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L'Argentine, première "franchise nationale" ?

Publié le 23 septembre 2009 par Ansolo

A ce stade, on ne peut formuler que conjectures et supputations. Mais la décision de la SANZAR d'accorder une place aux "Pumas" au sein des Tri-Nations (donc Four-Nations à compter de 2012) devrait très largement modifier les relations entre l'Argentine, ses joueurs et le reste de la planète ovale.

Depuis leur beau parcours en coupe du Monde, il y a maintenant deux ans, les sud-américains ont confirmé qu'ils faisaient bien partie des meilleurs joueurs du monde. Leur sélection, encore à la peine face aux monstres Néo-Zélandais et Sud-Africains, rivalise avec toutes les équipes de l'hémisphère nord. On pensait d'ailleurs que les Pumas intégreraient le Tournoi des six nations plutôt que son pendant sudiste.

Mais l'IRB, soucieuse de rééquilibrer une balance des pouvoirs penchant trop au nord, en a décidé autrement.

Avec cette intégration au sein des Tri-Nations, l'Argentine devrait pouvoir monter encore en puissance au sein du gotha international. Cela ne se fera pas sans mal, car affronter à la suite et à plusieurs reprises les trois ténors ne sera pas une sinécure. Mais on peut légitimement penser que le niveau de jeu des Pumas devraient largement bénéficier de ces séances de formation sur le tas...

Cette perspective n'inquiète pas seulement les supporters Français (qui se disent qu'avec ce régime sudiste, la bête noire du XV de France ne risque pas de mourir de sitôt), mais aussi et surtout les dirigeants des clubs de l'hexagone. Car le calendrier de la compétition australe devrait imposer aux joueurs Argentins de partir avec leur sélection alors que le Top14 sera déjà largement entamé. Certains ont déja calculé que les internationaux manqueraient une dizaine de journées, les premières qui plus est, quand se construisent la cohésion d'un groupe et les automatismes. Il n'est donc pas certain que les clubs soient tentés d'enrôler un Leguizamon ou un Roncero dans ces conditions.

 Que vont devenir les joueurs Argentins ? Ils parait peut concevable qu'ils puissent évoluer au sein du championnat Argentin, trop faible, ou dans une franchise made in Argentina dans le cadre du Super14. Cette dernière option n'est pas suffisamment intéressante financièrement pour les bailleurs de fonds de cette compétition.

Quant aux franchises déjà engagées dans ce championnat, il leur faudrait ouvrir leurs portes aux étrangers, ce que les Australiens et surtout les Néo-Zélandais ne semblent pas prêts à faire, du moins pas dans des proportions permettant d'accueillir tous les candidats à la sélection argentine.

Il n'y a guère de solutions. L'IRB évoque une participation à la Currie Cup d'équipes argentines, mais cela ressemble à une idée lancée en l'air plus qu'à un véritable projet. On peut de demander si l'équipe des Pumas ne va pas devenir une sorte de franchise, qui aurait sous contrat ses internationaux, et qui les "louerait" à des clubs pendant les périodes sans test-matches. Les contrats pour des demi-saisons, à la Dan Carter, pourraient alors être privilégiés.

Ce système, proche finalement de ce qui se fait dans les trois grandes nations de rugby de l'hémisphère sud, verrait la fin d'une belle histoire, celle qui lie le rugby hexagonal à ces gauchos venus l'enrichir de leur culture, de leur personnalité et de leur talent.

Il y a une relation très particulière entre les joueurs Argentins et la France. Cette relation qui a fait dire à certains, au moment de la Coupe du Monde, que les Pumas venaient mordre la main qui les avait nourri, et à d'autres, moins bornés, que les représentants du rugby Argentin ne pouvaient rêver meilleure occasion de montrer à la France combien ses entraineurs avaient bien travaillé et avaient eu raison de leur faire confiance. Et au fond, ces Argentins râleurs, gouailleurs, un peu hâbleurs sur les bords, on les aime bien, car ils nous ressemblent.

La décision d'intégrer les Pumas au prestigieux Tri-Nations va assurément faire basculer le rugby Argentin dans une nouvelle ère.

D'un certain point de vue, il n'est pas sûr, finalement, que cela soit une bonne nouvelle. 


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