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Le concept de la lutte des classes ?

Publié le 16 octobre 2007 par Slovar

Le concept de la lutte des classes ?Depuis un certain temps, les syndicats de salariés planchent avec les organisations d'employeurs sur des adaptations du droit social pour semble t-il mieux s'intégrer dans la mondialisation. Ces rencontres ont pour but de faire aboutir le projet de modernisation du marché du travail proposées par ces organisations d'employeurs.


De semaines en semaines, la presse nous révèle l'évolution des négociations ou du moins, la liste des révendications des organisations et confédérations d'employeurs.

Quelles sont les plus récentes ?

Le Medef a proposé vendredi 12 octobre une refonte complète du système d'assurance chômage. Il demande la création d'un régime de base d'indemnisation du chômage "ouvert à tous les demandeurs d'emploi et financé par la solidarité nationale", donc l'impôt, auquel s'ajouterait un régime d'assurance obligatoire prélevé sur le salaire, comparable aux Assedic.

Le montant de l'allocation complémentaire devrait correspondre, dans la limite d'un plafond, à un pourcentage de l'ancien salaire, indépendant du montant de l'allocation de base. cumulées, les deux allocations constitueraient un revenu de remplacement qui ne devrait pas dépasser un pourcentage à déterminer de l'ancien salaire d'activité. Au chapitre du suivi de la recherche d'emploi, le patronat propose que l'offre valable d'emploi tienne compte de l'ancienneté dans le chômage du demandeur d'emploi, de son expérience, de sa formation et des formations qui lui seraient offertes, de son ancienne rémunération et de son lieu de résidence.

En clair: Transférer sur le budget de la nation (en partie celui des salariés) une partie des cotisations patronnales. On notera également la notion de "plafond" que nous retrouverons plus bas.

Très en verve, les négociateurs on ensuite proposé que :

La période d'essai serait allongée. Elle serait suivie d'une période de validation économique avant l'embauche définitive. Pendant ces deux périodes, l'employeur pourrait se séparer du salarié moyennant des indemnités plafonnées dont le montant progresserait avec la durée. Une fois l'embauche définitive réalisée, il serait possible aux salariés et à l'employeur de se séparer " à l'amiable ", moyennant là aussi des indemnités plafonnées. Le salarié licencié aurait ensuite accès à une assurance-chômage réformée et bénéficierait d'un accompagnement renforcé pour retrouver un emploi, notamment grâce à la fusion ANPE-Unedic en cours.

Il est bien entendu que le montant des indemnités des licenciés serait affecté au budget de l'état si l'on suit bien le MEDEF. On noetra aussi que le plafonnement est une constante dans les demandes des organisations d'employeurs. Il faut ajouter que du modèle nordique de " flex sécurité", les français risquent de ne conanître que l'aspect "flex" compte tenu de l'état actuel des finances de la France . En tout cas, "la patate chaude" est repassée à l'état.

Mais qu'est ce c'est que ce patronnat qui prend ses salariés pour des bêtes à cornes ?

L'entreprise est-elle redevenue un lieu de lutte des classes ? Il est incroyable, alors que la très grande majorité des salariés du privé se battent quotidiennement aux côtés des employeurs pour faire fonctionner les entreprises de constater que les seules contre parties qui leur soient offertes ne reposent que sur des économies ou des mesures de précarité.

Plusieurs chefs d'entreprises qui sont de grands amateurs (et financiers) de sport au point de confier leurs stages de motivations à des coachs de sports collectifs ou des navigateurs solitaires feraient bien de se demander à quoi ressemblerait une équipe à laquelle on appliquerait cette technique du toujours moins.

Motivation, c'est le maitre mot qui n'apparaît jamais dans les négociations, déclarations ou communiqués récents. Si l'on prend au pied de la lettre les deux propositions citées plus haut, on pourrait imaginer que seules des mesures de précarisation et d'économies sur les idemnités dues en cas de rupture de contrat de travail sont élevées au rang de motivants !!!

Les ouvriers, employés ou cadres qui font vivre au quotidien les entreprises méritent mieux que ce langage de déclassement. En utilisant à loisir cette technique d' "à minima" les organisations d'employeurs ne cherchent-elles pas à faire comprendre que l'entreprise n'est plus une composante de la communauté nationale mais une sorte de machine de guerre qui exige de s'en exonérer ?

Cherche t-on à créer des générations de salariés "jemenfoutistes" ? On se demande bien pourquoi des salariés promis à l'éternelle précarité trouveraient la moindre motivation ? Ne sacrifie t-on pas l'esprit d'entreprise sur l'autel idéologique ?

