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Dépendances: une approche différente par les thérapies brèves

Publié le 02 octobre 2009 par Dominique Foucart

Cigarette, alcool, toxicomanie... approche différente

Cigarette, alcool, toxicomanie... approche différente

Mettre fin à une dépendance ne doit pas vous faire tomber dans une autre, tout en vous permettant de renoncer sur la durée.

Les dépendances sont des maladies. Elles revêtent un caractère physique et souvent un caractère psychologique. Si le caractère physique de la dépendance peut souvent être soigné par des produits moins toxiques (patches de nicotine, valium, metadone,…) si ces produits sont maintenus sur le long terme, ils deviennent eux aussi une nouvelle prison pour le malade. Car si il arrête son produit de substitution sans autre assistance, il risque de se retrouver démuni à la première occasion de “retomber”.

L’approche que nous développons chez Interactes est basée sur les thérapies brèves, stratégiques et solutionnistes. Elles peuvent faire appel à des techniques spécifiques comme l’hypnose, sans pour autant que cela soit d’une absolue nécessité. Ce qui les caractérise c’est leur approche par changement d’habitudes.

Vivre est une suite d’habitudes. Respirer est une habitude, manger est une habitude, répondre “bien, bien,…” quand on nous dit “Comment allez-vous ?” est une habitude. La plupart des habitudes sont là pour nous aider à survivre. Nous les avons apprises parce qu’elles nous font du bien et nous les conservons puisqu’elles “fonctionnent”. Boire un verre est agréable, fumer une cigarette nous donne un statut social. La répétition du plaisir crée l’habitude. Les neuro-sciences nous apprennent qu’une pratique répétée régulièrement pendant trois semaines devient une habitude. Il n’en faut pas plus à un fumeur ou un buveur pour devenir dépendant.

Changer, c’est remplacer une habitude par une autre habitude. Mais si une habitude peut en remplacer une autre, elle ne peut pas l’effacer. C’est pourquoi le fait d’arrêter de boire, de fumer ou de consommer des stupéfiants n’est pas en soi une solution. Il faut remplacer l’habitude non désirable par une autre, désirée et désirable. La plus grande partie du travail du thérapeute va être d’aider son patient à mettre en place un désir d’une autre habitude.

Il me semble important d’insister sur ces deux mots: “désir” et “autre”. L’absence de désir tue toute chance de changement. Un changement pour le simple “plaisir” de changer n’a aucune chance de perdurer. Et le désir de changer n’est pas une motivation suffisante pour tenir le cap, puisqu’il disparaitra dès le résultat atteint. Un désir n’a de sens que si il peut continuer à nous “tirer” plus loin, si il fuit sans cesse, tout en restant à portée de la main.

Le mot “autre” habitude est fondamental. Changer d’habitude, c’est passer d’un type d’habitude vers un autre type d’habitude. Toute l’habileté du travail thérapeutique consiste à aider le patient à trouver une forme d’habitude essentiellement différente de l’habitude qui s’est consacrée par la dépendance. C’est ainsi que passer d’une dépendance à un produit à une dépendance à un autre produit (par exemple le médicament de sevrage ou de désensibilisation) n’est pas une solution durable. Elle ne transforme pas le désir de répétition par autre chose. Le patient change de restaurant, mais il reste à bord du Titanic.

Voilà pourquoi je préfère parler d’un traitement dont l’objectif est l’indépendance (la non-dépendance) et la restauration du choix (d’arrêter, de contrôler, de faire autre chose) plutôt que d’une cure de désintoxication, qui ne correspond pas à la mise en œuvre d’un vrai choix pour le patient.


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