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Stephen « La grande noirceur » Harper

Publié le 19 octobre 2009 par Jclauded
Maurice Duplessis a été un grand premier ministre du Québec. Il a su défendre bec et ongles l’autonomie provinciale et obtenir une décentralisation fiscale du gouvernement centralisateur qui régnait à Ottawa. C’est René Lévesque qui a reconnu l’apport important de Duplessis à sa province en récupérant sa statue cachée mesquinement, durant de longues années, par le gouvernement libéral de Jean Lesage dans les entrepôts du gouvernement pour la faire installer à une place d’honneur près du parlement de Québec.
Duplessis était un nationaliste, un patriote mais il était surtout un « fin renard » et un politicien hors pair et c’est à cause de ces attributs qu’il a su se maintenir au pouvoir durant plus de seize ans. Il comprenait l’électeur et savait lui proposer des politiques que ce dernier pouvait comprendre et qui collaient à la réalité du moment. Son organisation électorale faisait tout pour gagner même si certaines de ses actions pouvaient être illégitimes et immorales. Elle profitait du fait que, dans ce temps-là, les lois électorales n’étaient pas très sévères. Plusieurs de ses adversaires et observateurs politiques du temps ont qualifié cette période de celle de la « grande noirceur » de la politique au Québec.
Aujourd’hui, je regarde aller le PM Canadien Stephen Harper et je reconnais un environnement similaire à celui qui existait du temps de Duplessis. Voici quelques exemples:
1. Harper a permis que ses députés remettent dans leur comté des subventions gouvernementales sous la forme de chèques non pas identifiés avec le nom « Gouvernement du Canada » mais avec le logo du Parti Conservateur du Canada (PCC) et signés par ces députés comme si cet argent venait des fonds du parti. Duplessis n’aurait pas fait mieux !
2. Les fonds gouvernementaux spéciaux votés par le parlement pour des travaux d’infrastructures afin de contrer la crise économique sont principalement attribués aux comtés où un député conservateur a été élu. Les autres comtés, niet ! Du vrai Duplessis, qui disait aux électeurs du comté de St-Maurice, « vous voulez un pont, alors votez Union Nationale ».
3. Les annonces de ces subventions sont faites par le PM Harper lors de réunions publiques organisées partout au pays et où seuls des Conservateurs sont invités. Et, cela même lorsque les travaux se réalisent dans des comtés de députés d’autres partis. De plus, il n’invite pas les représentants du gouvernement provincial si le parti au pouvoir dans la province concernée est un adversaire politique. Seuls les Conservateurs ont droit aux feux de la rampe ! On se penserait dans le temps de l’Union Nationale de Duplessis.
4. Harper et ses députés prétextant « un stimulant économique sélectif » distribuent aussi des chèques, à gauche et à droite, pour toutes sortes d’activités sociales, culturelles ou sportives et le tout est teinté de partisannerie politique. Pourtant, il avait promis, suite au scandale des commandites, de ne jamais répéter cette façon de faire des libéraux d’antan. L’Union Nationale, pavait un rang de terre ou l’autre dépendant de la couleur politique des cultivateurs de ce rang ou, encore, offrait des « frigidaires » à des familles pauvres en besoin si elles votaient du bond bord !
5. Harper accepte que des contrats sans soumissions publiques soient octroyés par son gouvernement à ses partisans, comme il vient de le faire pour une étude sur l’avenir du pont Champlain pour laquelle le contrat a été accordé à une firme d’ingénieurs dont le vice-président au développement des affaires est un sénateur conservateur canadien nommé par Harper. Par hasard, le sénateur a démissionné de sa firme dix jours après l’octroi du contrat de 1,4 millions. La machine de patronage de Duplessis fonctionnait de la même façon.
6. Harper a déclenché récemment un blitz publicitaire sur ces réalisations dans le but de se vanter et de promouvoir ses députés et son parti, au moment où de nouvelles élections fédérales devenaient probables. Cette campagne, qui a coûté cinq fois plus cher que la campagne éducationnelle sur la grippe H1N1, a été payée par le gouvernement canadien. Je ne me rappelle pas que Duplessis ait utilisé des fonds publics pour fins de publicité pour son parti.
7. Harper a nommé des incompétents et des partisans enragés au Sénat canadien pour la simple raison qu’ils sont des Conservateurs. Duplessis faisait de même avec ses nominations au Conseil législatif.
8. Le PCC a forcé les compagnies de lobbyistes à changer leurs intervenants auprès du gouvernement par des Conservateurs et imposer que ces firmes propagent favorablement les politiques gouvernementales dans leur lettre mensuelle à leurs clients. Le seul lobbyiste de Duplessis était Gérald Martineau qui était aussi le trésorier de l’Union Nationale.
9. Les nouveaux juges nommés à ce jour par Harper étaient membres ou sympathisants du Parti Conservateur. Duplessis faisait de même.
10. Comme Duplessis, Harper comprend que les électeurs veulent surtout que leurs problèmes immédiats soient réglés. C’est beau de parler de grands programmes d’environnement, de santé, d’éducation, de culture, de pauvreté, de productivité, des aborigènes, ou encore de guerres et de problèmes internationaux, mais Harper sait que la masse des Canadiens ne s’intéresse pas vraiment à de tels enjeux. C’est la raison pour laquelle il n’essaye pas de susciter de grands débats sur ces sujets importants.

Je dis souvent que la politique est un commerce d’images et d’illusions. Harper a compris cela et c’est une des raisons de sa montée récente dans les sondages qui coïncide avec sa prestation musicale récente (qui était télévisée) lorsqu’il a joué du piano et chanté un succès des Beatles avec un orchestre symphonique national. Il a très bien fait et tout d’un coup, Harper est devenu pour les électeurs un gars « le fun » contraire à ce qu’ils pensaient.
De plus, la crise économique a obligé Harper à changer son fusil d’épaule en proposant des investissements majeurs afin de relancer l’économie. Cela l’aide beaucoup dans l’esprit des électeurs qui y voient une nouvelle image d’un Harper plus compréhensif, contraire à celle du passé qui laissait percevoir un Harper et ses acolytes réformistes comme des politiciens indifférents aux problèmes des petits et opposés à toute intervention gouvernementale dans l’économie du pays. Duplessis, aussi conservateur, faisait comme le Harper d’aujourd’hui et son gouvernement investissait le plus possible dans la construction d’écoles, d’hôpitaux, d’universités et, entre autres, dans des projets de bien-être social, le crédit agricole...
Harper est-il un nouveau Duplessis ? Sûrement pas, mais on peut dire que ses « politicailleries » récentes ressemblent étrangement à celles du « cheuf » de l’Union Nationale et le surnom « la grande noirceur » pour Stephen Harper me semble de plus en plus appropriée.
Claude Dupras

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