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Passage frontiere Pakistan-Iran

Publié le 09 avril 2009 par Lemondedansuncanape
Nous passons le poste frontière pakistanais pour nous retrouver côté iranien.
Tout de suite nous sommes mis à part.
Nous nous retrouvons dans le bureau du chef du poste de la douane. A nouveau, comme à l’ambassade d’Iran à Paris, nous devons laisser les empreintes de nos dix doigts. Nous n’aimons pas la démarche mais nous y plions avec amusement car nous n’avons rien à cacher et ne comptons pas commettre de délits .
Nous sommes toujours dans le Baloutchistan et certaines zones sont difficiles à contrôler. Des trafiquants de toutes sortes sévissent, avec parfois à la clé, enlèvements d’occidentaux puis demande de rançon.
Le gouvernement ne pouvant maitriser tous les trafiquants a trouvé plus aisé de contrôler tous les voyageurs.
Nous ne sommes alors, plus libres de nous déplacer à notre gré et devons attendre une escorte militaire pour nous rendre à Zahedan, la ville la plus proche.
Quarante minutes plus tard, débarque dans le bureau un jeune militaire que nous devons suivre. Nous prenons alors tous trois un taxi.
Après avoir montré nos passeports à un premier fonctionnaire, puis un second, puis le chef de poste c’est maintenant le militaire qui veut les voir. Il les prend et les garde.
Nous roulons une dizaine de kilomètres avant de faire une halte dans une caserne située en bordure de route, juste après un barrage routier. Notre militaire disparait quelques minutes pour finalement ne jamais revenir. Il est remplacé par un de ses clones qui nous demande à nouveau nos passeports.
Nous reprenons la route à travers le désert.
Arrivés à Zahedan notre escorte nous dépose dans une autre caserne où nous devons attendre quelque chose que nous ignorons toujours.
Une bonne heure plus tard on nous demande de monter dans la voiture de police avec trois policiers.
Au moment d’ouvrir le coffre pour y mettre nos sacs je tombe nez à nez avec un fusil énorme et leur fait signe qu’ils ont oublié ça dans le coffre. Hilarité générale. Le fusil est mis en lieu sûr et nous démarrons.
Il ne nous est pas possible de rester dans la ville. Interdiction formelle. Zahedan est une ville isolée tendance ultra conservatrice, non loin de l‘Afghanistan et du Pakistan. L’esprit clanique y est encore très fort et les conflits ne se règlent pas forcément devant un tribunal mais à coup de fusil. Les femmes et les petites filles dès le plus jeune âge portent le long tchador noir qui tombe jusqu’aux chevilles. Il y fait une chaleur accablante et la lumière crue du soleil se reflète méchamment sur les murs en terre claire de la ville.
Notre escorte doit nous mener directement à la gare de bus pour quitter la ville. Nous venons de faire dix sept heures de bus dans le désert coté pakistanais et un moment de répit aurait été le bienvenu mais les militaires ne nous laissent pas le choix, trop dangereux disent-ils.
Dans la voiture l’ambiance est bon enfant. Je m’amuse à mettre une de leur casquette sur la tête pendant que l’un deux me pique mes lunettes de soleil pour les tester.
Nous faisons à nouveau une pause en pleine ville. Nous attendons les motards qui doivent nous ouvrir la route car après c’est plus dangereux.
Une fois les motards arrivés nous repartons vers le terminal de bus où à nouveau un militaire nous demande nos passeports.
Sympathique il nous offre un thé pendant qu’il découvre notre nationalité. Ensuite il nous accompagne jusqu’au guichet pour nous réserver un ticket de bus pour Shiraz.
Le billet acheté il nous accompagne ensuite jusqu’au bus et ne nous lâche qu’après nous avoir fait monter dedans.
Les bus iraniens n’ont rien à voir avec ceux que nous venons d’utiliser pour arriver là. Il s’agit de gros bus Volvo pour la plupart, modernes et confortables. La richesse du pays se ressent immédiatement à la qualité de ses routes. Finies les pistes caillouteuses et poussiéreuses. Devant nous s’étale le long ruban noir qui nous mènera après une bonne quinzaine d’heures à l’une des villes les plus fameuses du pays, Shiraz.
Mais avant cela nous devons encore montrer notre passeport au premier mais certainement pas le dernier, barrage routier.
Face à ce barrage routier à la sortie de Zahedan une question me vient en tête. Combien de fois ai-je dû montrer mon passeport depuis que nous sommes partis de Quetta ? J’ai l’impression qu’on ne me l’a jamais autant demandé. Pour en avoir le cœur net je décide de m’énumérer mentalement toutes les demandes. Je ne m’étais pas trompé. Jamais en 24 H on ne nous avait autant réclamé nos passeport. Résultat des courses : 24 fois.
Nous avons dû, Ariane et moi, présenter 24 fois notre passeport. Soit une moyenne d’une fois par heure. Une chose est sûre, il nous était impossible de passer incognito. En revanche, nos sacs n’ont pas été contrôlés une seule fois.
Il est temps maintenant d’essayer de dormir un peu. La route est encore longue.

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