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Mardi 15 septembre 2009, à 21h30 sur la chaîne PLANETE : "LE SEXE AUX TEMPS PREHISTORIQUES" .

Par Ananda
Voici un documentaire britannique qui a de quoi fouetter notre curiosité. Il cherche à faire le point sur nos connaissances actuelles en matière de sexualité préhistorique.
Ses questions ? "Les relations sexuelles ont-elles toujours été les mêmes depuis  deux millions d'années que l'espèce humaine existe ? " et, surtout, "quand les Homo Sapiens ont-il commencé à établir un code des relations sexuelles ? Quand le sexe est-il tombé sous le contrôle de la société ?"
A cela, les savants répondent (ce qui ne nous étonnera pas) : "les indices concrets sont minces".
Mais si l'on cherche, malgré tout, à se faire une petite idée, on dispose de trois points de départ, de trois pistes de réflexion : "notre anatomie, divers comportements animaux et, bien sûr, les restes archéologiques".
Un préhistorien nous assène (qu'on se le tienne bien pour dit) que "le cliché de l'homme préhistorique tirant sa femme par les cheveux est complètement discrédité" (à la bonne heure !).
En 1958, près de Dolni-Vestonice, en pleine Europe Centrale, a été découverte une sépulture "rarissime et unique" d'il y a 26 000 ans, où se trouvaient inhumées trois personnes côte à côte, dont l'une révélait qu'un coup avait été porté à ses organes génitaux.
Les spécialistes s'efforcent de nous replacer dans le contexte; ils expliquent : "à cette époque, les Hommes vivaient en groupes d'une trentaine d'individus. Plusieurs fois au cours de l'année, ils retrouvaient d'autres tribus, toutes originaires d'une région très vaste, qui s'étendait de la Russie jusqu'à la Bretagne; Dolni-Vestonice (Tchécoslovaquie) était un point majeur de rencontres, de rassemblement".
Les travaux que le célébre paléontologue Eric Trinkaus a mené sur la fameuse tombe ont permis de déterminer qu'on avait, là, affaire à trois individus "âgés de dix sept à vingt trois ans". La disposition des corps montre un corps de femme flanqué de deux dépouilles de sexe masculin. Curieusement, en ce qui concerne la femme, on a pu établir qu' "il s'agissait d'une femme qui ne pouvait pas mettre d'enfants au monde". Pour le reste, tous les indices laissent penser à une "mort brutale", suivie d'une "inhumation rapide". Une "éxécution commune" est aussi soupçonnée.
De quoi s'agissait-il ? "D'un crime sexuel"? D'une punition pour un "acte atroce", ou, à tout le moins, pour une grave transgression ?
D'après les savants, il nous faut renoncer à l'idée et au mythe d'un quelconque "Eden sexuel".
Ceci posé, faisant appel à l'éthologie animale, les spécialistes font remarquer que nos plus proches parents animaux actuels, les chimpanzés bonobos, copulent déjà spontanémént face à face et que, par conséquent, rien ne nous permet de douter que nos lointains ancêtres n'aient pas adopté les mêmes positions sexuelles que nous .
A ne pas oublier : "depuis 26 000 ans, notre cerveau n'a guère évolué".
Explication fort instructive : "l'Homme produit une hormone appellée ocytocine pendant l'acte sexuel, et même durant une simple étreinte". Or on sait maintenant que l'ocytocine est "l'hormone de l'attachement". C'est donc elle qui a tendance à prédisposer aux relations durables entre partenaires sexuels. L'ocytocine serait (est) donc la mère du couple ! Il est plus que probable, dans de telles conditions, que les Hommes de l'Âge de pierre "connaissaient l'Amour", l'attachement sentimental.
Reste qu'il y avait tout de même une ombre à ce tableau idyllique : les scientifiques pointent du doigt les testicules du mâle humain, lesquels s'avèrent être "plus gros que ceux des autres mammifères"; d'où, parallèlement à l'attachement, de très fortes tendances à l'infidélité. Pour résumer le tout, les savants parlent de "course à la reproduction", tant chez les hommes que chez les femmes. L'Homme devait - et ce n'était pas une mince affaire - résoudre la contradiction gênante, obsédante entre son besoin d'attachement et les pulsions qui le portaient à l'infidélité. Ce n'est que par cela que, selon les savants, "la naissance de la notion de fidélité" s'explique : il fallait réguler tout ça, sans doute pour éviter les conflits, qui auraient menacé la solidarité, donc la survie même du groupe.
Ce qui est certain (jusqu'à nouvel ordre), c'est que tous les indices archéologiques à connotation fortement sexuelle sont plus ou moins contemporains de la triple sépulture de Dolni-Vestonice. Il s'agit de "statues de femmes obèses, aux cheveux courts, dites "Vénus", affublées de seins, de hanches et de cuisses hypertrophiées", dont on se demande toujours (on se le demandera sans doute encore longtemps) si elles figuraient des "déesses-mères", des "pin-up préhistoriques" ou bien des "oeuvres d'art".
