir quand ils le veulent. À quelques mètres de la rive seulement, un modeste établissement les accueille.

Didi en Asie IV : Visiter un pays de cul.

Ils doivent peindre, c'est l'activité première. Les tableaux sont vendus 4$, dont 2$ sont remis directement à la famille du jeune tandis que le reste va dans le fond communautaire de l'organisation. Les dons et la pension que paye les bénévoles s'ajoutent au lot et l'argent amassé est utilisé à plusieurs fins, notamment offrir à tous les gamins la chance d'aller à l'école en payant les frais et en fournissant l'uniforme et le matériel. Je ne vous parle même pas du milieu communautaire sain que cela crée, des opportunités d'apprentissage offertes à ces jeunes défavorisés, des deux repas par jour fournis gratuitement et de l'accès à des soins médicaux et dentaires…
Didi en Asie IV : Visiter un pays de cul.

Cette manie d'acheter des souvenirs et l'espèce d'obligation non écrite d'avoir à ramener des cadeaux des voyages peut-être fait de façon intelligente. Au Cambodge, il y a un bon nombre de boutiques dont les profits sont utilisés à bon escient. Le CCPP en est un bel exemple.
Ça vaut la peine de chercher un peu avant d'acheter.
-Will.


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