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Grippe A comme suspicion

Publié le 12 octobre 2009 par Didier54 @Partages
Grippe A comme suspicionEh bien n'empêche, on le veut pas, hein, on a la tête sur les épaules, tout ça, on le veut pas, non, ça non, pas du tout, mais il n'empêche : on flippe. Comme ça. Deux mots + une lettre.
Madame a des courbatures, un coup de mou, un peu de fièvre. Pas terrible le samedi, pire le dimanche. Nous nous finissons donc pas nous retrouver chez un médecin, avec en tête l'idée qu'en deux coups de stéto, ça va vite se diagnostiquer et se régler, cette affaire. Etat grippal mais ça n'arrive qu'aux autres et dans les médias. Diagnostic fort en parapluie du praticien : voilà nous déboulons dans la nébuleuse, en plein pays de la suspicion. Suspicion de grippe A, il dit, le doc. avec un immense A.
Curieux pays, la suspicion. Toutes les infos auxquelles vous pensiez avoir échappé depuis des mois vous débarquent alors dans le bocal. Suspicion de grippe A. Ptain. C'est sérieux, quand même ! Ca craint, on peut en mourir de la grippe A. Cherchez pas la petite voix du bon sens, elle se terre.
Deux secondes avant, vous vous disiez allez, c'est rien, cette grippounette, z'étiez dans la grande confrérie des même pas peur, dans le club géant des c'est n'importe quoi tout ça, phobie, commerce et compagnie.
Deux secondes après, vous flippez. Le médecin a fait un petit cours sur le sujet, prenant un air docte et un ton posé, mais vous avez bien noté qu'il se voulait rassurant et qu'à trop vouloir rassurer, inquiétait, faisait flipper ce con-là. Comme s'il avait peur lui, derrière son masque. Ca fait drôle, un médecin qui a peur.
Si on affiche le sourire qui va bien et la rassurance qui convient, on flippe. Tout semble fait pour. Tapis rouge.On flippe comme on joue au flipper. Tic tac toum de la bille de métal qui s'explose contre la vitre et qu'on secoue comme une vitupération excessive. Bruitages divers et variés de tout ce qui est touché par la bille et les clapets. Ca clignote, ça hoche, ça met des points, ou pas. On redoute le tilt. Le game over.On prévient les proches. Et c'est assez surprenant comme tous ont des réaction bien spécifiques et qui convergent. Quelqu'un demande aussi sec c'était comment le concert. Une autre dit qu'on aurait pas dû aller voir le médecin comme ça on n'aurait pas su. Un autre estime que c'est de la connerie, tout ça. Un autre dit que comme ça, on bosse pas pendant 40 jours. Un dernier qu'il a causé avec un médecin, patati, patata.
En attendant, dans la rue, des gens font des légers pas sur le côté, après qu'ils aient aperçu madame avec son masque. Pestiféras !Drôle, quand on débarque au coeur d'une phobie collective, comme on se met à lui ressembler, à cette phobie. On sent bien que des tas de questions déboulent. Que des voiles aspirent les visages. Que les voix changent.Que ça n'arrive pas qu'aux autres. Que c'est chez vous peut-être. Drôle et donc à suivre. N'en somme qu'à la suspicion des symptômes.
Absurde ?

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