Selon les préhistoriens "tout semble indiquer que les femmes participaient autant que les hommes à la chasse" et que "l'égalité des sexes était bien plus développée que nous le pensions". Ils insistent, catégoriques : l'un assure qu' "il y avait toujours un certain niveau d'égalité des sexes", l'autre surenchérit en soutenant que "l'égalité était largement appliquée dans les clans".
Entre 20 000 et 30 000 ans, les statuettes de "Vénus" foisonnaient entre l'actuelle Russie et l'actuelle France. Les statues masculines, en revanche, étaient d'une rareté étonnantes. "La première statue d'homme découverte était une marionnette", nous apprend, quelque peu jubilante, une préhistorienne.
Ces "Vénus" omniprésentes n'ont pas fini de susciter des hypothèses : elles trahissent, certes, une "fascination pour le corps féminin" plus qu'évidente et évoquent également "la fertilité". Pourtant, il est un fait étrange, qui a de quoi interpeller : "on ne les trouve ni dans les autels ni dans les temples, mais au contraire dans des déchets, où elles sont souvent cassées". De cette constatation est née l'hypothèse des "pin-up préhistoriques", étayée par le fait que "la vulve (des statuettes) est très détaillée mais leur visage, inexistant". Ce sont des femmes sans visage...en même temps qu'hyperséxuées, des stéréotypes de femme dont on nie (?) le caractère d'individus. "C'est un objet qui provoque le désir", en déduit un spécialiste. Une autre version est cependant tout aussi plausible, peut-être : "rien ne nous dit que ces Vénus ont été sculptées par des mains masculines". Il peut très bien s'agir d'autre chose, pourquoi pas, par exemple, d' "outils pédagogiques" sculptés par des femmes en vue d'assurer l'éducation sexuelle, l'initiation des adolescentes ? "Culte ou pornographie ?", le mystère, en, tout cas, demeure bien opaque.
On trouve aussi des bas-reliefs rupestres de la même période qui suggèrent des formes de vulves "stylisées, schématiques, incomplètes". Mais, sur ce chapitre, les savants se hâtent de nous exhorter à la plus absolue des circonspections : "tout ce que nous découvrons de l'époque est interprêté par notre regard, et cela pose un gros problème". Nous avons des objets, parfois de vagues signes, que nous essayons de faire parler, et voilà tout. Comment comprendre des Hommes sans entrer dans leur univers mental , social ? Ils n'avaient pas d'écriture et, même quand les anciennes civilisation nous transmettent un peu d'elles-mêmes par le biais d' une écriture déchiffrée, nous sommes toujours à la merci des malentendus, des interprétations biaisées, voire de nos propres fantasmes. Comprendre une autre culture - quelque soit son âge - c'est toujours "toute une histoire".
Ce qui toutefois (pour en revenir à notre sujet proprement dit) reste vraisemblable, c'est qu'il y a 25 000 ans, un changement a dû se produire dans les groupes paléolithiques : "des règles se sont mises à régenter la sexualité". Les clans, nous précise-t-on étaient disséminés ("un habitant pour 1000 Km2"). Quand ces petits clans se retrouvaient, se réunissaient (comme il a été dit, déjà, plus haut), il y avait certainement des échanges sexuels (bien utiles, si l'on voulait éviter la consanguinité). Le site de Dolni-Vestonice, par exemple, "était un lieu de communication, d'échanges de marchandises, d'alliances, d'échanges sexuels". Sur ce genre de lieu qu'on appelle "lieu d'agrégation", les assemblées étaient assez nombreuses (100 à 200 personnes) et cela perturbait forcément l'équilibre sexuel de chaque clan. D'où le besoin de plus en plus pressant d'un "contrôle des moeurs" accru, qui ne manqua pas, à ce moment, de naître.
Et la sépulture, dans tout ça ?
On y vit que la main de l'homme disposé à gauche avait été intentionnellement placée sur le pubis de la femme couchée au centre, tandis que celle de l'autre homme, celui de droite, avait été placée sur le bras de cette dernière. "Il semble ici, en conclut-on, que la position de chaque corps ait un sens".
Outre le fait qu' "une couche de poudre d'ocre recouvre les trois têtes" (l'ocre pourrait avoir une signification sexuelle), des coquillages reposent à côté du squelette de l'homme de gauche (marque d'appartenance à un clan ?), cependant qu'un pieu se trouve fiché en travers de ses organes génitaux; un couteau en silex est, quant à lui, dirigé droit vers le sexe de la femme. Bien des choses suggèrent, on le voit, que "l'homme de gauche se serait immiscé dans le couple" (le fait qu'il ait été placé à gauche n'est peut-être pas anodin, le côté gauche représentant, pour la majorité des êtres, et des cultures humaines, le Mal). Il s'agit là, à coup sûr, d' "un message envoyé à toute la communauté, d'une mise en scène funéraire qui cherche à avoir valeur d'exemple". Tout ceci témoigne, presque sans l'ombre d'un doute, de l'existence de "règles déjà strictes bien avant les premières civilisations". Le fait que "les communautés croissaient" y est certainement pour quelque chose.
Nous passons maintenant à une autre période, nettement plus tardive : voici 8000 ans, le "recul des glaces" et la remontée des températures favorisèrent la naissance de l'élevage et de l'agriculture.
