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Jean Echenoz : Je m'en vais

Par Gangoueus @lareus
Jean Echenoz : Je m'en vais
J’ai découvert cet auteur à l’occasion de l’attribution du Prix Nobel de littérature à Jean-Marie Gustave Le Clézio. Peu de temps après, ce dernier passait sur une émission littéraire La Grande Librairie de F. Busnel en compagnie de Jean Echenoz, qui sortait son dernier roman Courir consacré à l’itinéraire de vie de l’athlète tchèque Emil Zatopek. Très réservé, peut-être intimidé par Le Clézio, j’avais toutefois trouvé son intervention intéressante et je m’étais promis de d'aborder les textes cet auteur dès que l’occasion me serait fournie. J’ai eu sous la main, Je m’en vais, titre pour lequel, ce romancier a reçu en 1999 le Prix Goncourt.
Je me suis lancé avec l’avidité du lecteur émoustillé sur ce texte. L’incipit promettait une approche intéressante :
Je m'en vais, dit Ferrer, je te quitte. Je te laisse tout mais je pars. Et comme les yeux de Suzanne s'égarant vers le sol, s'arrêtaient sans raison sur une prise électrique, Félix Ferrer abandonna ses clefs sur la console de l'entrée. Puis il boutonna son manteau avant de sortir en refermant doucement la porte du pavillon.

Ferrer, le personnage principal quitte Suzanne, son épouse, sorte de mégère dont il a dû supporter les sautes d’humeur cinq années durant. Il est seul. Il lui laisse tout. Il s’en va. Il squatte, le temps de se refaire, dans sa galerie d’art qu’il tient dans un beau quartier de Paris. Son affaire tangue tant bien que mal. Son adjoint lui propose alors une affaire « en or », qui consisterait à extraire des objets d’art d’une cargaison perdue au plein cœur de pole nord d’un navire ayant échoué il y a plusieurs dizaines d’années...

En me lançant dans cette lecture, je ne sais pas trop où devait me conduire le romancier. N’ayant pas lu de commentaires sur ce texte, j’ai d’abord pensé que ce « Je m’en vais » prenait la forme d’un de ces romans nombrilistes dont foisonne la littérature française. Puis, suite au détour vers le grand nord, j’ai cru plonger dans un roman d’aventure. Ce qui n’était pas pour me déplaire. Mais finalement, ce texte me fait penser à une calzone. Les afficionados de cette spécialité de pizza apprécieront la métaphore. Creux. Comme cette pizza, décevant à coup sûr celui qui ne connaît pas cette spécialité. Le parcours de Ferrer est fait d’embûches, d’incohérences qui rendent toute possibilité d’identification improbable. En parallèle apparaissent des personnages dont on ne comprend pas trop la présence dans la construction du roman. Le dénouement de l’intrigue qui tourne autour d’une histoire d’arnaque d’objets d’art apporte une maigre consolation au lecteur que je suis qui s’est efforcé de mener cette lecture à son terme.
Jean Echenoz tente sans succès d’intervenir dans son texte. Les artifices littéraires ne prennent pas malheureusement. Chose à laquelle je fais rarement attention, les variations sur le temps du texte ne sont pas correctement assurées. Ma déception est à la hauteur de mes attentes. Bref, un mot pour dire combien, je me suis profondément ennuyé à la lecture de ce roman, et je me suis sincèrement demandé comment sur une moyenne de 700 livres à l’occasion d’une rentrée littéraire en France, ce livre a pu obtenir le Prix Goncourt. Un motif de satisfaction, toutefois, l’ambiance très lutécienne du roman, qui m’a permis d’apprécier l’attachement me liant à cette ville.
Bonne lecture.
Jean Echenoz, Je m’en vais
Edition de Minuit, 253 pages, 1ère parution 1999
Prix Goncourt 1999
Jean Echenoz : Je m'en vais
Source Photo Sandro di Carlo Darsa (http://www.sandro.tv/)
Je vous propose également d'autres critiques qui vous permettront de vous faire une idée et de relativiser mon commentaire.Littexpress (Critique enthousiaste et détaillée)L'espèce de blog a beaucoup rigoléLe coin lecture a apprécié les artifices littérairesL'enthousiasme de Pitou m'étonne et je me demande si nous avons réellement lu le même livre.Farenheit 45 partage ma lecture.Lily a apprécié ce livre.

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