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De gauche à droite : le mur du capitalisme

Publié le 01 octobre 2009 par Mister Gdec

En rediffusion (déjà publié le 30 juillet 2009), ce billet dont je suis plutôt fier… Et c’est rare. Pour une fois que je fais dans l’analyse plutôt que dans l’humeur… et la réaction !

Être de gauche,  c’est quoi ?

marinetti-Futurismo

Puisque certains m’accusent obstinément d’être davantage dans l’anathème que dans la réflexion et la profondeur (ceci dit, la vacuité idéologique et culturelle est aussi une forme de profondeur abyssale…), il m’a semblé intéressant de m’interroger sur les valeurs qui fondent mon positionnement politique, et sur ce qui, selon moi, définit ma gauche à moi.

D’aucuns, ici et là, et non des moindres (au point qu’il semble présomptueux de s’y mesurer) tentent de nous démontrer que le clivage gauche/droite serait désuet, et que ceux qui s’en revendiquent sont à jeter au grenier des choses surannées… nous refoulant ainsi commodément dans le camp des archaïsmes, comme cela est habituel dans une droite qui s’est toujours voulue plus moderne que les autres. Une référence historique et culturelle est ainsi à rechercher en écho dans le mouvement italien du futurisme et des valeurs qui l’animaient (c’est le cas de le dire), d’où l’illustration de ce billet.

Ce rapprochement qui pourrait paraître tiré par les cheveux n’est en effet pas sans ressources éclairantes quant à la situation qui est la nôtre aujourd’hui en politique… Il suffit de lire le manifeste du futurisme de Marinetti, qui se voulait si moderne, pour s’en convaincre,  et voir d’un autre œil les beaux discours des Valls, Sarkozy, et autres tenants d’une pseudo- modernité jamais explicitée… principe d’une idéologie qui se réfugie derrière un paravent de pragmatisme convenu et irréfutable.

Pourtant, jamais ces notions de droite et de gauche n’ont été aussi symboliques à mon sens d’une ligne de partage politique en termes de perception d’un projet sociétal, n’en déplaise à ses détracteurs, qui ont un intérêt stratégique flagrant à sa dissolution. Car sans mot d’ordre, pas de combat… Le flou idéologique sert à beaucoup, à droite comme à gauche, pour tenter de rassembler le maximum d’électeurs. Mais cela est un calcul à la petite semaine, la part de plus en plus importante d’abstention étant là pour le prouver, en l’absence de programme significatif clair.

Il n’est pas anodin de se pencher un tantinet sur l’origine de ce clivage, premiers instants de ce qui allait devenir une République, en Septembre 1789 : à l’assemblée nationale, les députés qui souhaitaient que le roi conserve sa puissance et son autorité se placèrent à droite de l’assemblée, et les autres, hostiles à la monarchie, favorables à la démocratie, se placèrent à gauche… Cette indication ne vous donne-t-elle pas déjà une autre perception quant au culte du chef qui prévaut à droite ? Et que notre (si petit) empereur de tous les français (sauf moi) est en train de porter à son paroxysme de manière éhontée en concentrant tous les pouvoirs, politiques, économiques et médiatiques ?

Cependant, il s ‘en est fallu de peu (selon wikipédia) pour que ce clivage prenne un autre tour : l’opposition entre montagnards et girondins, ce qui aurait peut-être rendu le débat actuel plus lisible… quelques têtes coupées après !

A brûle-pourpoint, sans trop me prendre la tête, je dirais que ce qui définit pour moi les différences droite/gauche relève d’une échelle de critères sociétaux prioritaires. Là où la droite a comme valeur transcendantale la place de dieu ou le marché (« dieu est grand et l’argent et son prophète » – Okakura Kakuso), la gauche privilégie la place de l’être humain, et l’intérêt collectif.

