Union européenne: Le "nombrilisme",voilà l'ennemi...

Le président de l'Eurogroupe appelle à "en finir avec le nombrilisme et les lamentations sur son propre sort".

(Reuters)

Jean-Claude Juncker, premier ministre luxembourgeois et président de l'Eurogroupe, a estimé jeudi 18 octobre qu'il était temps pour l'Union européenne d'en finir avec le "nombrilisme" et d'adopter un nouveau traité qui permette la mise en place d'un mécanisme efficace de prise de décisions.
"Il y aura un accord à Lisbonne, parce qu'il faut qu'il y ait un accord", a estimé Jean-Claude Juncker dans une interview à la radio Bayerische Rundfunk alors que les 27 membres de l'UE se réunissent jeudi soir au Portugal pour approuver le nouveau traité européen.
"Il faut en finir avec le nombrilisme et les lamentations sur son propre sort", a affirmé le Premier ministre luxembourgeois, ajoutant que "l'Europe doit se doter d'un mécanisme plus efficace pour la prise de décisions" alors que le monde autour d'elle évolue très vite.
La réunion de Lisbonne portera sur le traité rédigé sur la base de l'accord conclu en juin, à Bruxelles, par les dirigeants européens et destiné à remplacer la constitution européenne rejetée par référendum en France et aux Pays-Bas en 2005.
Italie et Grande-Bretagne dans la ligne de mire
Jean-Claude Juncker s'est déclaré opposé aux demandes de la Pologne qui veut des compensations à la perte de son poids relatif dans le traité et qui demande notamment que soit inscrit, dans le traité même, le compromis dit de "Ioannina", qui permet à des pays mis en minorité de geler un temps une décision prise à la majorité.
"Je ne tiens pas à ce que cette formule soit inscrite dans le traité", a-t-il déclaré.
Concernant le refus de l'Italie d'accepter moins d'eurodéputés sièges contre que le Royaume-Uni et la France dans le cadre d'une nouvelle répartition des sièges au parlement européen, Jean-Claude Juncker a estimé qu'une décision sur cette question pourrait être remise à plus tard.
"Il n'y aura pas trop de vaisselle cassée à Lisbonne si une décision n'est pas prise (à cet égard), on pourra la prendre plus tard", a-t-il estimé.
L'Italie conteste une nouvelle répartition des sièges au Parlement européen, où le nombre de députés doit être ramené de 785 actuellement à 750 à partir des prochaines élections européennes, en 2009. En vertu de la réforme envisagée, l'Italie perdrait six députés, la Grande-Bretagne cinq et la France quatre, un changement jugé "inacceptable" par Rome, qui souhaite garder un nombre d'élus similaire à celui des autres grands pays de l'UE.
De son côté, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, entend bien faire respecter certaines "lignes rouges" fixées par Londres en matière juridique, de sécurité sociale, de fiscalité ou encore de politique étrangère et de défense.
"J'espère que ce ne sera pas la bataille de Lisbonne"
Au centre des attentions, l'Italie, la Grande-Bretagne et la Pologne ont été pressées, mercredi, d'accepter un compromis sur le nouveau traité. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a également exhorté les pays de l'Union à s'entendre sur ce projet de réforme institutionnelle, qui fait l'objet de négociations depuis trois mois, lors du conseil européen informel de Lisbonne jeudi et vendredi.
"J'espère que ce ne sera pas la bataille de Lisbonne", a-t-il déclaré à Bruxelles avant s'envoler pour la capitale portugaise. "Nous avons un très bon accord sur la table, le meilleur possible. Je demande donc à tous les gouvernements d'honorer leur promesse faite en juin. Il n'y a pas de raison, par d'excuse pour ne pas parvenir à un accord."
Depuis juillet, la conférence intergouvernementale (CIG), mandatée par les Etats membres, planche sur le texte, qui prévoit notamment un nouveau système de vote au conseil européen, une extension du champ de la majorité qualifiée, un président du conseil, un "haut représentant" pour la politique étrangère de l'UE et une charte des droits fondamentaux.