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étêter la haie

Publié le 18 octobre 2009 par Desfraises

étêter la haie
Ah, les joies de la campagne... On peut tour à tour s’y ressourcer et s’y morfondre. Trop de vert, disait mon amie. Comme je la comprends, aujourd’hui. De temps en temps, quand je me rends en ville, j’annonce ironiquement à mes parents : « je vais à la ville. » Mais à la ville, j’y trouve encore l’ennui qui m’a fait fuir dès l’obtention du bac. Cette charmante petite ville de province qui m’a vu naître s’appelle Bergerac. Certes il s’y passe des choses. On pouvait récemment y applaudir le légendaire, que dis-je, le mythique Jean Roucas.
La saison culturelle ne démarre officiellement que le 17 novembre si l’on consent à parcourir les 55km qui séparent Bergerac de Boulazac où a lieu le premier spectacle. Pour ma part, j’attendrai mi-février pour en découvrir un autre : « La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute » interprété par Christian Gonon de la Comédie-Française (textes de Pierre Desproges, mise en scène d’Alain Lenglet et Marc Fayet). D’ici là, j’aurai l’occasion de savourer des châtaignes au coin du feu en regardant le dernier radio-crochet de W9 ou en tricotant des bas-de-laine.
C’est bien joli de parler de culture (ici, la culture, ce sont les vieilles pierres, le vin, la gastronomie, les vieilles pierres – je l’ai déjà dit ? –), mais la haie du fond du jardin m’attend. Prenez un ex-Parisien, mettez-lui entre les mains une grande échelle, deux rallonges électriques de 25m chacune, et un taille-haie de 4kg. Sans oublier la haie de 3 mètres de haut à étêter.
Il faut se lever tôt pour deviner mes origines paysannes. Ils se seraient bien marrés, tiens, mes métayers d’aïeux, s’ils m’avaient vu, hier, soufflant comme un bœuf, m’avançant dangereusement au milieu de la haie tandis que l’échelle tanguait, butant contre un caillou et manquant m’étaler de tout mon long, me coinçant un doigt dans l’échelle – vite un pansement pour le bobo de l’ex-Parisien. Deux heures d’exercice. Monter, redescendre pour rééquilibrer l’échelle, monter de nouveau, redescendre parce que le taille-haie s’est débranché – eh oui, si l’on tire sur la rallonge… –, monter, se pencher et allonger loin devant soi le taille-haie de 4 kilos. Et changer l’échelle de place une bonne trentaine de fois. Non sans se coincer un autre doigt et réprimer un cri de douleur – le ridicule ne tue pas mais quand même…
La taille terminée, j’empoigne la brouette pour la remplir des branches sectionnées, sous le regard placide de la chatte du jardin.
Au rapport, je marmonne à mon père :
- Euh, désolé, c’est pas hyper régulier comme taille.
- Bah, c’est pas grave, il fallait étêter, c’est tout.
Qu’il soit remercié ici pour son indulgence.

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