Pourquoi avoir fait l'impasse sur l'extension de l'épargne salariale à l'ensemble des salariés sans obligation de seuil proposée il y a peu par Jean Louis BORLOO et Gérard LARCHER alors en charge du travail et de l'emploi ?

Pourquoi ne pas envisager de mettre en place de véritables dialogues d'entreprises dans lesquels les salariés volontaires (et appointés comme des actionnaires) pourraient par leurs idées ou réflexions valoriser certaines tâches et améliorer la productivité ? Alors que l'on parle de plus en plus plus de la responsabilité des entreprises dans le cadre du développement durable et que cette notion donne lieu à des dialogues avec des parties prenantes comme les ONG, les collectivités locales et les salariés, le dialogue dans la majorité des entreprises française n'a jamais été aussi insignifiant.

Pourquoi ne parler que des salariés avides de privilèges et capables des pires faignantises (cf. les contre visites médicales privées)

Pourquoi fustiger la durée du travail alors que la très grande majorité des entreprises sont en panne de carnet de commande ?

Pourquoi demander à prolonger la durée de cotisation alors que le taux d'emploi des plus de 50 ans est le plus faible d'Europe ?

Pourquoi faire croire que la disparition des procédures de licenciement ferait reculer le chômage alors qu'aujourd'hui (à condition d'indemniser le salarié) licencier n'est pas un problème ?

En fin de compte, l'analyse est simple : Les salariés et leurs "sur protections" seraient responsables de tous les problèmes économiques de la France.

Ce n'est pourtant pas l'avis de Liêm Hoang-Ngoc économiste et maître de conférences à Paris I-Panthéon Sorbonne

"Le taux d'épargne français est l'un des plus important du monde occidental " grâce " aux politiques ayant organisé la redistribution des revenus en faveurs des ménages à hauts revenus et donc à forte propension à épargner. Les entreprises du CAC 40 disposent de fonds propres pour s'endetter et investir. Elles bénéficient de marges d'autofinancement importantes, compte tenu de l'importance des profits qu'elles réalisent (100 milliards d'euros en 2006). Elles en consacrent malheureusement une part substantielle au versement de dividendes aux nouveaux rentiers. Une autre part est destinée aux achats et rachats d'actions qui alimentent la bulle spéculative ... / ... La pression de la rentabilité conduit ces entreprises à se restructurer, à comprimer l'emploi et les salaires, à réduire leurs commandes en directions des PME sous-traitantes qu'elles mettent en concurrence avec celles des pays à bas coûts. Pour survivre, les PME sont sommées par leurs donneuses d'ordre de baisser leurs prix et donc de comprimer leurs coûts pour préserver leurs marges. La déflation salariale généralisée accentue la perte de pouvoir d'achat des salariés ... / ..."
Et ça, beaucoup de salariés le savent. Alors, pourquoi ne pas mettre fin à ce monologue idéologique qui, loin de faire avancer les choses, contribue à dégrader l'esprit d'entreprise chez les salariés ?

La compétition mondiale ?

Un texte de l'institut de l'histoire sociale positionne bien le débat de l'implication des salariés

Extrait

"Le débat n'est pas celui de savoir s'il faut ou non " moderniser ", mais de préciser, de débattre et d'agir sur la finalité de cette modernisation, stratégies de profit soumises de plus en plus aux critères de rentabilité ou recherche d'une efficacité économique et sociale fondée sur les besoins sociaux ? ... / ...

La situation appelle des propositions hardies, novatrices, alternatives, résultant d'un débat et de concertation avec les intéressés et donc en premier lieu, les salariés ... / ...

Ainsi, entre lutte pour les revendications sociales immédiates, primauté à la résistance d'une part, bataille idéologique d'autre part, il n'y aurait que fort peu de place pour l'action sur le terrain économique renvoyée au lendemain de " la rupture ". On vérifiait à cette occasion deux tendances, issue d'origines et de motivations différentes, mais convergentes : celle des dirigeants d'entreprises qui s'efforcent d'empêcher toute intrusion des salariés dans la chasse gardée de la gestion et celle de syndicalistes chez qui dominait le règne du " Vade retro Satanas " face à la gestion. Ainsi, un tabou, celui de la gestion, paradoxalement, et pour des raisons différentes, se cultive alors sur les deux rives : coté patronal et coté syndical ... / ..." Source Institut de l'histoire sociale

Car, enfin, si compétition il y a, c'est avec tout le monde qu'on doit la gagner. En tous cas, il existe une certitude : Une troupe mal nourrie et mal considérée n'a jamais gagné une bataille, à fortiori ... une guerre économique.



Sources crédits et copyright
Coulisses de Bruxelles
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/
Le Monde
Le Figaro
Wikipedia

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