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Peu d'argent pour le budget sécurité

Publié le 06 octobre 2009 par Cahri Cahri

Du non respect du port du casque au montage d’un échafaudage non conforme, le défaut de sécurité sur un chantier revêt des formes diverses. Des contrôles ont régulièrement lieu pour limiter le nombre d’accidents mais la sécurité a un prix !

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  • Peu d'argent pour le budget sécurité

Seulement une fracture au pied et un poumon effleuré par une côte. Il y a un mois à peine, un apprenti frigoriste de 25 ans a miraculeusement échappé à la mort après une chute du cinquième étage d’un immeuble en construction, dans le quartier dionysien de Montgaillard. Il n’était pas équipé d’un harnais et le balcon, comme tous ceux du bâtiment, n’était pas correctement sécurisé. Pourtant, selon les voisins, le chantier est contrôlé une fois par semaine… Qui est chargé de réaliser ce genre de vérification ? Depuis 1995, la tâche incombe à un Coordonateur de sécurité et de protection de la santé (CSPS). Jean-Marc Guillaume fait ce métier depuis huit ans. Il est responsable de la filière CSPS au sein de la société Impulsion Ingénierie. « On nous demande de gérer l’activité simultanée de plusieurs entreprises sur un chantier », explique-t-il.

923 accidents en 2007 dans le BTP

Le diplôme n’est accessible qu’à ceux disposant d’une solide expérience professionnelle dans le BTP. C’est le secteur où a lieu la majorité des accidents du travail. En 2007, 923 sur 4048 au total étaient recensés dans l’île par la Caisse générale de sécurité sociale. Il suffit de suivre un CSPS sur le terrain pour se rendre compte de la responsabilité de la tâche. A son arrivée sur le chantier de l’ilot Saint-Jacques, dans la rue Maréchal Leclerc à Saint-Denis, Jean-Marc Guillaume questionne un jeune étanchéiste : « Tu es tout seul sur le chantier ? Où sont les autres ? Vous travaillez sur quoi aujourd’hui ? ». Le professionnel de la sécurité localise les ouvriers des différentes entreprises de second oeuvre présentes sur le site : peintres, électriciens, monteurs d’ascenseurs,menuisiers, etc. Tout sera noté dans un registre-journal. C’est le maître d’ouvrage - commanditaire et financeur de l’opération de construction - qui emploie le CSPS. Lors de sa visite, Jean-Marc Guillaume constate la présence de débris de carreaux laissés pêle-mêle dans une pièce. A un autre étage, il manque un garde-corps au niveau de l’une des plates-formes où travaille un ouvrier. Plus loin, une porte non sécurisée donne sur le vide. « Je préfère privilégier la discussion à la sanction. Il s’agit surtout d’éduquer », tempère-t-il. Mais si les sociétés concernées ne se mettent pas rapidement en conformité et que le danger est grave et immédiat, le CSPS a le pouvoir de faire arrêter les travaux. « Mais c’est rare ». Jean-Marc Guillaume assure entre 12 et 15 missions par mois, soit environ trois chantiers par jour. Il déplore que les chefs d’entreprise viennent rarement sur le terrain. Une lacune qui se voit également dans le manque d’entrain de ces entrepreneurs à sortir le porte-monnaie. « Le budget sécurité devrait être leur première priorité ! ». Le service Prévention des risques professionnels de la CGSS multiplie de son côté les contacts pour informer les entreprises. « Nous avons aussi signé des conventions avec par exemple la Direction du travail et la Chambre des métiers », indique Alain Iglicki, Ingénieur-Conseil régional et responsable du service. Une aide financière peut également être proposée pour les sociétés souhaitant se doter par exemple d’équipements plus sûrs. Comme à la Direction du travail, la Sécu dispose aussi d’inspecteurs qui vont régulièrement sur le terrain.

Aucune protection en place

« Nous contrôlons en particulier les risques de chute ou encore les risques électriques ou d’ensevelissements ». Laurence Payet, chargée du secteur Est, se souvient d’une intervention après un accident survenu dans les hauteurs de Sainte-Clotilde. « Des professionnels étaient venus faire l’étanchéité des toitures alors que le chantier était fermé et qu’il pleuvait. Aucune protection n’avait été mise en place ». L’un des ouvriers est tombé de dix mètres. Résultat : une fracture ouverte au crâne. Si l’entreprise est en faute, le contrôleur lui demande de se mettre rapidement en conformité. Il dispose également d’un moyen de pression financier. L’entreprise peut voir le montant de sa cotisation « Accident du travail/Maladie professionnelle » augmenter lourdement. Selon Jean-Marc Guillaume, les PME sont les moins bonnes élèves en matière de sécurité, faute de budget conséquent. Crise du BTP oblige, les contrôleurs font preuve d’une certaine souplesse.


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