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La voix du feu - Alan Moore

Publié le 21 octobre 2009 par La_liseuse

La voix du feu - Alan Moore

Etant toujours plongée dans la lecture envoûtante de Dracula de Bram Stoker, je remonte des profondeurs de ce blog, une lecture que j'aimerais de nouveau mettre en lumière. Dernièrement, Papa Fredo en a fait une chronique et même si ce n'est pas un livre de genre fantastique, La voix du feu d'Alan Moore comporte de nombreux éléments qui fleurtent avec le surnaturel. Voyez plutôt !



La voix du feu
Calmann-Lévy - collection Interstices - 2008 -  336 pages

Présentation de l'éditeur : C’est à la reconstitution d’un puzzle littéraire qu’Alan Moore, l’extraordinaire auteur des Watchmen et de From Hell, nous invite ici : celui de l’histoire de sa ville natale, Northampton. Dans chacun des douze chapitres, de - 4 000 av. J.-C. jusqu’à nos jours, la cité britannique nous apparaît à travers le regard d’un nouveau narrateur, témoin de son époque et de l’évolution d’une région qui semble condamnée à baigner entre mythe et réalité. 
Douze voix, donc, pour douze récits de vie et de mort : un simple d’esprit, abandonné par les siens, découvre l’amour et le mensonge dans le néolithique ; un chasseur médite sur la disparition soudaine des gens de son clan ; en trouvant une fausse pièce de monnaie, un envoyé de Rome prend conscience de l’imminence du déclin de l’Empire romain ; une vieille nonne visionnaire revit la mort d’un martyr ; de retour des Croisades, un chevalier fait ériger une mystérieuse église ronde dans son village ; une sorcière relate son parcours avant de finir sur le bûcher avec son amante ; un vendeur de jarretelles itinérant en instance de procès s’efforce de justifier ses penchants polygames… Jusqu’à l’auteur, enfin, qui nous expose ses réflexions et nous offre une visite guidée de la ville qui l’a tant inspiré.
  

Il est ici beaucoup question de sorcellerie, de vérité et de mensonge ; du feu, bien sûr, celui qui immole les coupables comme les victimes et par lequel se forge toute civilisation. Une réflexion inoubliable sur la versatilité du réel et sa propension à pencher à tout instant vers le surnaturel, sur la mort, l’au-delà, la réincarnation et l’immortalité, sur l’histoire enfin, inséparable compagne des mythes et des légendes.

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- Le cochon de Hob, 4000 av. J-C
- Les champs de crémations, 2500 av. J-C
- Dans les terres inondées, après 43 après J-C
- La tête de Dioclétien, après 290 après J-C
- Les saints de novembre, 1064 après J-C 
- En boitant vers Jérusalem, 1100 après J-C
- Confessions d’un masque, 1607 après J-C
- Le langage des Anges, 1618 après J-C
- Complices ès tricots, 1705 après J-C 
- Le soleil au mur semble pâle, 1841 après J-C
- J’ai toujours des jarretelles, en voyage, 1931 après J-C 
- L’Escalier d’incendie de Phipps, 1995 après J-C

Premier roman d’Alan Moore - l’auteur est plus connu comme scénariste de BD avec Watchmen, From Hell, V pour Vendetta -, La voix du feu est à la fois roman historique et recueil de nouvelles où le fantastique fait de mortelles incursions. Comme le titre l’indique, le feu est au cœur de l’histoire et point de départ vers des thèmes tels que la sorcellerie, les mythes et légendes, la vie et la mort. Le roman s’ouvre sur une introduction écrite par Neil Gaiman qui ne tarit par d’éloge sur cet ouvrage en précisant qu’il n’est point linéaire mais circulaire : « c’est un plaisir de lecture et de relecture. Commencez où vous voudrez : le début et la fin sont deux bons choix, mais un cercle commence n’importe où, comme un bûcher ». Même si ces histoires sont indépendantes, il est pourtant clair à la lecture chronologique de ce livre que ces textes sont étroitement liés par des faits récurrents se répercutant à travers les siècles.


L’histoire de Northampton - ville de naissance et de cœur de l’auteur - nous est narrée en quelques douze chapitres, 12 récits. Chacun conté par un narrateur de son temps, qu’il soit né au néolithique, dans l’antiquité, au Moyen-Age jusqu’à notre siècle où la dernière voix n’est autre que l’écrivain lui-même. Une fin qu’il écrit en 1995 sous la forme d’une synthèse, nous conviant par là même à une visite fascinante dans les rue de sa ville.
Point marquant qui peut lasser ou séduire selon le lecteur, c’est l’exercice de style entêtant qui jalonnent ces pages. (Pour ma part, perplexe au début par le style employé mais justifié, j’ai été happée par ce cercle de voix, ces sorcières, ces fous, ces victimes, ces mystiques, ces meurtriers et autres épicuriens.) L’humour y trouve aussi sa place et redonne un peu de clarté dans ce climat sombre et moite aux teintes gothiques proche de From Hell.


Chapeau bas au traducteur, Patrick Marcel qui a su brillamment traduire le premier chapitre. Ne vous laissez pas déstabiliser par cette première nouvelle narrée par un jeune simple d’esprit du néolithique au vocabulaire limité de 30 mots. C’est surprenant, un vrai tour de force, vous dis-je !
Un ouvrage ensorcelant à la fois tragique et cocasse à lire pour son originalité et cette étonnante traversée du temps.

La voix du feu - Alan Moore

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