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Homélie 27 T.O.B 2009 – Respecter le mode d’emploi du mariage: exclusivité, indissolubilité, complémentarité

Publié le 03 octobre 2009 par Walterman
Homélie 27 T.O.B 2009 – Respecter le mode d’emploi du mariage: exclusivité, indissolubilité, complémentarité

Le Livre de la Genèse contient en fait deux récits de la création. Le premier nous offre une vue aérienne. C’est le récit qui nous est le plus familier, celui qui rapporte les six jours pendant lesquels Dieu se contente d’une parole toute simple pour créer les différentes composantes de l’univers.

Le deuxième récit se focalise davantage sur la création de l’homme et de la femme. C’est un commentaire haut en couleurs de la parole : "Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance ; homme et femme il les créa". Ce deuxième récit est un enseignement sur un aspect parmi les plus beaux de la vie humaine : la sexualité.

Pour comprendre le sens de la sexualité, nous devons être très attentifs à ce que Dieu nous dit, à ce qu’il nous enseigne, car l’une des premières conséquences du péché originel est d’introduire un désordre dans les relations entre les deux sexes. Dans notre monde où règne le péché, ce désordre est présent plus que jamais, entraînant des confusions, des souffrances, et des problèmes à grande échelle.

Le sujet est tellement important aux yeux de Dieu que les Evangiles mêmes nous rapportent le commentaire personnel de Jésus lui-même de ce passage de la Genèse. Dans sa conversation avec les Pharisiens que nous venons d’entendre dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus met l’accent sur les vérités fondamentales au sujet de notre sexualité. Dans un monde sécularisé, où la culture populaire est de moins en moins chrétienne, il est urgent de réentendre ces vérités fondamentales, d’abord pour nous-mêmes, pour nous aider à résister aux séductions et aux tentations qui nous assaillent dans ce domaine, mais également pour les autres, ceux qui nous entourent, et qui n’ont pas la chance d’avoir la foi catholique et de connaître le dessein de Dieu sur la sexualité humaine dans toute son ampleur. Nous avons à rendre témoignage.

Regardons donc les trois caractéristiques de ce dessein. La première chose que Dieu nous enseigne au sujet de la sexualité, c’est qu’elle est bonne ; elle fait intrinsèquement partie de son dessein d’amour sur nous, êtres humains. Au cours des premiers siècles du christianisme, une des menaces les plus persistantes pour la vie de l’Eglise était l’hérésie. Les hérésies étaient des enseignements qui concordent avec la doctrine chrétienne sur la plupart des points, mais qui étaient en contradiction avec le véritable enseignement du Christ sur un ou deux autres suets importants. L’une des hérésies les plus pernicieuses était le gnosticisme.

Le gnosticisme était dualiste; il enseignait qu’il y avait deux dieux, l’un bon, l’autre mauvais. Le ‘bon dieu’, selon les gnostiques, était un pur esprit. C’est lui qui a créé nos âmes. Le mauvais dieu, appelé Démiurge, serait à l’origine de toutes les choses matérielles et il aurait emprisonné nos âmes spirituelles dans des corps matériels. Selon cette vision, tout ce qui est matériel est mauvais, seules les réalités spirituelles sont bonnes. Vous pouvez imaginer les conséquences de cette hérésie pour le mariage et la sexualité humaine. Le mariage était considéré comme un péché, et toute pulsion ou activité sexuelle serait intrinsèquement mauvaise. Les gnostiques niaient évidemment aussi  la doctrine de l’incarnation et la validité des sacrements, car cela impliquait des choses matérielles comme faisant partie du plan de salut que Dieu voulait mettre en œuvre.

Cette hérésie était particulièrement dangereuse car on s’en prévalait très adroitement pour justifier tout genre de complaisance envers soi-même. Après tout, si nos corps sont tout juste des prisons pour nos âmes, sans être vraiment connectées avec notre véritable identité, alors ce que nous en faisons n’a pas vraiment d’importance. Ainsi, les Gnostiques non seulement interdisaient et méprisaient le mariage, c’était aussi la porte ouverte à la promiscuité et à toute autre déviation sexuelle. En ce sens, cette hérésie se retrouve dans notre culture populaire qui, dans le domaine de la sexualité, encourage les gens à suivre leur instinct, quel qu’il soit.