Comme j’y ai déjà réfléchi dans un précédent billet où j’ai tenté de me mettre dans la peau d’un mec de droite, comme m’y a invité le taulier de Back2basics, à la suite de Maxime, les autres valeurs (s’ils le pouvaient , ils les coteraient en bourse !), qui me semblent caractériser la droite française sont l’ordre, le travail et la famille, la patrie (ou la nation), et l’autorité. Pas besoin de développer pour illustrer ces substrats idéologiques, ils sont au cœur de la plupart des discours. Suffirait d’y rajouter La prédominance des intérêts économiques sur tout autre (y compris les droits de l’homme, comme l’a si bien montré l’attitude notre président lors des jeux olympiques notamment, ou les intérêts écologiques et culturels).

A ma gauche, (qui n’est manifestement pas celle de tous…), la place de la notion non pas d’égalité (personne n’est égal à personne !), mais d’équité m’apparait comme fondamentale pour garantir la paix sociale et l’intérêt collectif, autre valeur qui selon moi nous caractérise, et permettrait d’assurer notamment une redistribution moins outrancièrement inégalitaire des richesses qui ne peut que générer, à moyen terme, de la violence… La concentration des privilèges est en effet devenue bien trop évidente, et médiatiquement surexposée, là où elle pouvait paraître plus discrète autrefois.

Cependant, force est de constater que « très rares sont les responsables socialistes qui partagent leurs propres revenus ou leur fortune à soulager la misère d’autrui»… Mais ceux-ci ont tellement bien profité de l’ascenseur social aujourd’hui disparu (si tant est qu’ils soient issus de milieux populaires) qu’ils sont parvenus à un statut de classe moyenne voire aisée qui les rend bien impropres et peu crédibles à défendre d’autres intérêts que ceux de leur propre classe… d’où une certaine confusion idéologique qui ne permet pas au commun des mortels de les distinguer de responsables de l’UMP, hormis un certain vernis légèrement social… histoire de faire bonne figure, comme autrefois les dames patronnesses d’œuvres de bienfaisance… La place de la religion, à l’UMP comme à au PS n’est en effet pas anodine pour entretenir un certain flou… et une certaine proximité.

Ma gauche à moi est également davantage préoccupée de la question du logement social, et de la place que les communes (même de gauche, hélas) réservent à nos concitoyens parmi les moins aisés, surtout en période de crise. Et force est de constater à l’épreuve de certaines études, que l’on est encore loin du compte pour garantir à chacun un logement décent, dont le poids ne ponctionne pas la quasi totalité des revenus… au détriment du reste : santé, éducation, loisirs autres que bêtement télévisuels grand public, culture, retraites…

Enfin, pour tenter de faire court (les billets longs ne sont pas lus, limite fondamentale de l’exercice du blogage, qui favorise hélas la superficialité…), la tolérance envers les immigrés, les homosexuels, les populations sujettes à discrimination me semble être plus grande à gauche qu’à droite, comme le montre statistiquement le travail de Pierre Bréchon ici. Et cela sans parler outre mesure de la position des uns et des autres face à la peine de mort (il serait trop risqué de réveiller les vieux démons) dont la droite est si friande…

Je terminerai par l’évocation d’un thème central qui m’est cher. Car le socialisme est ma vraie famille. Cependant, au PS, qui ne saurait s’ accaparer l’exclusivité du terme et de sa réalité politique, deux doctrines coexistent, manifestement difficilement : le socialisme (dans ce sens là) et la social démocratie (dans ce sens ci). Ce qui nous amène à nous interroger sur la place de l’économie à droite et à gauche (la mienne) : pour moi, pas de prise de tête : soit on est pour le libéralisme et le capitalisme, profondément inégalitaires et sources de tensions sociales, de grandes injustices, de comportements anti-sociaux et allant à l’encontre de la préservation de la planète, soit on souhaite de nouvelles alternatives économiques qui replacent l’être humain au cœur du projet politique économique, comme tentent de le faire les alternatifs, les alter-éco, et ceux qui agissent en faveur de l’économie sociale et solidaire.

Vous avez donc à présent une partie des éléments de nature à vous positionner d’un côté ou de l’autre de la ligne, rouge ou jaune. A vous de choisir votre camp.

Pour ce qui me concerne, c’est tout vu :

images

et maintenant, un peu d ‘émotion… de gauche ?


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