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La route - Cormac McCarthy

Par Pierreh66
La route - Cormac McCarthy
La Route est le roman de Cormac McCarthy qui a gagné le prix Pulitzer en 2007, celui-là même qui a vu un de ses romans porté à l’écran : Non, ce pays N’est pas pour le vieil homme (No country for old men) et être Oscarisé en 2008 comme le meilleur film de l’année. Noté que La Route sera aussi porté au cinéma, il devrait sortir au États-Unis le 16 octobre prochain.
Le roman est un récit post-apocalyptique dans lequel l’auteur nous amène ses deux personnages, le père et le fils, dans une longue marche à travers des villes des États-Unis, dévastées, incinérées, déshumanisées par un incident qu’il nous est jamais dévoilé, mais que l’on devine aisément. Un Road Story dans lequel l’homme et le petit (c’est comme ca que le père et le fils sont nommés en tout temps) sont en cavale vers le sud et que leurs soucis quotidiens se limitent à trouver de quoi manger, boire, se réchauffer et se mettre à l’abri des intempéries et des hostilités. Dans une Amérique dépeinte en toile de fond comme un désert de poussière, de brume grise, parsemée de vestiges d’une ancienne vie disparue à jamais, où des groupuscules de survivants errent ici et là dans la déchéance et la réalité d’un monde sans lendemain où l’hommerie offre son visage le plus brut, le plus animal. L’épine dorsale de son roman, un paysage décrit avec une prose teintée de poésie. Comme une toile de peinture amorphe qui n’a que ses couleurs pour éblouir.
Ai-je aimé ce roman ? Je répondrai plus tôt par : Je n’ai pas détesté. Je me ferai certainement traité d’inculte, mais ce genre d’écriture et de récit ne me convainc pas. Il y a certes une perception d’originalité dans le concept, une poésie dans la légèreté de l’écriture, un sentiment de compassion qui flotte, nous laissant attendrie par la relation père-fils mais cela est bien peu pour soutenir une histoire comme celle-ci. L’auteur a choisi de juxtaposer des mêmes scènes l’une après l’autre, parsemées de dialogues enfantins et simplistes entre les deux protagonistes. Certain diront que c’est là tout le charme de l’œuvre. Je n’ai donc pas été envoûté par la flûte du « Fakir » McCarthy. Le fait est que si vous disséquiez tous les paragraphes, que vous les mélangiez dans un chapeau et que vous les reprenez pêle-mêle au hasard, le récit resterait le même. Méchant tour de force. Est-cela le charme ? Le truc ? La magie ? J’en doute.
Aussi, un roman nous montrant un père qui se voue corps et âme pour garder son fils en vie, qui dédie chaque minute de son existence à protéger, soigner, border et cacher l’horreur à son fils bien-aimé. Ce sont ces points qui ont charmé plusieurs lecteurs et qui me laisse pantois. Dans un monde où il faut se battre pour rester en vie, en tant que père, moi j’aurais plutôt montré à pêcher à mon fils au lieu de lui apporter du poisson. McCarthy, lui, propose plutôt un père qui materne, qui lave les cheveux de son fils de 10 ans et qu’il ne tuerait pas un chien pour manger, quitte à y laisser sa peau. Un Charles Ingalls de la fin du monde. Voilà l’un des ingrédients qui parfume le plat du jour. J’ai sauté ce repas.
Quelques scènes ont retenu mon attention. Une, entre autres, dans laquelle le père découvre des humains entassés dans un sous-sol délabré et qui attendent leur tour pour passer à l’abattoir et servir de repas pour ses hôtes. Du cannibalisme décrit avec juste assez de soupçon pour laisser imaginer le pire. McCarthy aurait du garder cette plume pour tout son récit et j’aurais encensé ce roman. Vraiment dommage qu’il est emprunté un autre chemin.
Finalement, tout le long du récit, une question me brûlait l’esprit et j’attendais cet avènement qui n’est jamais venu. Dans un monde où l'on peut accepter le cannibalisme comme moyen de survie, et dans la continuité que l’auteur nous répète à coup de marteau dans la tête que le père est prêt à tout pour garder son fils vivant, la question éternelle est restée muette. Le père qui se meurt, qui offre son corps à son fils pour survivre. La question se posait. La réponse, elle, ne compte pas, l’acceptation non plus et la description de la scène aurait été inutile. Mais, la question aurait dû se poser pour un roman qui se voulait comme tel. L’auteur n’a vraiment pas effleuré le sujet. Pourquoi? Pour garder le charme et laisser ce roman à son étiquette, l’horreur noire peinte en couleurs pastels.
En conclusion, ce roman est bon, original malgré une écriture simpliste. Le problème c’est la bande rouge collée tout le tour du livre avec le mot Pulitzer écrit dessus. C’est là que je n’embarque pas et qui biaise peut-être mon opinion et lui donne une saveur négative. Je vous propose donc de le lire et d’oublier ce fameux prix littéraire, peut-être aura-t-il un goût plus ordinaire. Mes commentaires sont immunisés contre la Pulitzerite et je l’assume.
L’habit ne fait souvent pas toujours le moine.

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