Le Gnosticisme a toujours été condamné très énergiquement par l’Eglise. Le monde matériel n’est pas mauvais ; il provient de l’intelligence et du cœur de Dieu. Le corps humain, et la sexualité qui en fait partie, n’est pas mauvais ; il fait partie de ce que nous sommes en tant qu’êtres humains, créées par amour à l’image et à la ressemblance mêmes de Dieu.

Voilà donc la première chose que Dieu veut que nous comprenions au sujet de la sexualité humaine comme étant un aspect très beau et puissant de son projet.

La deuxième vérité que Dieu veut nous montrer au sujet de la sexualité est qu’elle est déterminée par deux sexes distincts. Quand Dieu crée les être humains, il les crée homme et femme. Cette structure fondamentale de la complémentarité ressort très fortement de la première lecture. Eve, contrairement aux autres animaux, est créée à partir de la côte d’Adam, au même niveau qu’Adam, partageant sa propre dignité. Eve est beaucoup plus qu’un animal de compagnie, une chose, un objet à utiliser. Elle aussi est une personne, créée à l’image de Dieu, tout comme Adam. Adam a besoin de cette relation avec une autre personne pour atteindre son propre accomplissement.

Et pourtant, Eve est différente, femme et non pas homme. Ainsi, si Adam et Eve sont égaux en dignité, ils sont complémentaires sexuellement. Il y a quelque chose en Eve qui complète Adam, et il y a quelque chose en Adam qui complète Eve. Cette complémentarité, nous pouvons tous la reconnaître, nous faisons tous l’expérience de la force d’attraction très mystérieuse que nous ressentons pour le sexe opposé. Au cours des dernières décennies, des études psychologiques ont essayé de clarifier cette complémentarité. Elles ont identifié des caractéristiques au niveau de la biologie, de l’émotion, de l’intelligence et même de la chimie, mais la plénitude de l’explication échappera toujours à la science parce qu’elle est plus profonde, spirituelle.

Donc, si Dieu a créé la sexualité dans la complémentarité entre les deux sexes, comment devons-nous comprendre l’homosexualité ? C’est une question importante aujourd’hui. Des lois, des blogs, la télévision et même l’enseignement public dans les écoles et les collèges veulent promouvoir l’homosexualité et la bisexualité comme étant aussi normales que l’attraction entre personnes de sexe opposé. Mais ce n’est évidemment pas la cas. Lorsque quelqu’un éprouve un attrait sexuel envers une personne du même sexe, il s’agit de quelque chose qui ne doit pas être encouragé et considéré comme normal. La plupart du temps, ces personnes ne choisissent pas d’éprouver cette attirance, et celle-ci ne constitue donc pas un péché en elle-même. Elle le devient s’il y a consentement. Mais l’attirance elle-même est un désordre, puisque notre sexualité est, selon le dessein de Dieu, déterminée par la spécificité des deux sexes : " au commencement de la création, il les fit homme et femme".

L’homme et la femme sont supposés devenir des époux, mari et femme ; créés pour être complémentaires, et être le noyau d’une nouvelle famille. Cet enseignement de Jésus est mal vu aujourd’hui. Même des catholiques pensent que ce n’est pas juste, que cela condamne des personnes qui ont des tendances homosexuelles à être rejetés par la société.

Mais cela est faux. Dans beaucoup de cas, les tendances homosexuelles peuvent être diagnostiquées comme étant le résultat de conflits non résolus dans le développement psycho-social de la personne. Dans ces cas-là, une thérapie "réparative" a montré son efficacité pour rétablir des pulsions sexuelles normales.

Mais même dans les cas où les tendances homosexuelles sont profondément ancrées et qu’une thérapie n’obtient que des résultats très limités, cette personne est toujours aimée de Dieu, appelée à une vie de sainteté en amitié avec le Christ et un travail fécond dans le monde et l’Eglise. Une vie de célibataire dans la chasteté parfaite n’équivaut pas à une condamnation à la misère et au désespoir. Avec la grâce de Dieu, quelqu’un peut alors vraiment s’épanouir, comme le prouvent tant et tant de personnes consacrées tout au long de l’histoire.