L'heure est, désormais (du moins au Proche Orient), à la sédentarisation des communautés.
La (vraisemblablement) première ville du monde se trouve en Turquie. Pas moins de 8000 personnes s'entassaient déjà dans la cité de Catal Hüyuk, qui a livré des "strates de 20 mètres d'épaisseur". Les gens y ont séjourné durant 700 ans, puis, on ignore bien sûr pourquoi, "le site a été abandonné".
Les premières fouilles de Catal Hüyuk datent de 1980.
Par la suite, les investigations révélèrent une "vie radicalement différente de celle des chasseurs-cueilleurs" des époques évoquées plus haut.
Cette vie se signalait, entre autre, par la "promiscuité" : ces gens-là "mangeaient, dormaient, copulaient et enterraient même leurs morts" dans l'espace de leurs maisons, lesquelles possédaient toutes une ouverture vers le toit que l'on pouvait atteindre grâce à une échelle. Dans un tel cadre (où personne n'était plus à l'abri des regards), on ne peut qu'imaginer une "augmentation des contraintes sociales", dont porte témoignage, d'ailleurs, la "règlementation de l'espace de chaque pièce" : morts, enfants, femmes et hommes avaient chacun, à l'intérieur de la maison, leur propre aire, "strictement séparée".
Les décorations retrouvées à Catal Hüyuk (sculptures, fresques) sont fort nombreuses, et étonnantes (pour ne pas dire énigmatiques) : têtes de taureaux et de béliers, grandes créatures reptiliennes, femme pénétrée par un pénis, seins aux mamelons remplacés par des becs de rapace, "femmes obèses assises sur des trônes".
On retrouve, au nombre des morts, beaucoup d'enfants de  dix, onze ans ou moins, ce qui renseigne sur la forte mortalité infantile, sans doute encore aggravée par le fait qu'avec l'agriculture, "les enfants devaient, par grand nombre, travailler dans les champs". Ces sociétés-là avaient besoin de faire beaucoup d'enfants (pour l'agriculture et pour pallier la forte mortalité infantile). Soumises à cet impératif, les femmes se sont mises à créer une alimentation artificielle qui leur permettait de sevrer leurs jeunes enfants plus tôt et, donc, de retomber plus vite enceintes.
Aux femmes incombait la très rude tâche de moudre le grain et de fabriquer le gruau (base de l'alimentation). Pendant ce temps-là (on le sait) les hommes "passaient de très longues heures à se reposer".
Il ne devait pas être bien drôle d'être une femme en ces temps-là. Elles devaient vraisemblablement s'occupper des champs, moudre le grain et cuisiner, accoucher de façon intensive (avec tous les dangers de mort en couches ou post-partum que cela inclut) et, bien sûr, élever leurs enfants, qu'elles voyaient mourir comme des mouches. Par des statuettes, on a la preuve que cette société standardisait les postures sexuelles : les femmes y apparaissent, en effet, placées "à quatre pattes comme des animaux d'élevage". Force est, sinon de l'admettre, mais de le soupçonner : "l'égalité des sexes avait disparu". Les hommes, désormais sédentaires, possédaient de la terre, du bétail, des maisons. La notion de possession a dû jouer un rôle majeur dans cette régression du statut des femmes que l'on soupçonne : les hommes, qui avaient désormais des biens, leurs chers biens à transmettre, voulaient être absolument sûrs de leur paternité; "les femmes pouvaient être possédées au même titre que du bétail ou une maison", elles avaient le même statut "utilitaire". D'où une nouvelle idée : le mariage, qui allait de pair avec l'invention de la propriété. Il y a de fortes chances pour que les mariages de cette époque aient été tout ce qu'il y a d' "organisés" et d ' "arrangés".
Sur les Iles Britanniques, "il faudra encore 5000 ans   pour que toutes ces notions s'établissent".
C'est dans un endroit plutôt désolé, austère, les Iles Orcades, que l'on a découvert le premier (à ce jour) habitat sédentaire de cette partie du monde. Il est construit en pierres et on le nomme "site de Scara Brae". A l'intérieur des enceintes de pierres grises, on y retrouve encore des restes de lits (en pierre eux aussi) qui devaient être matelassés de fougères et de fourrures. Venus d'Ecosse, les membres de cette "petite communauté" élevaient le mouton, cultivaient le blé et l'orge, fabriquaient et consommaient du pain et de la bière. Ils avaient certainement mis sur pied "tout un système d'alliances complexes" avec d'autres peuples plus ou moins voisins, histoire, là encore, de se préserver de la consanguinité.
On trouve, à Scara Brae, un cercle de pierres levées, le cercle de Broadgar. Ce cercle était probablement, pense-t-on, "un lieu de mariages, donc d'alliance entre deux groupes" et il y a fort à parier, selon les spécialistes britanniques, que "le mariage était au centre de toute la philosophie de cette société".
Ainsi, en guise de dernier mot, avons-nous droit à ce constat (plutôt sombre) : "la subordination des femmes a commencé il y a 5000 ans, avec la sédentarité. Elle n'a pas cessé depuis".

P.Laranco.

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