Je hais Bob le bricoleur

Bob le bricoleur n'est pas juste une fiction pour enfants... Bob le bricoleur existe et, pas de bol... c'est mon voisin !

Faut savoir que j'ai fait un choix de vie.  Un vrai, un grand ! Avant, ma vie c'était la capitale, les embouteillages puants du genre à risquer le décès à la moindre vitre baissée, la course effrénée à la réussite et à l'argent qui l'accompagne (de préférence, sinon "What the hell is this life"?), le stress permanent avec le portable collé à l'oreille même au volant (je sais, c'est très mal, mais vu le nombre d'heures perdues dans les embouteillages que faire Mr. l'agent ? à part relever un peu la jupe, mine de rien, dans une ultime tentative de détourner son attention en ayant pris soin de jeter, d'abord,  le dit portable sur le siège arrière...). Bref, la business woman dans toute sa pathétique splendeur... et au bord de la crise de nerfs ! Tellement à bout que j'étais, intimement, persuadée que j'allais finir par agresser quelqu'un ou moi-même, va savoir !... (syndrome du Burnout diront les bien-pensants...) Je pouvais plus saquer les idiots, ni les moralisateurs (ils sont d'ailleurs souvent en ménage avec les premiers, c'est que ça se regroupe ces petites choses là, ça se tient chaud et ça se reproduit en plus) et encore moins mon psy, à 100 € la scéance, pour m'entendre expliquer comme faire pour respirer (ça fait cher le bol d'air...grrrrr). 

Mon âme aspirait au calme, au vert, aux animaux, à la lecture au coin d'un feu, à un retour rapide et vital à de vraies valeurs...
Vu mon état d'esprit, j'aurais pu faire une émission de Delarue à moi toute seule, comme une grande : "Camille, femme d'affaire affairée, a changé radicalement de vie... alors Camille, c'est comment la campagne ?" C'est beau, Jean-Luc... Je vis, maintenant, au bord d'un étang et dans mon jardin coule une ridicule petite rivière, mais à mes yeux, elle a la splendeur du fleuve St-Laurent.
De mon salon, je vois des cygnes, se disputant le premier prix de grâce, sur fond de forêt magnifique qui m'apporte l'oxygène qui manquait tant à ma vie (c'est ici que certains doivent se dire : ouhhh la vilaine affabulatrice que voilà... si, si... la preuve en image alors...)
           La cascade de mon St-Laurent

Même si je dénote encore un peu (dans le coin la moyenne d'âge des femmes est de 115 ans...).  C'est vrai que les jupes courtes avec les bottes en caoutchouc ça te file, tout de suite, un de ces look 

Ma vie, actuelle, aurait pu ressembler à un long fleuve tranquille. Sauf que j'aurais du me souvenir que : qui dit paradis dit, fatalement, enfer...

Mon enfer à moi, aujourd'hui, c'est le gars d'en façe.

Faut savoir que, normalement, il fait ici un calme proche du tombeau.  En même temps c'est pour ça que je suis venue, aussi !

Faut savoir que mon bureau ne donne pas sur le St-Laurent mais sur la maison de Bob le bricoleur, maniant tout ce qui ressemble à un outil, tracteur, scie, tractopelle et tout autre appareil émettant le plus de bruit possible (dans mon oreille gauche dont j'ai pourtant aussi besoin pour travailler), à longueur de journée !

Je suis bien consciente qu'aimer les montages légos est typiquement masculin comme attitude.  Mais faut savoir que Bob a passé l'âge de jouer à la course de tracteurs et au playmobil tout seul, c'est un gros lourdeau qui a, joyeusement, passé les 45 ans, visiblement au chômage, intellectuellement désoeuvré et limité au point d'arriver, à grand peine, jusqu'au grognement en guise de bonjour.

ça fait perpette qu'il construit des morceaux de murs à gauche et à droite (qu'il ne termine, d'ailleurs, jamais... ), je le soupçonne de vouloir rallier la muraille de Chine.  Faut savoir que Bob est tellement rapide que ça n'arrivera pas dans cette vie puisqu'il peut rester prostré, pendant des minutes entières, à contempler une brique, peut-être avec le vague espoir qu'elle se déplace toute seule ? (c'est qu'elle sont lourdes ces petites choses là, Madame...).

Hier, malgré les trombes d'eau, il était fidèle au poste, donc presque sous ma fenêtre, à construire un nouveau bout de mur perdu entre d'immenses mottes de terre, habilé comme le tueur de "Souviens-toi l'été dernier".  Si le ridicule pouvait tuer, il serait sûrement tombé, tête la première, dans le bourbier qui est censé lui servir de trottoir.  

Enfin, c'est encore pire quand il est en short, avec la banane (très classe) à la ceinture... the monumentale beauf attitude... c'est simple, je hurle intérieurement à chaque fois que mon regard le croise...

Dans un monde parfait, si je dois vraiment endurer la reconstruction, à l'échelle, du mur des Lamentations, voilà au moins la vue dont je devrais pouvoir bénéficier pour compenser...

Lui, il lui faut de l'aide, ça se voit tout de suite qu'il a du mal...

j'aurais même pu envisager de lui filer un coup de main... ben, quoi ?  

Oui, même si le string est de très mauvais goût !

Bon, faut cesser de fantasmer... un peu de sérieux, ma vie est un cauchemar tout de même !

Faut savoir, aussi, que Bob monte sur son tracteur-tondeuse (avec la remorque accrochée s'il vous plait bien) pour aller chercher un outil oublié jusqu'à son garage et ainsi de suite à chaque oubli... 

Cri primaire 

Les 4 pauvres autres habitants de la rue en sont encore à se demander ce qu'il tente de faire... Je ne suis pas sûre qu'il le sache lui-même en définitive et c'est bien là que se situe tout le problème... 

Ma grosse question existentielle du jour (j'ai les nerfs, faut que ça sorte !) parce que j'ai l'impression d'avoir passé la journée chez le dentiste (disqueuse oblige...) : est-ce que Bob le Bricoleur surfe sur le net ?  Serait-il envisageable qu'il tombe, par hasard, sur mon blog ?  J'ai des doutes... pour lui, une souris reste, sûrement et uniquement, la bestiole qu'il tue en l'écrasant sous son talon !

Le seul point positif de cette histoire c'est qu'avant de quitter la ville pour la campagne je ne savais pas qui j'allais agresser...

maintenant... je sais...

Probable suite postée en direct de la prison la plus proche !

Allez... en hommage à Bob... 

Celui qui est arrivé jusqu'au bout de mon billet mérite tout mon respect !