Mais quand quelqu’un choisit librement d’ignorer l’enseignement du Christ lui-même en donnant libre cours à ses pulsions homosexuelles, il aboutit inévitablement à la frustration et au désenchantement. Il peut éprouver temporairement une sorte de réconfort sentimental, mais ne pourra finalement trouver la paix du cœur qu’en suivant le projet de Dieu au lieu de le rejeter. L’enseignement du Christ sur l’homosexualité n’est donc pas cruel, au contraire ! Il est vérité qui rend libre.

La troisième vérité essentielle que Dieu veut nous enseigner au sujet de la sexualité humaine concerne notre manière d’en user. Les deux premières vérités nous enseignent ce qu’est la sexualité. La troisième est en rapport avec la manière dont nous devons la vivre. L’intimité sexuelle, dans le dessein de Dieu, a une finalité réelle, spécifique : elle est un langage d’amour entre époux. En d’autres mots, c’est une manière de communiquer et de se donner soi-même qui est propre au mariage exclusivement, c’est-à-dire à un engagement durable entre un homme et une femme qui veulent fonder une nouvelle famille.

Voilà ce que nous dit la Genèse :

“A cause de cela, l'homme quittera son père et sa mère,
il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un."

Et au cas où nous ne comprendrions pas bien, Jésus précise que cette union entre les époux est exclusive et permanente – c’est un engagement pour la vie, une aventure pour la vie entre un homme et une femme.

Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un.
Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas !

Les deux ne font plus qu’un : le mariage est entre un homme et une femme. Ils ne font plus qu’un : c’est une union de personnes, un lien qui ne peut être rompu ou interrompu, si ce n’est par la mort de l’un d’entre eux, tout comme l’enfant qui provient de cette union ne peut pas être "interrompu". Voilà ce qui fonde l’enseignement de l’Eglise au sujet du divorce et du remariage. Il est facile de méconnaître cet enseignement, estimant que les annulations sont une manière catholique de divorcer. Le divorce et l’annulation d’un mariage sont très différents. Divorcer et se remarier veut dire qu’un vrai lien marital était réellement formé, ensuite rompu, et qu’un autre lien est formé. Une annulation est la reconnaissance que du fait que, dès le point de départ, il y avait un obstacle à la formation d’un lien marital, si bien que l’union sponsale des personnes n’a jamais été réalisée. Dans ce cas, la personne est libre de se marier, de réaliser une union permanente et exclusive avec quelqu’un d’autre.

Bien que le Seigneur appelle certains à un mariage spirituel avec lui-même dans l’Eglise, la majorité de ses enfants sont appelés au mariage et à la vie de famille. Dans ce monde déchu, et parce que nous sommes tous blessés par le péché et assaillis par les tentations, il n’est pas facile de réaliser pleinement la vocation au mariage. Beaucoup sont tentés de d’expérimenter l’intimité sexuelle avant de prendre l’engagement du mariage – c’est le péché de fornication, du sexe avant le mariage. Une fois le mariage accompli, les époux sont tentés de rompre l’engagement du mariage, d’être infidèles, soit en commettant l’adultère, soit aussi en étouffant le véritable amour par un égoïsme rampant.

Mais Jésus nous rappelle que les personnes mariées ne sont pas condamnées à dépendre uniquement de leurs propres forces dans le combat pour la chasteté conjugale : "ce que Dieu a uni...", dit-il… Le Père Patrick Peyton, qu’on a appelé le prêtre du Rosaire, a passé beaucoup d’années à Hollywood dans divers ministères pour promouvoir de vraies familles catholiques. C’est lui qui a inventé le slogan bien connu : "La famille qui prie ensemble, reste ensemble". Voilà la vérité : Jésus sait que construire un mariage et une famille sains et saints dans un monde où règne le péché est une entreprise qui dépasse les forces humaines. Mais si nous construisons sur lui comme fondation, en faisant de la prière et des sacrements notre pain de chaque jour, alors lui-même nous guidera. Avec lui comme guide, le projet de Dieu sur la sexualité humaine n’est plus seulement un bel idéal, mais une réalité incroyablement exaltante.

En poursuivant cette eucharistie, rendons grâce à Dieu de nous avoir créés et pour nous avoir révélé ses projets sur la sexualité humaine, et promettons-lui de faire tout notre possible pour que ces projets puissent se réaliser, avec le secours de sa grâce.


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