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Péché d’accommodement

Publié le 18 octobre 2009 par Politicoblogue
source: relie.c.free.fr

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« Se mettre à oublier c’est déjà être perdu. » Colum McCann

Lors de leur visite au Québec, Ingrid Betancourt et le dalaï-lama ont tous deux vanté la démocratie canadienne et le multiculturalisme canadien. Personne n’a remis ces concepts en cause alors que tout le monde sait que le Canada a interféré dans les résultats du référendum de 1995 sur l’indépendance du Québec et que le multiculturalisme canadien n’est rien d’autre que la continuation de la politique d’assimilation culturelle des Français d’Amérique entreprise par les Anglais :

En vérité, je serais étonné si, dans les circonstances, les plus réfléchis des Canadiens français entretenaient à présent l’espoir de conserver leur nationalité. Quelques efforts qu’ils fassent, il est évident que l’assimilation aux usages anglais a déjà commencé. La langue anglaise gagne du terrain comme la langue des riches et de ceux qui distribuent les emplois aux travailleurs. Il apparut, par quelques réponses que reçut le commissaire de l’Enquête sur l’Instruction, qu’il y a à Québec dix fois plus d’enfants français qui apprennent l’anglais, que d’Anglais qui apprennent le français. Il s’écoulera beaucoup de temps, bien entendu, avant que le changement de langage s’étende à tout le peuple. La justice et la diplomatie demandent aussi que tant que le peuple continuera à faire usage de la langue française, le Gouvernement n’use pas, pour le forcer à se servir de la langue anglaise, des moyens qui, de fait, priveraient la masse du peuple de la protection du droit. Mais je répète qu’il faudrait commencer par changer tout de suite le caractère de la province, et poursuivre cette fin avec vigueur, mais non sans prudence que le premier objectif du plan quelconque qui sera adopté pour le gouvernement futur du Bas-Canada devrait être d’en faire une province anglaise ; et à cet effet que la suprématie ne soit jamais placée dans d’autres mains que celles des Anglais. (Lord Durham)

En ce 21ème siècle, le procédé demeure le même. On fait passer le français pour une langue complexée, sans statut, et on entretient le mythe que le « l’avenir du Québec ne peut s’écrire sans l’immigration », que « l’apport culturel et économique des personnes immigrantes contribue à garder la société québécoise bien vivante » alors qu’on utilise les immigrants pour angliciser le Québec et le rendre amnésique.

Demandez à un nouvel arrivant quelle est la langue officielle du Québec, il vous dira l’anglais et le français. Demandez-lui quelle est la capitale du Québec, il vous répondra Ottawa. Demandez-lui qui sont Chevalier de Lorimier, Pierre Falardeau, Pierre Bourgault, Gaston Miron, Michèle Lalonde, Clémence Desrochers, René Lévesque, ce que représente le 15 février 1839, ce qu’est l’Action de Grâces, la révolution tranquille, il écarquillera les yeux. Ces questions ne sont pas prévues à l’examen d’admission pour l’obtention de la citoyenneté canadienne.

La langue et le passé s’effacent.

Plutôt que d’exiger, pour se réajuster, un moratoire sur l’immigration, on convient qu’il nous faut, « dans le contexte du défi démographique que le Québec doit relever », augmenter le nombre d’immigrants et se plier à leurs lubies sexistes, religieuses, alimentaires, linguistiques, vestimentaires. On initie les jeunes aux grandes religions, on force sur l’anglais, on retire le jambon des menus, on ne se souhaite plus un joyeux Noël et les policiers apprennent à ne pas regarder les gens dans les yeux pour ne pas leur voler leur âme.

Dans la course à la mairie de Montréal, aucun des candidats n’évoque l’anglicisation de la ville, son taux de chômage, les frictions entre gangs, les heures de piscine réservées aux femmes. Ce qui retient l’attention, mis à part les nids de poule, est l’unilinguisme de Louise Harel laquelle, « with team », promet un « restart ».

Dans quinze ans, vingt ans d’ici, nous ne parlerons plus notre langue. Nous n’aurons plus la mémoire de nos ancêtres. Notre Histoire sera une histoire parmi tant d’autres. Lors du Moulin à Paroles, sans doute rebaptisé, des textes en français seront lus mais compris de personne. Quelqu’un, à l’exemple de Ghislain Picard, dira (en anglais) : « Notre seul péché aura été de consentir à quelques accommodements raisonnables » et sera applaudi.

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