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Petites méchancetés à la menthe

Publié le 21 octobre 2009 par Basan
WARNING : Keep away if ur are a sensitive prick!!
On dit souvent, à raison d'ailleurs, que l'enfance est un état de pureté absolu, un âge de miel irradié de bonté et débordant d'innocence. Mais à bien y regarder, on trouve certains jeunes dévrore-âmes qui ont le diable dans la peau depuis qu'ils ont été vomi par le vagin maternel. Rien ne les distingue toutefois des autres gamins : mêmes visages doux, mêmes yeux délavés et surtout mêmes parents aux petits soins. Cependant, nos tendres nains sataniques font très tôt preuve d'un calme à toute épreuve; froids et calculateurs, ils affichent le plus souvent un sourire légèrement narquois. Leurs visages semblent de cire : brillants et beaux mais au final rien de plus que de simples moules pour ces émotions qui en général viennent du cœur.
Petites méchancetés à la menthe
À la moindre calamité, les petits salauds sentent leur pouls s'accélérer alors qu'une brise malsaine balaye leurs âmes mortes. Ils se plaisent à contempler les failles humaines et se délectent des pires déchirures... Un clochard plein de merde va sur leurs prunelles mauvaises briller de mille feux et l'odeur de sa vinasse gerbeuse flatter leurs petits groins roses. Les bleus d'une femme battue reluiront dans la nuit comme la graisse d'une bonne crêpe; car nos mammons en couche-culottes ont l'appétit féroce pour les larmes et autres délicatesses amères. Quand maman pleure parce que papa fourre une autre, ils se plairont au jeu de consolation tout en rêvant déjà aux cris futurs. Oui, ils ont l'enfer dans leurs caboches blondes et le sang bien mauvais. Souvent ils se promènent d'ailleurs seuls et quand le vent se perd à caresser leurs nuques si douces, ils penses aux nombreuses feuilles que ce souffle tiède a déjà fait tomber, aux bactéries monstrueuses qu'il insufflera dans de vieux poumons fragiles et surtout aux morsures dont enfin il fleurira l'hiver.
Derrière la bûche (15 décembre 1995)
« Dans 9 jours c'est Noël ma Sarah, t'es pas contente ?
– Oui, le petit jésus va venir ici. C'est vraiment super.
– Ben fait pas cette tête alors, tu sais il aime pas les enfants tristes.
- j'ai oublié un truc sur ma liste tu sais.
- Ah bon, je croyais que la maison de poupée y était pourtant.
- C'est pas ça, je veux que papa sorte de l'hôpital.
- Bah, je peux te dire un secret alors... »
C'est par ces paroles anodines que R. fit germer la curiosité dans le cœur tout chaud de sa petite cousine. Les deux enfants étaient assis devant le grand feu de cheminée qui animait l'âtre antique et crépitante de la maison familiale. C'était une très ancienne demeure de montagne qui avait vu passer d'innombrables humains, ombres fugaces dont chaque génération faisait par ses cochonneries craquer un peu plus les boiseries antiques
R., les yeux pleins d'une excitation malsaine fit donc progressivement croire à sa couine trisomique que le petit jésus dormait derrière les flammes, juste derrière la bûche. Évidemment, il expliqua aussi que ça ferait mal d'aller le chercher, mais il fallait bien souffrir un peu pour sauver papa, après tout. Et si Sarah ne pleurait pas trop, Jésus junior serait probablement encore dans de meilleures dispositions pour accepter une modification de liste si tardivement formulée. Mais la trisomie, si elle donne un faciès de singe, ne supprime pas pour autant toute prudence et Sarah n'avait pas confiance, elle n'ignorait pas en effet que le feu pouvait faire très mal, et elle savait de plus que R. avait une maladie. Oh ! pas comme la sienne bien entendu, une maladie bien plus pernicieuse logée en fait à l'intérieur même du cœur, une horreur comparable au chocolat mentholé écœurant que son cousin s'enfilait à longueur de journée; comme un porc. D'un autre côté, elle voulait sauver son petit papa si souffrant, et maman avait d'ailleurs dit qu'à l'approche de Noël, la bonté entrait dans toutes les âmes. D'ailleurs, si son cousin R. était un peu étrange, Sarah était forcée de reconnaître qu'il savait plein de choses, et il retenait tout ce qu'il lisait sans même plisser son font tout lisse. Peut-être n'y avait-il que du vide dans ses yeux, mais sa tête était en tout cas bien pleine. Il devait avoir raison pour jésus, comme pour le reste : il avait en effet tout de suite tout suite remarqué que sa cousine était attardée, contrairement aux adultes, qui la disaient seulement "un peu plus lente".
Sarah décida donc finalement de céder aux murmures angéliquement pervers de son cousin et tendit la main vers l'antre rougeoyante du petit jésus. À mi-chemin, un crépitement sinistre se fit entendre et une brindille brûlante vint s'écraser sur Sarah, qui se ravisa soudain d'un grognement bourru. R. se mit alors à fixer la trace noire sur l'avant bras potelé de sa cousine et d'une voix infiniment triste commença à raconter comment papa gerbait son propre sang après ses séances de chimiothérapie, comment il en mettait partout dans la salle de bain et surtout sa manière de pleurer une fois la crise passée. Ah ! quel homme courageux ce papa, il n'aurait pas eu peur d'un petit bout de bois, lui. Cette petite tirade lyrique de boyaux et de vomi finit de convaincre une Sarah maintenant cramoisie de lâcheté, et c'est finalement les lèvres toutes serrées d'une simiesque détermination qu'elle plongea sa minuscule menotte coupable de tant de masturbations dans les flammes affamées. Le contact s'avéra toutefois bien vite intolérable et alors que la petite trisomique s'apprêtait à se retirer de ce brasier contenu, R. la fit basculer toute entière à l'intérieur d'un violent coup de pied au cul. Et hop ! Une grosse dinde sans cervelle dans le four, une ! pensa-t-il le sourire aux lèvres.
Les flemmes s'emparèrent alors en premier des habits synthétiques de Sarah et de ses cheveux mal lavés, pour ensuite aller faire fondre sa peau et confondre ses os ainsi déshabillés en chatouilles. L'odeur de chaire grillée était affreuse mais R. s'en fichait, fasciné par le spectacle quasi animal offert par la créature difforme qui "dansait" devant lui. C'était tribal, ça cognait dans les murs... divin aux yeux salauds de notre beau poupin. Il s'empara alors de sa boîte d'After-Eights et en engloutit deux, laissant se mêler chocolat, menthe et mort en une composition gustative qu'il jugea tout à fait intéressante. À ce moment précis, Sarah réussit en un ultime effort à extraire son bras couvert de cloques de l'âtre et R. le repoussa immédiatement à l'intérieur grâce au tisonnier en métal lourd posé devant lui, parce que comme papa disait toujours, "il ne faut pas gâcher"!
[Une deuxième méchanceté suivra, chers lecteurs...]

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